480 - Implant n° 4 du 01/11/2011
 

Implant n° 4 du 01/11/2011

 

ÉDITORIAL

Xavier
Assémat-Tessandier
  

Rédacteur en chef

Certains nombres marquent nos existences. Ainsi depuis notre scolarité, 1515 et 1789 représentent, pour un cancre, le minimum des dates à retenir. En littérature 1984, le livre d’anticipation de George Orwell, écrit en 1948, nous annonçait l’hégémonie prémonitoire d’un Big Brother surveillant nos actions ; au cinéma 2001, l’Odyssée de l’espace le film de science-fiction de Stanley Kubrick qui a révolutionné le genre à la fin des années...


Certains nombres marquent nos existences. Ainsi depuis notre scolarité, 1515 et 1789 représentent, pour un cancre, le minimum des dates à retenir. En littérature 1984, le livre d’anticipation de George Orwell, écrit en 1948, nous annonçait l’hégémonie prémonitoire d’un Big Brother surveillant nos actions ; au cinéma 2001, l’Odyssée de l’espace le film de science-fiction de Stanley Kubrick qui a révolutionné le genre à la fin des années 1960.

Depuis le mois de septembre dernier, 480 est le nombre qui préoccupe le monde de l’implantologie. 480 quoi ? s’interrogent les lecteurs qui ne sont pas encore au courant. 480 € HN. C’est le tarif annoncé pour le prix de la pose d’un implant par un centre dédié à l’implantologie. La nouveauté c’est qu’il n’est plus utile pour le patient de s’expatrier pour bénéficier de ce tarif, il suffit de rejoindre, sur les conseils de son praticien, le centre le plus proche. Car ce ne sont pas (encore ?) les patients qui sont démarchés, mais les omnipraticiens qui délèguent la chirurgie auprès de confrères « spécialistes » en chirurgie implantaire. Le but est louable, puisque leur raison d’être est « de mettre les implants dentaires à la portée de toutes les bourses… et faciliter le travail de l’omnipraticien, qui pourra se concentrer sur les actes qu’il maîtrise, sans renoncer à ses honoraires ou les voir absorbés par les actes qu’il confie aux spécialistes ». On voudrait y croire, les Implants du Cœur viennent d’ouvrir, précipitez-vous braves gens, envoyez vos patients, augmentez vos marges sur la prothèse, le message subliminal n’étant pas de réduire le coût global du traitement, mais bien de récupérer une partie des honoraires honteux des confrères posant des implants. L’association de ces centres avec pour fournisseur exclusif un des leaders du marché français des implants garantissait le sérieux du matériel utilisé, le logo et les illustrations venant conforter le praticien dans le sérieux du travail effectué. Tout ceci est trop beau pour être vrai.

Peut-on réaliser, dans le monde concurrentiel dans lequel nous sommes, la même chose à moitié prix ? Peut-on offrir le même service et la même garantie à moitié prix ? Existe-t-il un modèle managérial imparable qui permet de résoudre la quadrature du cercle ? La réponse est complexe, mais ce ne sont pas les centres dentaires municipaux des années 1980 qui montrent l’exemple, leurs déficits abyssaux les ont contraints à la fermeture. Les centres CMU privés affichent une belle réussite financière, mais c’est en pratiquant un surtraitement systématique sur le dos de la Sécurité sociale, qui paie sans contrôle. Le gratuit coûte cher à la collectivité.

Le plus inquiétant dans cette nouvelle activité de dumping en implantologie, c’est que sous couvert de bénéfice pour le patient et l’omnipraticien, on crée une suspicion vis-à-vis de confrères qui ont investi du temps en formation supplémentaire pour acquérir un savoir-faire, de l’argent pour créer un plateau technique en accord avec les exigences de sécurité. La relation de confiance établie entre confrères au fil des années pour le traitement optimal des patients ne devrait pas imploser sous les coups des fossoyeurs de nos activités libérales. Après les bars à sourire, sachons reconnaître le danger des bars à implants.