Retour sur les « International Digital Days » – IDD - Implant n° 1 du 01/02/2020
 

Implant n° 1 du 01/02/2020

 

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International Digital Days  

Tout dernièrement, s'est tenu le premier congrès international français totalement dédié au développement du Numérique dans de très nombreuses disciplines odontologiques. Un succès indéniable qui a vu le jour grâce à des passionnés particulièrement investis dans leur mission, récompensés par un public motivé venu très nombreux.

Propos recueillis par Christian Molé

Drs Jérôme Lipowicz et Marc Baranes, vous êtes les instigateurs et les maîtres d'œuvre de...


Tout dernièrement, s'est tenu le premier congrès international français totalement dédié au développement du Numérique dans de très nombreuses disciplines odontologiques. Un succès indéniable qui a vu le jour grâce à des passionnés particulièrement investis dans leur mission, récompensés par un public motivé venu très nombreux.

Propos recueillis par Christian Molé

Drs Jérôme Lipowicz et Marc Baranes, vous êtes les instigateurs et les maîtres d'œuvre de ce grand congrès international qui s'est tenu à Paris du 23 au 25 Janvier 2020. Trois magnifiques journées (selon les propos recueillis auprès des congressistes) entièrement dédiées à des thématiques sur la dentisterie numérique, et en particulier l'implantologie et la prothèse ; avec des présentations animées par des conférenciers talentueux, leaders dans leurs domaines respectifs, venus des quatre coins de la planète. Les inscrits ont également pu bénéficier de nombreuses sessions de travaux pratiques et de mise en œuvre des techniques « tout-numérique ».

Quel a été l'élément moteur de ce grand rassemblement de compétences ?

J. LIPOWICZ : L'enseignement en dentisterie numérique s'installe doucement dans notre pays. Il existe de très belles formations privées et universitaires, les rencontres Aria de Lyon, et quelques rendez-vous internationaux, mais aucun grand congrès mondial dédié au digital ne s'est encore produit sur le sol français. Après un premier congrès national consacré seulement à l'implantologie assistée par ordinateur ("Planifiez !" en 2018), toujours motivés par le partage, nous avions immédiatement envie de rassembler des leaders d'opinion venus du monde entier, mais en couvrant cette fois d'autres disciplines que l'implantologie : la prothèse bien sûr, mais aussi la chirurgie orale, l'esthétique, l'orthodontie, l'occlusodontie. Un congrès international, c'est non seulement l'occasion de faire connaître les talents de notre pays à des participants venus du Chili, d'Afrique du Sud, du Japon ou d'Australie, mais nous souhaitions également inviter des conférenciers reconnus qui venaient pour certains pour la première fois en France !

Ce congrès va-t-il rester un évènement d'exception ou bien prenez-vous d'ores et déjà date pour de nouvelles éditions ?

J. LIPOWICZ : À l'heure où nous écrivons ces lignes, le programme 2022 est déjà sur les rails. Avec une première journée riche en travaux pratiques et plus de 500 participants pour les deux journées de conférences, la demande pour une nouvelle édition s'est faite forte dès le lendemain par toutes les parties prenantes. Nous garderons la signature parisienne qui séduit bien sûr les praticiens étrangers, mais continuerons en tant que pays hôte à promouvoir des conférenciers français qui font traditionnellement honneur aux nouvelles technologies.

À l'issue de ce congrès, en considérant l'attrait aux différentes certaines sessions, quelles sont selon vous les premières évolutions numériques attendues en pratique libérale au quotidien ?

M. BARANES : Le numérique s'est installé depuis de nombreuses années dans les laboratoires de prothèse avec la CFAO et il semble aujourd'hui indispensable dans l'ergonomie d'un cabinet moderne avec l'intégration de l'empreinte optique. D'autres technologies permettent d'affiner le diagnostic et de pré-visualiser les résultats des traitements proposés. L'ensemble de ces outils devient de plus en plus accessible, par exemple pour la réalisation d'un scanner facial qui ne requiert qu'un smartphone et une application. Si des évolutions en termes de qualité de production et d'intelligence artificielle sont à prévoir à court terme, c'est indéniablement l'accessibilité en termes de coût et de facilité d'utilisation qui attend les praticiens avec la multiplicité des solutions d'empreinte, d'impression 3D et de logiciels de smile design.

Selon vous, 2020 va-t-elle marquer un virage important vers la fin de l'empreinte d'arcade dentaire aux matériaux ?

M. BARANES : Le scanner intra-oral n'est pas un simple gadget, il permet de communiquer de façon plus efficace avec les patients et les laboratoires. Il ne permet pas de gagner du temps mais de travailler différemment. Il ouvre d'autres perspectives de traitements et aussi une chronologie de traitement différente. Cependant, il est encore nécessaire d'évaluer la précision de ces empreintes et particulièrement les empreintes d'édentés complets sur implants. Nous attendons encore plus d'études sur les dernières générations de caméras présentées à l'IDS 2019 de Cologne. Il faut enfin continuer à former les praticiens alors que de nombreux professionnels du secteur s'accordent sur le faible taux de pénétration du numérique en France, avec à peine 5 % de cabinets équipés.

Selon vous encore, la pose d'implants avec recours à des guides chirurgicaux issus du numérique va-t-elle prendre encore de l'essor : dans quelles proportions, pour quelles indications ?

J. LIPOWICZ : Avec l'ensemble des évolutions des logiciels de planification et l'essor des imprimantes 3D, il semble aujourd'hui indispensable d'avoir recours aux guides chirurgicaux stéréolithographique particulièrement dans les situations d'extraction/implantation immédiate et les restaurations d'édentements complets. Là aussi, les coûts baissent significativement et le nombre de fabricants de guides croît chaque année. Mais l'essor le plus intéressant semble venir de la chirurgie naviguée, qui profite de certaines lacunes des guides statiques, et qui pour nous, à l'Académie de Chirurgie Guidée, est en passe de devenir un véritable complément, non une alternative.

Maintenant, la parole au président du congrès. Dr. Laurent Sers, vous avez accepté et assumé avec un enthousiasme passionné la présidence de ce premier grand congrès international en France. Une tâche oh combien passionnante, mais qui a vraisemblablement dû représenter un véritable défi personnel. Tous les conférenciers ont été judicieusement choisis en raison de leurs connaissances pointues des techniques numériques, et de leur intégration sans faille au quotidien dans leur exercice clinique, mais aussi en fonction de leurs talents de communicants. Ils ont tous passionné l'auditoire qui est resté nombreux sur toutes les sessions, malgré un programme particulièrement chargé. Chacun y est allé de son take home message, dont un leit-motiv semble aller vers un consensus : le numérique n'est seulement là aujourd'hui pour simplifier les procédures cliniques, et il ne fait pas forcément gagner du temps (c'est même parfois le contraire...). Mais il apparait comme incontournable pour supprimer les actes conventionnels les plus difficiles ou aléatoires (pour le patient comme pour le praticien) et surtout pour améliorer de façon certaine la qualité des données diagnostiques ou thérapeutiques ainsi que la reproductibilité des procédures cliniques et des résultats à long terme.

Comment s'est opéré le choix des conférenciers ? Par connaissances personnelles au cours d'échanges et de rencontres professionnelles, par leurs publications, par leurs prestations dans des congrès précédents ?

L. SERS : Tout d'abord je tiens à remercier Jerome et Marc de m'avoir fait confiance pour cette mission passionnante : faire un programme scientifique international sur le thème du numérique multidisciplinaire. Toutefois celui-ci s'est naturellement construit en échange et partage avec eux ; et c'est au travers d'un désir commun de proposer ce qui se fait de mieux en technologie digitale, qu'une line up de speakers internationaux de qualités est imposée.

Pour certains des valeurs incontournables de la dentisterie numérique, pour d'autres des relations amicales et professionnelles de longues dates ou de belles rencontres lors de différents congres internationaux.

Étant Vice-Président de la « Computer Aided Implantology Academy » et membre de la « Digital Dentistry Society », Jerôme étant lui aussi « board member » de la DDS, le support de ces deux sociétés internationales de dentisterie numérique nous a permis d'avoir une vraie lisibilité sur le monde des technologies digitales contemporaines.

Il nous est aussi apparu nécessaire d'intégrer un panel de speakers français ayant une vraie expertise dans ce domaine.

Enfin je tiens à remercier tous les industriels qui nous ont fait confiance et nous ont accompagné sur ce projet.

Il n'est pas forcement simple de convaincre des leaders situés parfois à des milliers de kilomètres de Paris, de faire le déplacement en France pour une première tentative de congrès à retentissement au départ non déterminé. Quels ont été vos arguments « chocs » pour les convaincre de venir participer à ce très grand rassemblement de compétences, dans un pays qui n'a pour l'instant pas le vent en poupe sur le « tout numérique » ?

L. SERS : À mon grand étonnement, tous les speakers ont répondu présent spontanément.

Il n'y a pas eu d'arguments chocs si ce n'est de participer au premier congrès français international sur cette thématique. Le numérique est en plein développement et évolue rapidement. Être en contact avec cette technologie dans tous les domaines de notre pratique, nous positionne avec le futur de notre métier, inévitablement. La demande de formation ne peut que croitre dans l'avenir.

Personnellement, et en quelques mots que retiendrez-vous de ce premier congrès IDD ?

L. SERS : Une vraie satisfaction tant sur le plan professionnel qu'humain. Tous les intervenants de cet événement nous ont fait part de leur enthousiasme tant sur le niveau scientifique des différentes conférences que sur l'organisation du congrès.

Ce fut une réelle réussite en termes de partage de connaissances et de confraternité.

Il ne nous en fallait pas moins pour rebondir et nous investir d'ores et déjà pour l'IDD 2022.