L'implantologie, comment ? - Implant n° 4 du 01/12/2000
 

Implant n° 4 du 01/12/2000

 

Éditorial

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

Après avoir considéré le « pourquoi » de l'implantologie (Implant 2/2000) et à qui elle est destinée (Implant 3/2000), je souhaiterais aborder ce trimestre le troisième volet de l'essentiel de l'implantologie : le « comment ».

Si un consensus s'est établi autour des conditions d'exercice de l'implantologie, le choix du système implantaire est souvent réalisé par le praticien selon des critères anatomiques, techniques ou parfois économiques. L'un des...


Après avoir considéré le « pourquoi » de l'implantologie (Implant 2/2000) et à qui elle est destinée (Implant 3/2000), je souhaiterais aborder ce trimestre le troisième volet de l'essentiel de l'implantologie : le « comment ».

Si un consensus s'est établi autour des conditions d'exercice de l'implantologie, le choix du système implantaire est souvent réalisé par le praticien selon des critères anatomiques, techniques ou parfois économiques. L'un des critères qui n'est pratiquement jamais pris en compte est la diffusion du système ou son ancienneté.

Si on se réfère à une revue implantaire d'il y a dix ou quinze ans, on peut être surpris par le nombre de systèmes qui n'existent plus, soit parce que leur commercialisation a été arrêtée, soit parce que leur distributeur, notamment pour certains systèmes étrangers, ont disparu. Dix ou quinze ans après leur pose, des implants ostéointégrés remplissent encore leur rôle de pilier prothétique et, parfois, l'usure de la prothèse qu'ils supportent ou la modification du contexte buccodentaire du patient nécessitent de remplacer ou de modifier la prothèse. Il est alors indispensable de pouvoir se procurer les pièces nécessaires à l'élaboration de la nouvelle prothèse et il est difficile d'expliquer à un patient que ses implants sont obsolètes, que le système a disparu et que la seule solution est de laisser en l'état ou de déposer les implants qui n'ont d'autres défauts que de ne plus être disponibles. De même, l'universalité d'un système et sa diffusion planétaire sont, à mon sens, des critères essentiels au choix d'un système implantaire. Il est particulièrement rassurant de savoir que son patient peut être dépanné - ou de nouveau restauré - dans n'importe quel pays du monde grâce à la fiche technique de l'accastillage utilisé pour la restauration de son édentement. Il suffit pour s'en convaincre de voir le soulagement d'une Australienne, d'un Japonais ou d'un Argentin en déplacement à des milliers de kilomètres de leur praticien traitant et dont le problème est réglé dans mon cabinet aussi simplement que dans leur pays d'origine, au lieu de s'entendre dire : « Je ne peux rien faire pour vous, je ne connais pas le système qu'on vous a posé ».

Quant à l'ancienneté d'un système, certains praticiens pensent qu'il est indispensable pour paraître à la pointe de leur profession de pratiquer la toute nouvelle méthode chirurgicale, de poser le tout dernier implant sorti dont la surface expérimentale est parée de toutes les vertus souhaitées. N'oublions pas la nécessité de la preuve expérimentale par des études multicentriques à moyen et long terme, qui sont moins fréquentes qu'on ne l'imagine. En effet, une étude récente indique que sur une cinquantaine de systèmes implantaires commercialisés, seuls 8 d'entre eux présentent un support scientifique satisfaisant. C'est relativement inquiétant et il semble raisonnable qu'en pratique privée, le praticien laisse aux équipes de recherche clinique le soin de valider les nouveautés sur des patients informés et traités au sein de structures adéquates. C'est l'assurance d'une pratique efficace de l'implantologie, qui limite les risques pour le patient sur le court et le long terme, sachant que les piliers implantaires ostéointégrés ont une durée de vie beaucoup plus longue que ce qu'on imaginait il y a quinze ans. C'est pourquoi je préfère, en tant que praticien-prothésiste, travailler sur de bons implants que sur de mauvaises dents.