Les maladies parodontales sont-elles un facteur de risque pour les femmes enceintes en Afrique ? Revue de littérature - JPIO n° 1 du 01/03/2020
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 1 du 01/03/2020

 

Le point de vue de la SFPIO

N.T. Koffi-Coulibaly   Z.A.D. Pockpa   D. Koné   X. Struillou   A. Soueidan  

Introduction

Les maladies parodontales sont des pathologies immuno-inflammatoires d'origine infectieuse qui entraînent une atteinte superficielle (gingivite) ou profonde du parodonte (parodontite) (Philstrom et al., 2005). Elles résultent d'une réponse inadaptée de l'hôte en présence d'un biofilm bactérien parodontopathogène chez des individus plus susceptibles (Kinane et al., 2017). Elles touchent une grande partie de la population...


Résumé

Résumé

Depuis une vingtaine d'année, il est suggéré qu'au sein de certaines populations, les maladies parodontales sont un facteur de risque de survenue des accouchements prématurés, des nouveau-nés de faible poids et des prééclampsies. Cette revue de littérature avait pour but d'évaluer l'impact potentiel des maladies parodontales sur les résultats obstétricaux de femmes enceintes vivant en Afrique où une forte prévalence des parodontites sévères est rapportée.

Une recherche électronique a été effectuée dans les bases de données suivantes: Medline, Cinahl (cumulative index to nursing and allied health literature) et Google scholar. Elle a été complétée par une recherche électronique dans les archives de la revue internationale du Collège d'odontostomatologie Africain et de chirurgie maxillo-faciale (COSA-CMF). Les publications d'études épidémiologiques et interventionnelles portant sur l'association entre les maladies parodontales et les issues défavorables de la grossesse ont été sélectionnées. Seuls les articles originaux d'études cliniques (essai contrôlé randomisé ; étude de cohorte ; étude cas-témoins, étude transversale) publiés en anglais ou en français ont été retenus. La dernière recherche a été effectuée le 30 juin 2018.

À partir des 530 articles identifiés, 7 articles ont été retenus pour cette revue de littérature. Il s'agit d'études réalisées au Sénégal (2 études), en Tanzanie (1 étude), au Rwanda (1 étude), à Madagascar (1 étude), en Ouganda (1 étude) et au Nigeria (1 étude). Il ressort de cette étude que 4 études sur les 7 retenues ont confirmé qu'au sein de leur population, les parodontites représenteraient un facteur de risque significatif de survenue d'accouchements prématurés et de nouveau-nés de faible poids. Cependant, trois études n'ont pas mis en évidence l'existence d'un tel lien.

En Afrique, les femmes enceintes ayant des parodontites pourraient présenter jusqu'à 4 fois plus de risque d'accouchements prématurés et/ou de nouveau-nés de faible poids par rapport au femmes enceintes au parodonte sain.

Introduction

Les maladies parodontales sont des pathologies immuno-inflammatoires d'origine infectieuse qui entraînent une atteinte superficielle (gingivite) ou profonde du parodonte (parodontite) (Philstrom et al., 2005). Elles résultent d'une réponse inadaptée de l'hôte en présence d'un biofilm bactérien parodontopathogène chez des individus plus susceptibles (Kinane et al., 2017). Elles touchent une grande partie de la population mondiale (Borell et al., 2005). En l'absence de traitement, les maladies parodontales peuvent aboutir à une perte définitive des dents et/ou avoir une influence négative sur l'état de santé général (Kinane et al., 2008).

Offenbacher et al. (Offenbacher et al., 1996) ont publié pour la première fois que les femmes enceintes atteintes de maladies parodontales avaient 7,5 fois plus de risque d'accouchement prématuré de nouveau-né de faible poids par rapport aux femmes ayant un parodonte sain. Cette observation a suscité un grand intérêt au sein de la communauté scientifique. En effet, plusieurs études ont recherché l'existence de liens entre les maladies parodontales et les issues défavorables de grossesse (Agueda et al., 2008 ; Dasanayake et al., 2008 ; Jeffcoat et al., 2011 ; Boggess et al., 2013 ; Nabet et al., 2014 ; Nezahat et al., 2015 ; Basha et al., 2015 ; Martinez-Martinez et al., 2016 ; Soucy-Giguere et al., 2016 ; Meqa et al., 2017 ; Fogacci et al., 2018). Celles-ci ne sont pas toutes unanimes sur l'existence d'une telle association (Agueda et al., 2008 ; Dasanayake et al., 2008 ; Jeffcoat et al., 2011 ; Boggess et al., 2013 ; Nabet et al., 2014 ; Nezahat et al., 2015 ; Basha et al., 2015 ; Martinez-Martinez et al., 2016 ; Soucy-Giguere et al., 2016 ; Meqa et al., 2017 ; Fogacci et al., 2018). Ces divergences seraient liées à l'hétérogénéité des méthodes d'investigations (type d'étude, type de variable, critères de jugement) (Costa et al., 2009). Elles seraient également dues à la spécificité de chaque population étudiée (susceptibilité intrinsèque aux maladies parodontales, politique de santé) (Wandera et al., 2009). Cette revue de littérature a pour but d'évaluer l'association entre les maladies parodontales et les résultats obstétricaux de femmes enceintes vivant en Afrique où une forte prévalence des parodontites sévères est rapportée (Kamagaté et al., 2001 ; Baelum et al., 2002).

Matériel et méthode

Stratégie de la recherche

Une recherche électronique a été effectuée dans les bases de données suivantes : Medline, Cinahl (cumulative index to nursing and allied health literature) et Google scholar. Les publications d'études épidémiologiques et interventionnelles portant sur l'association entre les maladies parodontales et les issues défavorables de la grossesse ont été sélectionnées. La combinaison de plusieurs mots clés a été effectuée : (« periodontal diseases » ou « periodontitis, dental » ou « gingival ») et (« pregnancy » ou « pregnancy outcomes » ou « adverse pregnancy outcome » ou « birth » ou « preterm » ou « premature » ou « premature birth » ou « low birth weight » ou « preeclampsia »). Puis une recherche électronique dans les archives de la revue internationale du Collège d'odontostomatologie Africain et de chirurgie maxillo-faciale (COSA-CMF) a été réalisée. La dernière recherche a été effectuée le 30 juin 2018.

Sélection des études

Cette revue de littérature a inclus toutes les études transversales, cas-témoins, des études de cohorte et essais cliniques qui répondaient aux critères ci-dessous :

Critères d'inclusion :

→ articles publiés en anglais ou en français depuis 1996 ;

→ études réalisées sur le continent africain ;

→ critères d'évaluation du statut parodontal clairement définis.

Critères de non-inclusion :

→ études animales ou in vitro ;

→ articles publiés dans une autre langue que l'anglais ou le français ;

→ articles hors du contexte de recherche ;

→ revues de littérature, revues systématiques, méta-analyses ;

→ études réalisées en dehors du continent africain ;

→ critères d'évaluation du statut parodontal non clairement décrits.

La figure 1 résume le processus de sélection des articles. Après lecture des titres et résumés, 515 articles ont été exclus parce qu'ils ne répondaient pas à tous les critères d'inclusion. La lecture complète des 15 articles restants a permis d'exclure 8 articles. En définitive, 7 articles ont été inclus pour réaliser ce travail (Sembène et al., 2000 ; Mumghamba et al., 2007 ; Rakoto-Alson et al., 2010 ; Africa et al., 2010 ; Muwazi et al., 2014 ; Soroye et al., 2015 ; Cissé et al., 2015) (fig. 1).

Résultats

Entre 2000 et 2015, 7 articles ont été publiés sur la recherche de lien entre les maladies parodontales et les issues de grossesse en Afrique. Il s'agit d'une étude interventionnelle (Soroye et al., 2015) et de six études épidémiologiques dont deux études transversales (Sembène et al., 2000 ; Muwazi et al., 2014), trois études cas-témoins (Mumghamba et al., 2007 ; Africa et al., 2010 ; Cissé et al., 2015), une étude de cohorte (Rakoto-Alson et al., 2010). Ces études ont concerné au total 2100 femmes, recrutées en ante ou postpartum vivant au Sénégal (Sembène et al., 2000 ; Cissé et al., 2015), en Tanzanie (Mumghamba et al., 2007), au Rwanda (Africa et al., 2010), à Madagascar (Rakoto-Alson et al., 2010), en Ouganda (Muwazi et al., 2014) et au Nigeria (Soroye et al., 2015).

La première étude a été conduite en 2000 au Sénégal (Sembène et al., 2000). Elle s'est intéressée au lien potentiel entre l'état parodontal de la mère et le poids du nouveau-né à partir d'une étude transversale. Un total de 133 femmes postpartum, âgées de 15 à 39 ans ont été recrutées. Leur statut parodontal a été évalué à l'aide de l'indice parodontal communautaire des besoins en traitement (CPITN). Les dents indiciaires pour l'examen clinique étaient : la 17 ou 16, la 11, la 26 ou 27, la 36 ou 37, la 31, la 46 ou 47. Le relevé du poids du bébé à la naissance s'est fait à partir des registres d'accouchement ou des carnets de santé. Les auteurs ont constaté que les femmes qui avaient un score CPITN plus élevé étaient plus susceptibles d'avoir des nouveau-nés de faible poids. Cependant, aucune association statistiquement significative n'a été mise en évidence dans ce travail (Sembène et al., 2000).

En 2015, toujours au Sénégal, Cissé et al. (Cissé et al., 2015) se sont également intéressés au potentiel lien entre l'état parodontal et le poids du nouveau-né. Ils ont réalisé une étude cas-témoins incluant 387 femmes, examinées 24 h après leur accouchement. Deux groupes ont été constitués : d'un côté, les mères dont le poids du nouveau-né à la naissance était inférieur à 2 500 g (groupe test, 129 femmes) et d'un autre coté les mères dont le poids du nouveau-né à la naissance était supérieur ou égal à 2 500 g (groupe témoin, 258 femmes). Un sondage partiel du parodonte a été réalisé en évaluant uniquement les incisives et les premières molaires maxillaires et mandibulaires. Le diagnostic de parodontite a été basé sur la présence d'au moins deux sites ayant une perte d'attache de plus de 3 mm et une profondeur de poche d'au moins 4 mm. La mesure du poids des nouveau-nés a été réalisée avec une balance pour bébé par une sage-femme. Les proportions de mères atteintes de parodontites étaient de 70,6 % dans le groupe test et de 33 % dans le groupe témoin. Les auteurs ont mis en évidence que le risque d'avoir un nouveau-né de faible poids à la naissance était significativement augmenté de 4,45 fois si la mère présentait une parodontite [OR = 4,45 (2,3 – 5,7) ; p = 0,00013] (Cissé et al., 2015).

En 2007, en Tanzanie, Mumghamba et al. (Mumghamba et al., 2007) ont réalisé une étude cas-témoin pour évaluer le lien potentiel entre les maladies parodontales et les issues défavorables de grossesse en considérant l'âge gestationnel et le poids du nouveau-né comme seul paramètre obstétrical. Un échantillon de 373 femmes dont l'âge variait entre 14 et 44 ans ont été examinées 1 à 40 jours après leur accouchement. Deux groupes ont été constitués : dans l'un, se trouvaient les mères dont l'âge de la grossesse était inférieur à 37 semaines d'aménorrhée (SA) et dont le poids du nouveau-né à la naissance était inférieur à 2500 g (groupe test, 150 femmes). Dans l'autre groupe, se trouvaient les mères dont l'âge de la grossesse était supérieur ou égal à 37 SA et dont le poids du nouveau-né à la naissance était supérieur ou égal à 2500 g (groupe témoin, 223 femmes). Toutes les patientes ont reçu un sondage parodontal sur six sites par dent au niveau de toutes les dents présentes en bouche sauf les dents de sagesse (sondage parodontal complet). Le diagnostic de parodontite a été confirmé lorsqu'il y avait au moins un site avec une profondeur de poche supérieure ou égale à 4 mm et lorsque l'indice de saignement au sondage était supérieur ou égal à 30 %. Selon les auteurs, aucun lien significatif n'a pu être démontré entre un mauvais état parodontal et l'accouchement prématuré d'un nouveau-né de faible poids (Mumghamba et al., 2007).

En 2010, Rakoto-Alson et al. (Rakoto-Alson et al., 2010) ont réalisé la première étude de cohorte. Elle avait pour but d'évaluer l'influence des maladies parodontales, sur le poids du nouveau-né et l'âge gestationnel. Pour ce faire, ils ont recruté 204 femmes enceintes malgaches âgées de 18 à 38 ans qui étaient entre 20 et 34 SA. Avant l'accouchement, un sondage parodontal complet a été réalisé. Le diagnostic de parodontite s'est basé sur la présence d'au moins trois sites avec une profondeur de poche supérieure ou égale à 4 mm. La prévalence des parodontites était de 23,1 %. Après l'accouchement, les données obstétricales ont été recueillies. Ils ont rapporté que les parodontites étaient significativement associées aux accouchements prématurés (p < 0,001), aux faibles poids de naissance (p < 0,001) et aux accouchements prématurés de faibles poids de naissance (p < 0,01) (Rakoto-Alson et al., 2010). À notre connaissance, cette étude est la première à avoir démontré clairement l'existence d'un lien entre les maladies parodontales et la grossesse en Afrique.

En 2014, en Ouganda, Muwazi et al. (Muwazi et al., 2014) ont également porté leur recherche de lien entre les maladies parodontales et les issues défavorables de grossesse en considérant l'âge gestationnel et le poids du nouveau-né comme seul paramètre obstétrical. À partir d'une étude transversale multicentrique, le statut parodontal de 400 femmes âgées de 18 à 45 ans a été évalué 1 à 2 jours après l'accouchement par deux examinateurs calibrés. Un sondage partiel du parodonte a été effectué sur 6 dents indiciaires : 16,11, 26, 36, 31 et 46. Dans ce travail, les auteurs ont posé le diagnostic de parodontite en présence conjointe de saignement au sondage, de tartre, de poches parodontales d'au moins 4 mm et de récessions gingivales. Les données obstétricales ont été extraites à partir des dossiers médicaux. Ils ont enregistré une prévalence de 38 % de parodontites. Une association significative a été trouvée uniquement les recessions gingivales et les nouveau-nés de faibles poids (p = 0,017).

Au Rwanda, Africa et al. (Africa et al., 2010) ont recherché un potentiel lien entre la présence de bactéries parodontopathogènes et la survenue d'accouchement prématuré de nouveau-nés de faible poids (APNFP) à partir d'une étude cas-témoin. Deux groupes ont été référencés : d'un côté, les femmes ayant accouché à moins de 37 SA et dont le poids du nouveau-né était inférieur à 2 500 g (groupe test, 100 femmes) ; d'un autre côté se trouvaient les femmes dont l'accouchement s'est effectué à 37 SA ou plus et dont le poids du nouveau-né était supérieur à 2 500 g (groupe témoin, 100 femmes). Des prélèvements bactériens ont été recueillis dans les 24 h qui ont suivi chaque accouchement. Puis, dans chaque groupe, l'expression de six bactéries parodontopathogènes a été recherché par la réaction en chaîne par polymérase (PCR ou polymerase chain reaction). Il s'agit de Porphyromonas gingivalis, Tannerella forsythia, Treponema denticola, Prevotella intermedia, Fusobacterium nucleatum et Aggregatibacter actinomycetemcomitans. Aucune association significative n'a été mise en évidence entre la présence des bactéries parodontopathogènes et les accouchements prématurés de nouveau-nés de faible poids (Africa et al., 2010).

La seule étude interventionnelle a été réalisée en 2015 au Nigeria (Soroye et al., 2015). Elle a concerné 423 femmes enceintes âgées de 18 à 34 ans, recrutées entre 10 et 26 SA. Après avoir renseigné un questionnaire, un examen clinique du parodonte a été effectué. L'état du parodonte a été évalué à l'aide de l'indice d'hygiène oral et le CPITN. Puis, en fonction du statut parodontal et de la nature de l'intervention, les participantes ont été scindées en trois groupes : groupes Test, Contrôle 1 et Contrôle 2. Les patientes du groupe Test présentaient des parodontites. Elles ont reçu des conseils d'hygiène bucco-dentaire (HBD), un détartrage et surfaçage avant l'accouchement. Les patientes du Contrôle 1 présentaient également des parodontites. Elles ont reçu des conseils d'HBD, un détartrage et surfaçage après l'accouchement. Les patientes du groupe Contrôle 2 ne présentaient pas de parodontites. Elles ont reçu uniquement des conseils d'HBD. Les prévalences des maladies parodontales, des accouchements prématurés et des faibles poids de naissances étaient respectivement de 33,38 %, 12,5 % et 12,1 % au sein de tout l'échantillon. Par rapport au groupe Test, les prévalences des accouchements prématurés et des faibles poids de naissance étaient plus élevées dans le groupe Contrôle 1. Les auteurs ont relevé une association significative entre les parodontites maternelles, les accouchements prématurés (p < 0,001) et les nouveau-nés de faible poids (p < 0,001). Le traitement parodontal réalisé avant l'accouchement avait permis de réduire considérablement l'inflammation gingivale et de prévenir la progression de la maladie parodontale au sein de leur échantillon (Soroye et al., 2015).

Discussion

Depuis le début des années 2000, plusieurs revues de littératures ont été publiées sur la recherche de liens entre les maladies parodontales et les issues défavorables de grossesse (Jeffcoat et al., 2000 ; Vettore et al., 2006 ; Ide et Papapanou, 2013 ; Guirassy et al., 2016 ; Teshome et al., 2016). 70 à 90 % des articles sélectionnés dans ces revue de la littérature concluaient à une association entre les maladies parodontales et les accouchements prématurés, les nouveau-nés de faibles poids et la prééclampsie (Jeffcoat et al., 2000 ; Vettore et al., 2006 ; Ide et Papapanou, 2013 ; Guirassy et al., 2016 ; Teshome et al., 2016). Mais aucune d'elle ne s'est intéressée à une population ayant des caractéristiques spécifiques. À notre connaissance, ce travail est la toute première revue de littérature à s'intéresser à l'impact des maladies parodontales sur les populations africaines qui vivent en majorité dans des conditions socio-économiques difficiles, avec un faible niveau d'éducation, des difficultés d'accès aux soins de santé (Baelum et al., 2002) et de fortes prévalences des parodontites sévères (Kamagaté et al., 2001 ; Baelum et al., 2002) et des issues défavorables de grossesse (Liu et al., 2016).

La majorité des études (4 études sur 7) ont confirmé l'existence de liens significatifs entre les maladies parodontales et les issues défavorables de grossesse (Rakoto-alson et al., 2010 ; Muwazi et al., 2014 ; Soroye et al., 2015 ; Cissé et al., 2015). Selon les articles inclus dans ce travail, les femmes enceintes africaines atteintes de maladies parodontales, pourraient présenter environ 4 fois plus de risque d'accouchements prématurés et/ou de nouveau-nés de faible poids par rapport à celles qui ont un parodonte sain (Soroye et al., 2015).

Toutefois de nombreux facteurs méthodologiques auraient pu influencer ces résultats. En effet, sur les 7 études, 7 différentes approches d'évaluation et de définition du statut parodontal ont été utilisées (tableau 1). Cette hétérogénéité méthodologique a été rapportée par des études similaires (Vettore et al., 2006 ; Guirassy et al., 2016 ; Teshome et al., 2016 ; Ide et papapanou, 2013 ; Iheozor-Ejiofor et al., 2017) qui ont montré que ceci représente un véritable obstacle pour la comparaison des études entre elles.

Par ailleurs, la définition utilisée pour définir la présence ou non de parodontite influencerait le résultat de l'existence ou non d'un lien avec les issues défavorables de grossesse (Manau et al., 2008). L'introduction par consensus de la nouvelle classification des maladies parodontales devrait permettre une harmonisation du diagnostic et des critères d'évaluation du statut parodontal pour les futures investigations (Chapple et al., 2018 ; Papapanou et al., 2018).

Conclusion

La relation entre les maladies parodontales et les issues défavorables de grossesse a suscité beaucoup d'intérêt au sein de la communauté scientifique. La majorité des études ont confirmé qu'en Afrique les femmes enceintes ayant des parodontites pourraient présenter 4 fois plus de risque d'accouchements prématurés ou de nouveau-nés de faible poids par rapport au femmes enceintes au parodonte sain. Ces observations sont à considérer avec prudence vue l'hétérogénéité des méthodes d'investigations (critères d'évaluation du statut parodontal, taille d'échantillon) et du faible nombre d'études incluses dans ce travail. De futures études sont à encourager en Afrique en harmonisant les méthodes d'investigation et en incluant la prééclampsie qui n'a encore fait l'objet d'aucune étude clinique.

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  • Periodontal infection and adverse pregnancy outcomes: a systematic review of epidemiological studies – Vettore MV, Lamarca G, Leão AT, Thomaz FB, Sheiham A, Leal Mdo C – Cad Saude Publica 2006;22(10):2041-53
  • Socio-demographic factors related to periodontal status and tooth loss of pregnant women in Mbale district, Uganda – Wanderra MN, Engebretsen IM, Okullo I, Tumwine JK, Åstrøm AN – Health Qual Life Outcomes 2009;7:89

N.T. Koffi-Coulibaly, Service de parodontie, CHU Cocody, BP V 13 Abidjan, Côte d'Ivoire.

Z.A.D. Pockpa, Service de parodontie, CHU Cocody, BP V 13 Abidjan, Côte d'Ivoire.

D. Koné, Service de parodontie, CHU Cocody, BP V 13 Abidjan, Côte d'Ivoire.

X. Struillou, MCU-PH, Département de parodontologie, Faculté de chirurgie dentaire de Nantes, Université de Nantes, 1 place Alexis-Ricordeau, 44200 Nantes, France.

A. Soueidan, PU-PH, Département de parodontologie, Faculté de chirurgie dentaire de Nantes, Université de Nantes, 1 place Alexis-Ricordeau, 44200 Nantes, France.