Étude clinique randomisée sur l’utilisation de plasma riche en plaquettes (PRP) dans le traitement de défauts de furcations mandibulaires de Classe II - JPIO n° 03 du 01/09/2010
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2010

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique

Parodontologie

Yves Reingewirtz  

But de l’étude

Cette étude cherche à déterminer le rôle de l’apport de concentrés plaquettaires dans le traitement de furcations mandibulaires de Classe II.

Matériels et méthodes

Au total, 40 patients ont été retenus pour cette étude, chacun présentant de façon symétrique une lésion furcatoire de Classe II mandibulaire. Le traitement chirurgical a suivi une thérapie initiale et a consisté, du côté contrôle, à réaliser un lambeau associé à un...


But de l’étude

Cette étude cherche à déterminer le rôle de l’apport de concentrés plaquettaires dans le traitement de furcations mandibulaires de Classe II.

Matériels et méthodes

Au total, 40 patients ont été retenus pour cette étude, chacun présentant de façon symétrique une lésion furcatoire de Classe II mandibulaire. Le traitement chirurgical a suivi une thérapie initiale et a consisté, du côté contrôle, à réaliser un lambeau associé à un débridement, et du côté test, la même approche associée à l’interposition, avant suture du lambeau, d’un gel de PRP obtenu après centrifugation d’un prélèvement sanguin intraveineux et adjonction de thrombine autogène, elle-même isolée d’une des fractions centrifugées. Le choix du type de chirurgie a été déterminé de façon aléatoire avant chaque intervention ; le jet de pièce (choix aléatoire), les mesures et les chirurgies ont été réalisées par des opérateurs différents. Les résultats à 6 mois ont été appréciés d’une part par des mesures cliniques reproductibles (mesures à l’aide de résine-guide), d’autre part à l’aide de clichés CT Scan (coupes réalisées chaque millimètre) donnant une information tridimensionnelle.

Résultats

Une différence significative entre les groupes test (GT) et contrôle (GC) a été observée pour chaque paramètre mesuré :

• Paramètres cliniques :

– réduction de la profondeur de sondage vertical (mm) : GT = 2,3 ± 1,41 ; GC = 0,8 ± 1,31 ;

– réduction de la profondeur de sondage horizontal (mm) : GT = 2,5 ± 1,17 ; GC : 0,8 ± 0,63.

• Paramètres radiographiques :

– pourcentage de comblement osseux vertical : GT = 32,08 ± 10,37 ; GC : 16,54 ± 18,8 ;

– pourcentage de comblement osseux horizontal : GT : 28,74 ± 21,09 ; GC : 1,74 ± 16,95.

Aucun comblement complet de la zone furcatoire n’a été obtenu, quel que soit le groupe.

Conclusion

Malgré les différences statistiquement significatives enregistrées entre les groupes test et contrôle, le bénéfice obtenu par l’apport de l’utilisation de PRP ne semble pas cliniquement justifier son utilisation. Les auteurs préconisent des études complémentaires avec analyse histomorphométrique de façon à apprécier la qualité de la régénération et celle de l’os néoformé.

Commentaires

Décidément, les équipes indiennes semblent très intéressées par la résolution de ce problème – Ó combien épineux ! – que sont les furcations de Classe II. Après l’étude de Perio citée en introduction, voici une étude du Département de parodontologie du Collège de Bangalore, Kamataka. Il s’agit d’une étude qui arrive à point nommé afin d’aider à discerner le bon vin des affirmations exagérées. Plusieurs études récentes concluent à la meilleure qualité de cicatrisation lorsque sont utilisés des concentrés plaquettaires. Les plus récentes d’entre elles d’ailleurs évoquent l’intérêt d’associer du métronidazole au PRP, ce qui rend l’origine de l’amélioration des suites opératoires encore un peu plus opaque. L’intérêt du travail de cette équipe indienne a été de clairement scinder le contenu des étapes opératoires, d’un côté, un débridement à ciel ouvert, de l’autre, son association à l’utilisation de PRP ; et ce, sans technique de comblement de biomatériau ou de régénération tissulaire associée. Et les résultats s’appuyant sur un échantillon de 40 sujets sont à la hauteur de la rigueur du protocole défini. Quoi qu’elle soit significativement plus efficace que la technique du lambeau sans interposition de PRP, les auteurs s’appuient sur les résultats d’autres études pour déconseiller cette technique. Les techniques récentes de traitement de furcation mandibulaire de Classe II (associant lambeau, débridement, comblement à l’aide d’un biomatériau, mise en place de membrane, utilisation ou non de PRP) montrent en effet des résultats deux fois plus favorables que ceux obtenus avec le PRP. Et de plus, sans exposer le patient aux risques encourus lors de la manipulation et du (court) stockage de l’échantillon de sang.