Potentiel régénérateur et dynamiques de cicatrisation du parodonte : étude sur des défauts supra-alvéolaires de taille critique - JPIO n° 04 du 01/11/2010
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 04 du 01/11/2010

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche fondamentale

Parodontologie

Yves Reingewirtz  

But de l’étude

Cette étude évalue, sur un modèle animal et dans un choix thérapeutique aléatoire, le potentiel régénérateur du parodonte et les dynamiques respectives de cicatrisation de ses différents composants dans des conditions optimales de cicatrisation-régénération de la plaie.

Matériels et méthodes

Des défauts parodontaux supra-alvéolaires de 6 mm ont été créés chirurgicalement sur 6 chiens Beagle, aléatoirement du côté gauche ou...


But de l’étude

Cette étude évalue, sur un modèle animal et dans un choix thérapeutique aléatoire, le potentiel régénérateur du parodonte et les dynamiques respectives de cicatrisation de ses différents composants dans des conditions optimales de cicatrisation-régénération de la plaie.

Matériels et méthodes

Des défauts parodontaux supra-alvéolaires de 6 mm ont été créés chirurgicalement sur 6 chiens Beagle, aléatoirement du côté gauche ou droit. Des mainteneurs d’espace en PTFEe comportant des pores de 300 µm et favorisant la stabilité de la plaie et le maintien de l’espace ont été implantés au niveau d’un quadrant d’une mâchoire par animal. Le défaut et le dispositif mainteneur d’espace ont été enfouis sous le lambeau pour permettre une cicatrisation par première intention. L’analyse histométrique a été réalisée à 8 semaines.

Résultats

La cicatrisation s’est déroulée sans problème chez tous les animaux. L’analyse histométrique montre que la régénération cémentaire (2,99 ± 0,22 mm) était significativement plus importante que celle du LAD (2,54 ± 0,18 mm) et de la régénération osseuse (2,46 ± 0,26 mm). La surface de la plaie révèle un effet significatif non linéaire sur le cément (logβ = 1,25, p < 0,001), le LAD (logβ = 1,24, p < 0,001), et la nouvelle formation osseuse (logβ = 1,36, p < 0,001). Une relation linéaire significative a été établie entre le cément, le LAD et l’os régénéré indiquant que leur formation pouvait être supposée parallèle.

Conclusion

En présence de conditions optimales de stabilité du caillot, les processus de cicatrisation et régénération sont favorisés et conduisent à une régénération parallèle du cément, du LAD et de l’os alvéolaire. De plus, le maintien de l’espace influence favorablement les possibilités de régénération parodontale.

Commentaires

Le modèle expérimental développé dans les années 1990 par Ulf Wikesjö ne cesse d’apporter de nouveaux éclaircissements sur les capacités régénératrices du parodonte ou l’évidence de certaines BMP à favoriser la fermeture de défauts infra-osseux supra-alvéolaires. Dans cette nouvelle étude, la grande expérience de Polimeni et Wikesjö les conduit à ne plus parler de membrane en PTFEe, mais exclusivement de dispositif mainteneur d’espace et de protection du caillot. Car les auteurs le soulignent clairement dans leur discussion, le dispositif PTFEe devient aujourd’hui un instrument de préservation :

– d’une part, du caillot afin de favoriser toutes les étapes de la cicatrisation, minutes après minutes (fibrine au contact de la racine), heures après heures (processus inflammatoire), jours après jours (résolution de l’inflammation), semaines après semaines (conjonctif peu mature, puis mature à 4 semaines ; os peu immature à 4 semaines, lamellaire à 24 semaines au niveau apical et coronaire) ;

– d’autre part, de l’espace, cette expérience ayant montré que les zones comprimées, où l’espace s’est trouvé réduit, affichaient une moindre régénération parodontale.