Modifications, en fonction de la croissance et de l’âge, de l’expression du bFGF dans le ligament parodontal de molaire chez le rat - JPIO n° 01 du 01/02/2011
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 01 du 01/02/2011

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique

Relations ortho-parodontales

Renaud Rinkenbach  

But de l’étude

Les auteurs désirent tester l’hypothèse selon laquelle la quantité de facteur de croissance basique des fibroblastes (bFGF) du ligament parodontal ne se modifierait pas avec l’âge chez le rat. Les bFGF régulent la différenciation osseuse, aident à la cicatrisation, participent à l’angiogenèse et jouent un rôle majeur dans la transformation des cellules mésenchymateuses en fibroblastes. En parallèle, de nombreuses études mettent déjà clairement...


But de l’étude

Les auteurs désirent tester l’hypothèse selon laquelle la quantité de facteur de croissance basique des fibroblastes (bFGF) du ligament parodontal ne se modifierait pas avec l’âge chez le rat. Les bFGF régulent la différenciation osseuse, aident à la cicatrisation, participent à l’angiogenèse et jouent un rôle majeur dans la transformation des cellules mésenchymateuses en fibroblastes. En parallèle, de nombreuses études mettent déjà clairement en évidence une altération de l’activité de prolifération du ligament parodontal, à l’origine d’une détérioration de la réponse biologique du remodelage osseux.

Cette étude chez le rat permettrait, dans une certaine mesure, une extrapolation chez l’homme des effets du vieillissement sur la biologie du ligament parodontal et pourrait donner un début d’explication aux modifications des mouvements orthodontiques liées à l’âge.

Matériels et méthodes

Les auteurs ont sélectionné un échantillon de 30 rats mâles Wistar-ST, répartis dans 2 groupes :

– un groupe de rats en pleine croissance (5, 9 et 15 semaines) ;

– un groupe de rats à maturité à des âges différents (6, 12 et 18 mois).

Des coupes sagittales paraffinées de 5 µm d’épaisseur ont été réalisées au niveau de la racine disto-vestibulaire de la première molaire maxillaire. Une analyse par immuno-histochimie, utilisant des anticorps polyclonaux de lapins spécifiques aux bFGF, va permettre de quantifier et de localiser ces derniers.

Résultats

• L’étude des différentes coupes met clairement en évidence une diminution du bFGF avec l’âge chez le rat ;

• Le nombre de bFGF est le plus important dans la zone de furcation des molaires et varie sensiblement lors de la stimulation par des forces occlusales.

• Quel que soit l’âge du rat, la production de bFGF est proportionnelle à la demande fonctionnelle (mastication par exemple).

Conclusion

Les auteurs rejettent l’hypothèse initiale et confirment la diminution du bFGF avec l’âge chez le rat. Ils montrent aussi que l’environnement fonctionnel peut activer ou inhiber la production de cette molécule.

Commentaires

Le bFGF agit par inhibition de l’activité des phosphatases alcalines des cellules du ligament parodontal et bloque la cytodifférenciation de ces dernières en précurseur osseux. Ces mécanismes entrent clairement en jeu dans les cycles d’apposition/résorption nécessaires aux déplacements orthodontiques. Le bFGF joue donc un rôle essentiel dans la régénération du ligament alvéolo-dentaire et dans le déplacement orthodontique.

En parallèle, nous voyons de plus en plus de seniors dans nos consultations orthodontiques, sensibilisés par leurs dentistes qui intègrent de plus en plus facilement cette discipline dans leur plan de traitement. L’orthodontie chez les seniors est souvent une discipline de compromis, le patient ayant déjà un vécu occlusal avec des articulations temporo-mandibulaires souvent remodelées, des usures dentaires marquées, un environnement fonctionnel stabilisé : en somme, des patients totalement habitués à leur problème avec souvent un bel équilibre dans un grand déséquilibre ! À cela s’ajoutent un ralentissement des mouvements orthodontiques lié à l’âge sur un contexte de parodonte affaibli bien moins réactif à nos dispositifs orthodontiques, une diminution des stimulations occlusales par pertes dentaires ou encore des prises médicamenteuses d’anti-inflammatoires non stéroïdiens contribuant encore à ralentir ces traitements. Tous ces éléments doivent nous inciter à être prudents, extraire le moins possible et limiter les grands mouvements dentaires, davantage en adéquation avec une orthodontie chez l’enfant en pleine croissance.

Cet article est un élément important dans une prise de conscience générale des soins orthodontiques réservés aux seniors. De nombreux travaux ont été entrepris sur la croissance chez les enfants, nous espérons qu’il sera fait de même sur les phénomènes physiologiques dégénératifs des personnes que l’on qualifierait de plus âgées.