Number of teeth as a predictor of cardiovascular mortality in a cohort in 7 674 subjects followed for 12 yearsLe nombre de dents, facteur de prédictibilité de la mortalité cardiovasculaire dans une cohorte de 7 674 sujets, suivi pendant 12 ans - JPIO n° 03 du 01/09/2011
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2011

 

Revue Scientifique International – Recherche clinique

Recherche clinique

Brenda Mertens  

But de l’étude

De nombreuses études montrent une corrélation positive entre le développement de différentes pathologies cardio-vasculaires et la dégradation de la santé bucco-dentaire. Cette étude longitudinale, s’appuyant sur une cohorte importante, analyse l’impact dose dépendante de différents paramètres liés à la santé bucco-dentaire sur la survenue de la mortalité dans différentes maladies cardio-vasculaires telles que les pathologies coronaires et les...


But de l’étude

De nombreuses études montrent une corrélation positive entre le développement de différentes pathologies cardio-vasculaires et la dégradation de la santé bucco-dentaire. Cette étude longitudinale, s’appuyant sur une cohorte importante, analyse l’impact dose dépendante de différents paramètres liés à la santé bucco-dentaire sur la survenue de la mortalité dans différentes maladies cardio-vasculaires telles que les pathologies coronaires et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Matériels et méthodes

Entre 1976 et 2002, 7 674 sujets (3 300 hommes et 4 374 femmes) âgés de 20 à 89 ans ont eu des examens dentaires par des spécialistes en parodontologie. Avant l’examen clinique, tous les patients ont rempli un questionnaire pour évaluer l’anamnèse médicale, la prise de médicaments et le comportement tabagique. L’examen clinique a pris en compte, pour toutes les dents présentes, leur nombre, la présence ou l’absence de plaque, le saignement au sondage (SS), la présence d’atteintes interradiculaires, la mobilité dentaire, la profondeur de poche (4 sites par dent) et la sévérité de la maladie parodontale (PDSI : indice de sévérité de la maladie parodontale). L’examen radiologique sur bitewings et le charting rétroalvéolaire ont permis d’évaluer la perte osseuse. Certains de ces paramètres (nombre de dents, PDSI, poches profondes, SS) ont été évalués en relation avec la cause du décès des patients (classé selon l’ICD, l’international classification of disease and related health problems).

Résultats

Six cent vingt-neuf patients sont décédés pendant une période de suivi médiane de 12 ans. Dans ce groupe, 229 décès sont dus à une maladie cardio-vasculaire (MCV) : 167 à la suite d’une maladie coronaire, 83 à la suite d’un AVC et 49 consécutifs à un anévrisme aortique ou à un problème cardiaque congestif. Après ajustement de l’âge, du sexe et du tabac, le nombre de dents restantes est en relation dose dépendante avec la survenue de toutes les causes de mortalité (p < 0,0 001) sauf pour les AVC (p = 0,15). L’analyse de régression de Cox montre un risque 7 fois plus élevé pour la mortalité dans le cadre d’une maladie coronaire pour des patients présentant un nombre de dents inférieur à 10 par rapport à ceux en ayant plus de 25. La sévérité de la maladie parodontale, le nombre de poches parodontales sévères et le saignement au sondage n’ont pas montré de relation dose dépendante avec la mortalité des patients.

Conclusion

Cette vaste étude prospective avec un long suivi montre pour la première fois une relation dose dépendante entre le nombre de dents présentes et toutes les causes de mortalité ainsi que la mortalité des MCV. Elle montre ainsi un lien entre la santé bucco-dentaire et la maladie cardio-vasculaire.

Commentaires

Cette étude de cohorte suédoise réalisée au sein d’un département de parodontologie est la première à analyser la relation entre la santé bucco-dentaire et la mortalité d’un point de vue dose dépendante. Cependant, l’étude n’a pas montré de lien entre la maladie parodontale et la mortalité. La comparaison entre les études actuelles traitant de ce sujet est difficile du fait de l’absence de définitions communes de la maladie parodontale ou de la santé bucco-dentaire. Soulignons tout de même que la cause de la perte dentaire était, dans cette étude, le plus souvent d’origine parodontale et que toutes les données cliniques initiales n’étaient pas disponibles pour l’analyse statistique. Cette étude de cohorte montre que le nombre de dents peut être considéré comme un facteur de risque de mortalité. Les individus présentant une perte dentaire importante ou une maladie parodontale sévère devraient être adressés à leur médecin traitant pour un examen médical général. En effet, l’existence des facteurs de risque communs à la maladie parodontale et aux maladies cardio-vasculaires (tabac, diabète, hérédité, athérome) oriente vers la réalisation d’un bilan médical à la recherche d’une hypertension, d’une dyslipidémie ou d’une hyperglycémie. Cette étude confirme les imbrications étroites existant entre la santé bucco-dentaire et la santé générale.