Résultats cliniques et satisfaction du patient après le traitement des lésions infra-osseuses par une approche minimalement invasive non chirurgicale ou chirurgicale : une étude clinique randomisée. - JPIO n° 04 du 01/11/2011
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 04 du 01/11/2011

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique

Parodontologie clinique

Brenda Mertens  

But de l’étude

Le but de cette étude est de comparer l’approche minimale invasive non chirurgicale (MINST) et chirurgicale (MIST) dans les traitements d’une lésion infra-osseuse.

Matériels et méthodes

Vingt-sept patients (sur les 98 patients au départ) ont pu être inclus dans cette étude clinique randomisée en aveugle. Les critères d’inclusion sont les suivants : diagnostic posé d’une parodontite chronique ; au moins 1 dent monoradiculée avec...


But de l’étude

Le but de cette étude est de comparer l’approche minimale invasive non chirurgicale (MINST) et chirurgicale (MIST) dans les traitements d’une lésion infra-osseuse.

Matériels et méthodes

Vingt-sept patients (sur les 98 patients au départ) ont pu être inclus dans cette étude clinique randomisée en aveugle. Les critères d’inclusion sont les suivants : diagnostic posé d’une parodontite chronique ; au moins 1 dent monoradiculée avec une profondeur de poche (PD) ≥ 5 mm et présence d’un saignement au sondage (BOP) ; perte d’attache (CAL) > 5 mm ; lésion infra-osseuse isolée (profondeur ≥ 4 mm, largeur ≥ 2 mm) et bien visible sur la radiographie (rétroalvéolaire) ; indice de plaque total (FMPS) et indice de saignement total (FMBS) < 20 % ; absence de problèmes systémiques susceptibles de faire évoluer la maladie parodontale. Tous les patients sont en phase de thérapeutique de soutien et ont donc déjà eu un traitement étiologique (détartrage, surfaçage, séances de motivation). Pour chaque intervention, le temps passé au fauteuil a été calculé. Toutes les interventions sont réalisées par le même opérateur à l’aide d’un microscope, d’instruments microchirurgicaux et ultrasoniques avec des mini-inserts. Dans le groupe MIST, la technique de préservation papillaire est appliquée en décollant seulement la papille jouxtant la lésion infra-osseuse, en l’absence d’incisions de décharges. La prescription postopératoire est la suivante : paracétamol en cas de douleur toutes les 6 heures pendant 2 jours, bain de bouche à la chlorhexidine 0,12 % 2 fois par jour pendant 15 jours, éviter le brossage dans la zone d’intervention pendant 10 jours. La profondeur de poche, la position de la gencive marginale (PGM) et le niveau d’attache clinique (RCAL) sont évalués 3 et 6 mois après traitement. La perception du patient vis-à-vis de la douleur pendant et après le traitement ainsi que sa satisfaction sont évaluées.

Résultats

Les caractéristiques des patients étaient semblables dans les deux groupes. Les dents atteintes sont les incisives, les canines et les prémolaires. Un contrôle de plaque acceptable est obtenu avant les interventions pour tous les patients. Les deux groupes montrent une réduction significative de PD, un gain RCAL et pas de changement PGM à 3 et 6 mois après le traitement. La perception des patients (presque pas de douleur, pas d’hématome…) et leur satisfaction sont très positives pour les deux groupes. Il n’y a aucune différence entre les deux groupes. Par contre, le temps passé au fauteuil est significativement plus élevé pour le groupe MIST (en moyenne 61 minutes contre 29 pour le groupe MINST).

Conclusion

Les deux techniques utilisées pour le traitement des lésions infra-osseuses montrent des résultats cliniques similaires et très satisfaisants. Elles montrent également des résultats similaires au niveau de la satisfaction des patients et des complications postopératoires minimes dues à l’approche minimale invasive des deux techniques. Néanmoins, la technique non chirurgicale montre une réduction du temps passé au fauteuil très importante qui représente un avantage non négligeable.

Commentaires

Dans cette étude, seul l’angle de la lésion infra-osseuse (45°) est mentionné et nous n’avons pas d’indice concernant le nombre de murs osseux présents lors du traitement, ce qui a une influence sur le résultat clinique. De plus, le suivi n’est que de 6 mois et on ne peut pas évaluer correctement les récidives. On part donc du principe que les patients sont dans un programme de suivi très strict et que la pérennité des résultats est donc possible, comme nous le montrent d’autres études sur l’importance de la thérapeutique parodontale de soutien. La technique minimale invasive présente de multiples avantages par rapport aux techniques conventionnelles : diminution du trauma dû à la chirurgie, augmentation de la stabilité de la plaie, maintien de l’architecture gingivale préopératoire, possibilité de manier avec délicatesse, élégance et respect les tissus parodontaux, de maintenir ainsi l’intégrité des tissus mous et la hauteur gingivale, de diminuer la morbidité et d’augmenter le confort du patient en peropératoire et postopératoire. Cette technique est surtout très intéressante dans les zones esthétiques où l’intégrité des relations dento-gingivales est primordiale. De plus, on voit bien dans cette étude que la technique non chirurgicale apporte un résultat aussi satisfaisant que la technique chirurgicale, et ceci en deux fois moins de temps, ce qui n’est pas négligeable du point de vue du confort du patient et du montant des honoraires. La décision thérapeutique doit être prise avec le patient, en prenant en compte son profil et ses souhaits ainsi que l’expérience professionnelle de l’opérateur.