Lambeau repositionné coronairement avec et sans greffe conjonctive enfouie dans le traitement de récessions gingivales unitaires maxillaires avec perte d’attache proximale. Essai clinique randomisé - JPIO n° 03 du 01/09/2012
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2012

 

Revue Scientifique Internationale – La sélection

Parodontologie clinique

Céline Gatti  

But de l’étude

De nombreuses études ont validé la possibilité d’obtenir un recouvrement radiculaire complet (RRC) des récessions sans perte osseuse interproximale. Le lambeau positionné coronairement (LPC) associé à une greffe de tissu conjonctif (GTC) est la technique permettant d’obtenir la plus grande probabilité de RRC dans ce cas-là. Cependant, une perte osseuse interproximale est considérée comme un obstacle pour obtenir un RRC selon Miller (1985). Le but de...


But de l’étude

De nombreuses études ont validé la possibilité d’obtenir un recouvrement radiculaire complet (RRC) des récessions sans perte osseuse interproximale. Le lambeau positionné coronairement (LPC) associé à une greffe de tissu conjonctif (GTC) est la technique permettant d’obtenir la plus grande probabilité de RRC dans ce cas-là. Cependant, une perte osseuse interproximale est considérée comme un obstacle pour obtenir un RRC selon Miller (1985). Le but de cet essai clinique randomisé est de comparer l’efficacité du LPC associé à une GTC par rapport au LPC seul pour le traitement de récessions unitaires associées à une perte d’attache interproximale (RT2, Cairo 2011).

Matériel et méthode

L’essai clinique randomisé porte sur 29 patients en bonne santé générale, sans poches supérieures à 4 mm et présentant une récession unitaire de type RT2 située sur les incisives, canines ou prémolaires maxillaires. Quinze patients sont inclus dans le groupe test (LPC + GTC) et 14 dans le groupe contrôle (LPC seul). Deux incisions de décharge sont réalisées. La récession initiale vestibulaire moyenne pour le groupe test est de 2,9 mm et celle du groupe contrôle de 2,6 mm.

Résultats

Au bout de 3 mois, la récession résiduelle moyenne est de 0,5 mm pour le groupe LPC + GTC et de 0,4 mm pour le LPC seul et un RRC est observé dans 57 % des sites traités avec LPC + GTC et dans 64 % des sites avec LPC seul. Au bout de 6 mois, la récession résiduelle moyenne est de 0,4 mm pour le groupe LPC + GTC (85 % de RR moyen) et de 0,8 mm pour le LPC seul (69 % de RR moyen) et un RRC est noté dans 57 % des sites traités avec LPC + GTC et dans 28 % des sites avec LPC seul. Le niveau d’attache clinique interdentaire et l’importance de la récession initiale sont associés avec la diminution de la récession à 6 mois mais seul le niveau d’attache clinique interdentaire est associé au RRC. Aucune différence n’est observée entre les deux groupes pour la douleur ressentie, pour le score esthétique et pour l’hypersensibilité dentinaire.

Conclusion

Les deux traitements étudiés peuvent aboutir à un RRC de récessions unitaires avec une perte d’attache interproximale. L’adjonction au LPC d’une GTC permet d’obtenir, dans 80 % des cas, un RRC quand la perte d’attache interproximale est comprise entre 1 et 3 mm.

Commentaires

La faible durée du recul clinique est la première limitation de cette étude. De plus, l’adjonction d’un greffon conjonctif augmente de manière visible l’épaisseur de la gencive et peut biaiser les mesures postopératoires. Toutefois, d’autres études récentes montrent qu’il est possible d’obtenir un recouvrement radiculaire partiel ou total de récessions unitaires ou multiples associées à une perte d’attache interdentaire grâce à différentes techniques chirurgicales (Henriques 2010, Aroca, 2010). Elles ouvrent l’éventail des thérapeutiques envisageables et pourraient nous amener à modifier notre conduite à tenir face à ce type de récessions.