Sophie-Myriam DRIDI, rédactrice en chef invitée - JPIO n° 2 du 01/05/2019
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 2 du 01/05/2019

 

Éditorial

Sophie-Myriam DRIDI  

Rédactrice en chef invitée

Restreindre la parodontie à la seule prise en charge des parodontopathies induites par la plaque dentaire est un non-sens même si ces dernières sont dominantes en termes de prévalence et d'incidence.

Le parodonte et la gencive en particulier peuvent être la cible de nombreux processus pathologiques d'étiologies non bactériennes, héréditaires, congénitales ou acquises. Les maladies générées, peuvent être aigues ou chroniques, primaires ou secondaires, isolées ou...


Restreindre la parodontie à la seule prise en charge des parodontopathies induites par la plaque dentaire est un non-sens même si ces dernières sont dominantes en termes de prévalence et d'incidence.

Le parodonte et la gencive en particulier peuvent être la cible de nombreux processus pathologiques d'étiologies non bactériennes, héréditaires, congénitales ou acquises. Les maladies générées, peuvent être aigues ou chroniques, primaires ou secondaires, isolées ou s'intégrer dans un contexte buccal particulier, inaugurales ou tardives. Leur méconnaissance augmente le risque d'erreurs ou de retards de diagnostic et conduit souvent l'odontologiste généraliste ou spécialiste à mettre en place une thérapeutique erronée souvent dommageable pour le patient.

Rien n'est plus dangereux que de concevoir la présence de la plaque dentaire comme le critère clinique déterminant. Des maladies parodontales de causes différentes peuvent en effet s'associer, sans explication apparente ou en raison de l'affaiblissement de la réponse de l'hôte. Un patient souffrant d'une maladie bulleuse auto-immune à expression gingivale ne peut pas se brosser les dents correctement étant donné la douleur engendrée par le brossage. L'accumulation de la plaque dentaire sera donc inévitable. Elle ne sera pas la cause de la maladie d'origine immunitaire mais la conséquence de celle-ci. Toutefois une fois formée, la masse bactérienne exacerbera les altérations tissulaires et les signes fonctionnels.

Seule une démarche diagnostique basée sur une analyse sémiologique précise permet de rester en alerte et d'éviter les pièges de l'activité quotidienne.

Ce numéro spécial consacré aux gingivopathies non induites par la plaque dentaire découle de l'expérience des auteurs. Tous ont été confrontés à des situations cliniques complexes et atypiques les ayant obligés à parfaire leurs connaissances médicales. Tous sont conscients que le « fréquent bénin » ne doit jamais faire oublier le « rare potentiellement grave ».

L'objectif de ce numéro est avant tout didactique : permettre aux praticiens de détecter précocement des maladies gingivales particulières et apporter des réponses concrètes et pragmatiques. Le choix des thématiques a été orienté par l'aspect médical de ces maladies, peu ou mal connues, et dont la prise en charge peut s'avérer difficile.