Contrôle du risque infectieux en odontologie - Cahiers de Prothèse n° 104 du 01/12/1998
 

Les cahiers de prothèse n° 104 du 01/12/1998

 

Bibliographie

Pierre Machtou  

L'ouvrage des docteurs Perrin, Pacaud et Pône, Contrôle du risque infectieux en odontologie, trouve naturellement sa place dans la collection des guides cliniques des Éditions CdP. En effet, s'il est un domaine de la pratique odontologique où le praticien a besoin d'une information claire, systématisée et actualisée, c'est bien en matière d'hygiène et des mesures à prendre pour lutter contre le risque infectieux. Aujourd'hui, ces mesures d'hygiène sont incontournables. Elles...


L'ouvrage des docteurs Perrin, Pacaud et Pône, Contrôle du risque infectieux en odontologie, trouve naturellement sa place dans la collection des guides cliniques des Éditions CdP. En effet, s'il est un domaine de la pratique odontologique où le praticien a besoin d'une information claire, systématisée et actualisée, c'est bien en matière d'hygiène et des mesures à prendre pour lutter contre le risque infectieux. Aujourd'hui, ces mesures d'hygiène sont incontournables. Elles régissent le fonctionnement de tout cabinet dentaire et le temps n'est pas loin où une accréditation pourra s'avérer nécessaire pour recevoir et traiter nos patients. Un des mérites de ce guide est de parfaitement cibler les objectifs à atteindre et de justifier scientifiquement les options proposées.

Le but est de « permettre au chirurgien-dentiste de ne pas se perdre dans le dédale des appareils et produits proposés pour sa pratique ». Le plan de l'ouvrage est logique, abordant d'abord l'évaluation du risque, puis les mesures nécessaires pour le maîtriser. Celles-ci constituent bien sûr la partie essentielle du livre. Les quinze chapitres traitant chacun d'un thème spécifique peuvent être consultés individuellement en fonction de l'information recherchée. Intitulé « partenaires », le chapitre 3 examine le problème de l'infection sans occulter le couple bactéries-virus dans la liste des agents pathogènes à éliminer.

Le chapitre 4, « vocabulaire et normes AFNOR » est bienvenu. Désormais il est possible pour tout le monde de lire une étiquette grâce à la signification de chacune des normes. Nous aurions apprécié que l'on insiste davantage sur les normes les plus utiles : les normes d'application NF T 72-170 et NF T 72-171, qui déterminent l'efficacité du produit dans les conditions réelles d'utilisation en fonction, par exemple, de la dureté de l'eau ou de la présence de matières organiques.

Le chapitre 5 « Choix des produits » présente un classement des produits par catégorie, mais le champ d'application de chaque antiseptique ou désinfectant ne figure pas clairement.

Le chapitre 6, consacré au patient et aux différents soins que ce dernier va subir, souligne l'importance de la digue.

Les chapitres 7 et 8 sur l'équipe dentaire et les actes dangereux sont excellents avec une mention particulière au problème des gants et des allergies cutanées. Une étude américaine récente a montré que les blessures résultent davantage du dérapage des fraises que d'une piqûre d'aiguille. Les vaccinations obligatoires auraient mérité un tableau avec encadrement ou tout au moins d'être surlignées en bleu.

Le chapitre 9 sur le matériel est très réussi avec toutefois une réserve : une importance trop grande est, en effet, attribuée au nettoyage manuel qui ne doit être qu'un complément si l'instrument décontaminé après nettoyage automatique à l'aide des ultrasons ou d'une machine à laver apparaît souillé visuellement. Le conditionnement des instruments avant stérilisation est remarquablement traité et illustré et tous les détails de fermeture des sachets, gaines et emballages seront précieux pour l'assistante. Quant à la stérilisation, l'accent est mis à juste titre sur l'autoclave, dont les caractéristiques et critères d'achat sont parfaitement définis. Une mention critique des autres méthodes de stérilisation disponibles aurait cependant mérité de figurer. L'évaluation des méthodes de traitement des turbines et contre-angles est excellente et l'explication claire du principe de fonctionnement du Turbocid® et de l'Assistina® permet de comprendre pourquoi ces deux appareils sont, dans cet ordre respectif et de très loin, les meilleurs et indispensables. Le traitement des empreintes est également examiné de manière détaillée.

Dans le chapitre 10, les principes, le matériel et la mise en œuvre des techniques de « bio-nettoyage » sont abordés de manière très complète et les différentes zones du cabinet dentaire, classées en fonction du risque, doivent faire l'objet d'un traitement différent. Il aurait été utile d'énumérer pas à pas les mesures et gestes d'hygiène que l'assistante doit appliquer de façon systématique, entre deux patients, pour l'entretien de l'unité et des plans de travail rapprochés.

Le chapitre sur l'ergonomie dans les différentes disciplines de la dentisterie est un peu « juste », notamment en prothèse et en orthodontie. La salle de stérilisation est justement incluse dans l'architecture des locaux, mais à notre avis, la description interne de cette pièce clé aurait dû être plus précise et envisagée conjointement avec le cycle de décontamination-nettoyage-emballage-stérilisation des instruments. Enfin, si le chapitre sur l'air est un peu succinct, l'élimination des déchets est traitée clairement.

En résumé, voilà un petit livre indispensable pour tous les chirurgiens-dentistes en exercice et leur assistante. L'équipe dentaire y trouvera une aide précieuse et actualisée pour optimiser l'approvisionnement, l'organisation et la bonne marche de la structure de soins. Il est temps cependant de rappeler sans ambiguïté que la présence d'une assistante est indispensable aujourd'hui dans le fonctionnement d'un cabinet dentaire et cela va bien au-delà du cadre strict de l'hygiène. Une bibliographie avec de nombreuses références en langue française est disponible en fin d'ouvrage. Le surlignage en bleu des passages importants reste une idée très utile bien qu'à notre goût, on en ait un peu trop abusé. Un plan de l'ouvrage au début du livre aurait été sans doute plus pratique à consulter qu'une table des matières à la fin. La photographie de couverture ne semble pas très explicite sans une légende.

Ces remarques mineures ne doivent en aucun cas diminuer le mérite des auteurs, dont l'excellent travail est à féliciter sans restriction.

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