La résistance des restaurations provisoires fixées augmente avec l'incorporation de bandes de fibres de polyéthylène. - Cahiers de Prothèse n° 104 du 01/12/1998
 

Les cahiers de prothèse n° 104 du 01/12/1998

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Pour vérifier l'intérêt de renforcer des bridges provisoires, les auteurs incorporent des bandes tissées de fibres de polyéthylène de 3 mm de large et 35 mm de long dans des restaurations de trois dents.

Les seuils de résistance à la fracture sont plus élevés pour ces bridges renforcés. Ce qui semble plus intéressant d'un point de vue clinique c'est que les ruptures sont moins « catastrophiques » pour ce type de bridge...


À RETENIR :

Pour vérifier l'intérêt de renforcer des bridges provisoires, les auteurs incorporent des bandes tissées de fibres de polyéthylène de 3 mm de large et 35 mm de long dans des restaurations de trois dents.

Les seuils de résistance à la fracture sont plus élevés pour ces bridges renforcés. Ce qui semble plus intéressant d'un point de vue clinique c'est que les ruptures sont moins « catastrophiques » pour ce type de bridge avec fibres incorporées, puisque l'élément intermédiaire reste solidaire des piliers, même partiellement.

En bref, les bridges avec fibres incorporées se fracturent moins facilement et sans qu'il y ait dissociation de l'intermédiaire.

Pourquoi cette étude ?

Un des problèmes des restaurations provisoires, surtout celles de grande étendue et destinées à rester longtemps en bouche, est le risque de fracture. De nombreuses méthodes pour renforcer ces restaurations provisoires ont été décrites avec des résultats limités.

Le but de cette étude in vitro est d'évaluer la résistance à la fracture d'un bridge de trois éléments renforcé ou non avec une bande composée de fibres dont la surface a été traitée chimiquement (Ribbond®).

Un problème clinique quotidien pas toujours parfaitement résolu.

Comment ?

Un bridge en cire est réalisé sur un maître modèle métallique représentant deux dents support préparées pour des coiffes périphériques et séparées de 22 mm. La fosse centrale de l'intermédiaire se trouve au centre de l'édentement.

Une empreinte à l'alginate permet d'en tirer un modèle en plâtre. Quatre empreintes avec un matériau polyvinyl siloxane (PVS) sont réalisées et servent de moule pour la confection de bridges provisoires.

Des bandes de fibres Ribbond® de 3 mm de large et de 15 mm de long sont découpées. Certaines sont enduites de monomère de méthyl méthacrylate et fixées sur les dents supports du maître modèle. La résine polyméthyl méthacrylate (PMMA) est préparée et déposée dans l'empreinte en PVS. Le tout est repositionné sur le modèle pour obtenir un bridge armé en résine PMMA (Coldpac®).

D'autres fibres sont enduites de polyisocyanate qui est l'activateur de la résine Provipont DC®. La résine est injectée avec un pistolet mélangeur dans l'empreinte en PVS qui est positionnée ensuite pendant 5 minutes sur le modèle.

L'empreinte est ensuite désinsérée et chaque élément du bridge est photopolymérisé pendant 3 minutes sur la face occlusale.

Dix spécimens sont réalisés pour chacun des quatre groupes (deux résines avec ou sans fibres).

Des forces en compression sont appliquées sur les fosses centrales des intermédiaires et la force nécessaire à la fracture est enregistrée. L'analyse statistique des résultats est effectuée par le test t de Student.

Méthodes claires et bien décrites.

Et alors ?

Les résultats montrent que les seuils de rupture sont plus élevés avec des bridges renforcés.

Statistiquement, cette différence est significative avec Provipont DC® (p < 0,001), et ne l'est pas pour Coldpac® (p > 0,10). Le type de fracture est différent pour les quatre groupes.

Pour les bridges non renforcés, les fractures sont « catastrophiques » car l'intermédiaire est totalement désolidarisé des deux piliers. Pour les bridges avec incorporation de fibres Ribbond®, les fractures sont « partielles » en vestibulaire ou lingual ou dites « sans séparation » si l'intermédiaire est désolidarisé des piliers mais solidaire des fibres.

Même si les seuils de rupture ne sont pas beaucoup plus élevés, le patient ne perd pas l'intermédiaire…