Prothèse provisoire, temporaire ou transitoire ? - Cahiers de Prothèse n° 104 du 01/12/1998
 

Les cahiers de prothèse n° 104 du 01/12/1998

 

Présentation

Frédéric Morin  

Classiquement, la prothèse « provisoire » s'oppose à prothèse « définitive ». Mais les termes « provisoire » et « définitive » sont-ils bien appropriés ?

Nous savons tous que la prothèse que nous plaçons en bouche n'a de définitive que le nom. Sa durée de vie est fonction de l'âge du patient, des critères de qualité du patient et du praticien, des aléas de la vie, etc. Si elle n'est pas définitive, elle se doit d'être durable au regard des critères...


Classiquement, la prothèse « provisoire » s'oppose à prothèse « définitive ». Mais les termes « provisoire » et « définitive » sont-ils bien appropriés ?

Nous savons tous que la prothèse que nous plaçons en bouche n'a de définitive que le nom. Sa durée de vie est fonction de l'âge du patient, des critères de qualité du patient et du praticien, des aléas de la vie, etc. Si elle n'est pas définitive, elle se doit d'être durable au regard des critères (changeants) de bonne santé. Peut-être devrions-nous substituer au terme « définitive », le vocable « d'usage ».

Mais alors, qu'est-ce que la prothèse provisoire ? Est-ce une prothèse dont le degré d'élaboration est médiocre ? Ou bien est-elle provisoire parce qu'elle est peu esthétique ou particulièrement instable et non fonctionnelle ? Dans ces conditions, bien des prothèses dites définitives devraient être considérées comme des prothèses provisoires !

Comment la définir ? Si on se réfère à la prothèse d'usage, on peut peut-être considérer la prothèse provisoire comme une restauration temporaire utilisée pendant le traitement prothétique. Ainsi, la durée de cette prothèse est limitée dans le temps et son degré d'élaboration est fonction des objectifs et de la longueur du traitement.

Le terme « provisoire » convient-il ou doit-on parler de prothèse « transitoire » ou « temporaire » ?

Le dictionnaire 1 ne permet pas de trancher. Mais, si on considère que cette prothèse est limitée dans le temps et participe au traitement qui fait passer le patient de l'état d'invalide à celui de valide, on peut considérer que le terme « transitoire » est peut-être le plus approprié.

Tous les auteurs s'accordent pour dire que le traitement prothétique ne se conçoit pas sans prothèse transitoire. Elle est un élément du traitement au même titre que les empreintes ou l'enregistrement des rapports d'occlusion. Elle est nécessaire au patient, au clinicien et au prothésiste. Au patient, car elle compense temporairement son infirmité esthétique et/ou fonctionnelle ; au praticien, car elle a des vertus thérapeutiques l'autorisant à poursuivre son traitement et enfin, au prothésiste, car c'est une source de renseignements cliniques qui lui permettent de répondre plus précisément aux désirs du praticien. La prothèse transitoire a tant d'intérêts que nous pouvons nous étonner de son absence dans bien des traitements. Peut-être sa tarification la fait-elle percevoir - sauf par certains organismes sociaux - comme une option ou même comme inutile quand elle n'est pas mentionnée.

Ce numéro spécial s'attache à montrer les rôles et la place de la prothèse transitoire dans les différentes disciplines prothétiques. Il permet aussi de décrire des techniques d'élaboration.

Les matériaux employés pour la confection de la prothèse transitoire gagnent en robustesse, en précision et en facilité d'emploi. Maurice Morenas, Christophe Deschaumes et Didier Compagnon exposent leurs caractéristiques.

J.-F. Vest et Frédéric Morin définissent les rôles de la prothèse transitoire dans le cas des constructions prothétiques unitaires ou de faible étendue.

Jean-Claude Thépin et Xavier Ravalec nous montrent que les reconstructions transitoires ont une importance primordiale dans la thérapeutique occlusale.

Le rôle et la conception des prothèses transitoires lors d'une restauration par prothèses partielles amovibles sont développés par Jean Schittly. Michel Pompignoli évoque les rôles de la prothèse de transition permettant d'assurer le passage entre la prothèse complète mal adaptée ou la prothèse amovible partielle et la prothèse complète d'usage.

Claire Lassauzay, Jean-Luc Veyrune et Jacques Lescher soulignent l'intérêt de la prothèse amovible transitoire lors de la mise en condition des surfaces d'appui. Ils insistent particulièrement sur les indications dans différentes situations cliniques.

La prothèse complète immédiate est une entité clinique particulière dans le traitement de l'édentement complet. Marie-Violaine Berteretche et Olivier Hüe nous guident dans le choix d'une technique.

Le temps de latence nécessaire à l'ostéointégration des implants nécessite souvent de compenser temporairement un édentement. Xavier Assémat-Tessandier décrit les différentes possibilités prothétiques pour y parvenir.

Ce numéro spécial ne peut être exhaustif. Aussi, nous avons cherché à souligner combien la prothèse transitoire fait partie du traitement prothétique en mettant en exergue des points particuliers ou en décrivant des techniques spécifiques. C'est à cette condition que la prothèse élaborée peut être considérée comme une thérapeutique et répondre aux objectifs de traitement définis pour assurer la santé de nos patients.

(1) Le Petit Robert nous donne les définitions suivantes : Provisoire : qui se fait en attendant autre chose qui est destiné à être remplacé. contraire : définitif. Transitoire : qui passe, ne dure pas, qui remplit l'espace de temps entre deux états. contraire : durable, permanent. Temporaire : qui n'exerce son activité que pour un temps. contraire : définitif, durable.