L'informatique : support pédagogique au service de l'apprentissage des tracés de plaques métalliques

Outil de communication incontournable de cette fin de siècle, l'informatique, de par la simplification de son utilisation et la progression exponentielle de ses performances, a su investir tous les domaines de notre société. En odontologie, l'enseignement n'est pas resté en marge de cette évolution et les Facultés sont maintenant équipées de matériel permettant l'utilisation de systèmes d'exploitation informatique performants. Toutefois, l'enseignement de notre discipline ne repose pas exclusivement sur l'apprentissage de notions théoriques, mais doit surtout s'orienter vers un apprentissage pratique qui doit répondre à des réalités cliniques. Si la démonstration par l'image et le mouvement ne remplaceront jamais la réalisation pratique et la répétition de l'acte considéré, l'outil informatique offre une solution didactique à la demande, répétitive et quelque peu ludique.

La sous-section de Prothèses de la Faculté de Lille a décidé d'utiliser l'informatique comme support pédagogique dans l'enseignement en DCEO1 (3^e année) de la réalisation des tracés des plaques métalliques maxillaires et mandibulaires en prothèse amovible partielle. Cet apprentissage est réalisé en fonction des indices anatomiques et des critères de réalisation classiquement décrits [¹-⁷]. Même si les étudiants de D1 n'ont que peu de notions cliniques, la chronologie des différentes séquences de réalisation des tracés de plaques métalliques reste relativement systématique si l'on se place dans des conditions favorables. Ces conditions sont étudiées durant la séméiologie et créées au niveau du traitement préprothétique.

Chronologie des séquences de conception

La chronologie des séquences de conception des tracés de plaques métalliques maxillaires s'établit comme suit (^{fig. 1}, ², ³, ⁴, ⁵, ⁶, ^7a, ^7b, ^7c, ^7d, ^7e, ⁸, ^9a, ^9b, ^10a, ^10b, ^10c et ¹¹) et selon une méthodologie issue du Manuel de prothèse partielle amovible de Borel et al. [²].

Les moyens

Pour ce type de présentation informatique, les logiciels disponibles doivent permettre la superposition des schémas, séquence par séquence. Harvard Graphics^® est le logiciel qui a été utilisé en première intention. Sa simplicité d'utilisation a permis de se familiariser rapidement avec ce mode de présentation et sa mise en œuvre n'a pas posé de problème pour les cours magistraux et les enseignements dirigés. Toutefois, son utilisation impossible « en boucle » ne permet pas son intégration aux bornes interactives, c'est pourquoi Macromédia Director 6^® a été choisi.

Le logiciel : Director 6^®

Macromédia Director 6^® est l'outil de programmation le plus répandu au monde pour les présentations interactives. Beaucoup plus puissant, mais également d'une utilisation beaucoup plus complexe, ce logiciel offre des capacités de présentation multimédia presque inépuisables. Les termes utilisés dans le mode « emploi » de Director 6^® sont empruntés au cinéma. Il s'utilise selon le mode « Distribution »/« Scénario ». La distribution, qui peut être interne ou externe, comporte des acteurs de différentes natures selon les besoins de l'animation. Une distribution interne est spécifique au fichier de travail ou à la projection qui en résulte. Une distribution externe présente l'avantage d'être utilisable conjointement par plusieurs animations, quel que soit leur mode de fonctionnement. Les acteurs présents dans une distribution peuvent l'être sous forme de texte, de dessins, d'images numérisées, de fichiers vidéo numériques…

Le texte peut s'intégrer comme bouton poussoir, bouton radio, case d'option, champ ou bouton personnalisé, ce qui représente une large gamme de possibilités d'utilisation à laquelle s'ajoute un éventail de « comportements » associés.

Les dessins au format d'images « Bitmap » ont l'inconvénient, dans la version 6.0 du logiciel, de n'être pas vectorisables, ce qui diminue légèrement la qualité artistique de la présentation. Un dessin vectorisé réalisé dans un autre programme perd ainsi le « lissage » caractéristique de ce genre de tracé. Les images numérisées peuvent être importées sous une résolution suffisamment importante pour ne pas être altérées lors de leur utilisation dans la présentation. Elles peuvent de plus être associées soit à la palette de couleurs de la présentation soit à une palette de couleurs spécifique, ce qui accroît d'autant les possibilités de réalisation.

Les « comportements » utilisables peuvent être associés à une action donnée sur la souris (bouton gauche ou droit) ou sur une touche prédéfinie ou même être tributaires de l'action de préparer ou de quitter l'image du scénario.

La mise en œuvre de l'animation se réalise sous forme d'un « scénario » susceptible de comporter jusqu'à 120 images-objets simultanées dont les propriétés et le « comportement » peuvent être modifiés à volonté. La durée d'une présentation simple dépend quant à elle de la cadence spécifiée à chacune des 149 images possibles par animation : nombre d'images par seconde, nombre de secondes par image, attente d'une action sur la souris ou une touche ou atteinte d'un point de repère prédéterminé.

Deux pistes « son » peuvent être employées simultanément ; la lecture d'un fichier « son » prend le pas sur la cadence associée à l'image ou au groupe d'images dont il dépend. Une piste « transition » offre la possibilité de modifier à volonté le mode d'apparition de tout ou partie d'une image. Enfin, une piste « script » assouplit considérablement la gestion des images.

La programmation « Auteur » sous Windows^® nécessite un processeur 486/66 MHz ou plus rapide avec au moins 16 Mo de mémoire vive, un lecteur CD-Rom ainsi que Windows 95 ou NT 4.0.

La « lecture » d'une projection Director 6^® a besoin d'un système minimal 386/33 MHz. La lecture sous Windows^® 3.1 nécessite 4 Mo de mémoire (8 Mo sous Windows^® 95). L'environnement « Auteur » n'est pas utilisable sous Windows^® 3.1.

Actuellement, les systèmes informatiques disponibles dans le commerce offrent des capacités nettement supérieures à celles citées précédemment et permettent une utilisation très confortable de Director 6^®, notamment dans l'insertion des vidéos numériques. Director 6^® est également utilisable sous Macintosh^®. Il prend en charge les formats de fichiers suivants (^{tabl. I}).

Conclusion

Cette présentation assistée par ordinateur permet un apprentissage rigoureux, répétitif et ne laisse jamais l'étudiant sans référence grâce à la présence des bornes interactives. Même si la réalisation d'une telle animation reste fastidieuse, sa facilité d'utilisation permet à plusieurs enseignants de transmettre les données avec la même logique de conception, mais également avec le même support pédagogique pour que l'étudiant ne perde pas les repères acquis préalablement. La variété des techniques amène des divergences de vue entre enseignants, tout à fait légitimes et enrichissantes, mais qui perturbent la bonne compréhension d'un enseignement par l'étudiant pas toujours averti.

La sous-section « Prothèses » de la Faculté d'odontologie de Lille s'efforce de proposer aux étudiants un maximum de présentations assistées par ordinateur (PréAO) afin d'harmoniser l'enseignement et de travailler avec la même cohérence.

bibliographie

• 1 Batarec E, Buch D. Abrégé de prothèse adjointe partielle. Paris : Masson, 1989.
• 2 Borel JC, Schittly J, Exbrayat J. Manuel de prothèse partielle amovible. 2^e édition. Paris : Masson, 1994.
• 3 Buch D, Batarec E, Begin M, Renault P. Prothèse partielle amovible au quotidien. Guide Clinique. Paris : Éditions CdP, 1993.
• 4 Gaillard J, Jourda G. Conception assistée par ordinateur en prothèse. Cah Prothèse 1992;80:67-73.
• 5 Grimonster J, Fernandez E, Vanzeveren C. Prothèse amovible partielle : les grands principes régissant la conception et la réalisation d'une PAP. Encycl Méd Chir Odontologie 1991:23310 C10.
• 6 Lubespère A, Alzieu J, Lubespère R. La logique du tracé en prothèse partielle adjointe coulée. Quest Odontostomatol 1980;18:81-106.
• 7 Tabet G. Classification cinématique des attachements et rupteurs de force. Rev Odontostomatol 1961;6:781-835.