Relations des implants antérieurs avec les dents adjacentes - Cahiers de Prothèse n° 108 du 01/12/1999
 

Les cahiers de prothèse n° 108 du 01/12/1999

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Dix adolescents de 14 à 19 ans ont été suivis pendant huit ans après la pose de 15 implants en remplacement d'incisives maxillaires. Les auteurs ont observé l'augmentation de l'infraclusie des couronnes implanto-portées pendant la fin de la croissance, mais aussi après. Pour limiter le risque de survenue d'infraclusie, il ne faut pas se fier à l'âge civil ou à la formule dentaire, mais attendre la fin de la croissance. Même après...


À RETENIR :

Dix adolescents de 14 à 19 ans ont été suivis pendant huit ans après la pose de 15 implants en remplacement d'incisives maxillaires. Les auteurs ont observé l'augmentation de l'infraclusie des couronnes implanto-portées pendant la fin de la croissance, mais aussi après. Pour limiter le risque de survenue d'infraclusie, il ne faut pas se fier à l'âge civil ou à la formule dentaire, mais attendre la fin de la croissance. Même après celle-ci, une éruption lente des dents adjacentes se produit. Le guide antérieur doit être fonctionnel, car l'absence de contacts incisifs initiaux accentue l'éruption. Les récidives de traitement orthodontique doivent être évitées.

La proximité des implants avec les dents adjacentes augmente les pertes osseuses marginales, l'orthodontie préimplantaire peut augmenter l'espace disponible pour l'implant. L'apparition de colorations grises sur la muqueuse est possible quand le volume osseux vestibulaire autour de l'implant est insuffisant.

L'immobilité de l'implant ne permet pas de s'adapter au modifications des tissus environnants. La prothèse sur implant peut compenser en partie cet inconvénient.

Pourquoi cette étude ?

L'utilisation des implants pour remplacer des incisives maxillaires est indiquée pour éviter une prothèse traditionnelle, une autotransplantation ou la fermeture orthodontique des espaces. Si la méthode de l'ostéointégration dans le traitement des édentements complets et partiels chez l'adulte est bien codifiée et documentée, l'utilisation d'implants chez de jeunes patients suscite de nombreuses interrogations.

Plusieurs études animales (Ödman et al., 1991, Thilander et al., 1992) indiquent que les implants ne doivent pas être utilisés avant la mise en place complète de la denture définitive et la fin de la croissance squelettique. En effet, les implants ne suivent pas la croissance des maxillaires et les risques d'infraclusie des couronnes supraimplantaires sont alors importants. Cependant, il semble qu'il existe un mouvement éruptif des dents et un développement vertical des tissus environnants après la puberté.

Cette étude a pour but de suivre les relations des implants avec les dents voisines soumises à ces changements tardifs et d'évaluer le risque d'infraclusie de ces implants.

Comment ?

Dix adolescents de 14 à 19 ans à qui il manquait des incisives maxillaires sont inclus dans l'étude. Toutes les dents permanentes étaient complètement évoluées au moment de la chirurgie implantaire. Les patients sont suivis pendant huit ans avec un contrôle annuel les cinq premières années. Examen clinique, photographies, modèles d'étude, radiographies péri-apicales, téléradiographies de profil et mesure de la taille sont réalisés à chaque examen. Les modèles d'études servent à mesurer la distance verticale entre le bord incisif de la couronne implanto-portée et ceux des dents adjacentes.

La taille et les téléradiographies servent à évaluer la croissance squelettique et cranio-faciale.

La répartition fille/garçon de l'échantillon n'est pas précisée. Les traitements orthodontiques ne sont pas décrits (nombre de patients, début et fin de traitement, moyen de contention). Le mode d'assemblage de la couronne (vissé ou scellé) est inconnu.

Et alors ?

Tous les implants sont restés stables sur la période étudiée. L'aspect esthétique est bon ou acceptable pour la plupart des patients. Cependant chez certains une infraclusie est apparue dès la troisième année. Dans deux cas, elle est associée à une récession gingivale.

Pendant les trois premières années, il y a une corrélation entre la croissance cranio-faciale observée sur les téléradiographies, le gain de taille de l'adolescent (0 à 18 cm) et l'infraclusie de la couronne implanto-portée mesurée (de 0 à 1,6 mm).

Après quatre ans, aucun adolescent n'a grandi. Cependant l'infraclusie moyenne est passée de 0,46 (ds : 0,38) à 0,95 mm (ds : 0,59).

Les pertes d'os marginal ont été minimes autour des 15 implants mis en place. Mais, plus l'implant est près de la dent adjacente, plus la perte osseuse ultérieure est importante. Sur quelques patients, des colorations grises apparaissent sur la gencive au-dessus de la restauration.