Mise en charge immédiate d'implants Brånemark
 

Les cahiers de prothèse n° 109 du 01/03/2000

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Cette étude clinique montre qu'il est possible, au moins sur une période de 18 mois, de mettre en charge des implants dentaires en titane immédiatement après leur mise en place. Dans cette étude, les piliers transgingivaux sont vissés sur les implants le jour de la pose. Après dix jours sans port de prothèse, les empreintes sont prises et la prothèse supra-implantaire est posée au plus tard 20 jours après la chirurgie.

Les...


À RETENIR :

Cette étude clinique montre qu'il est possible, au moins sur une période de 18 mois, de mettre en charge des implants dentaires en titane immédiatement après leur mise en place. Dans cette étude, les piliers transgingivaux sont vissés sur les implants le jour de la pose. Après dix jours sans port de prothèse, les empreintes sont prises et la prothèse supra-implantaire est posée au plus tard 20 jours après la chirurgie.

Les résultats obtenus dans un groupe de 16 patients (88 implants) sont comparables à ceux qui sont obtenus par la technique conventionnelle en deux-temps chirurgicaux pour les paramètres cliniques et les niveaux de résorptions osseuses.

L'utilisation de ce protocole en un-temps chirurgical et mise en charge précoce doit être limitée au secteur antérieur mandibulaire.

Une période de suivi plus longue et une randomisation rigoureuse des deux groupes permettra de valider cette nouvelle approche de traitement.

Pourquoi ?

L'utilisation avec succès d'implants dentaires en titane pour retenir ou supporter des prothèses est bien documentée. La plupart des études utilisent une procédure chirurgicale en deux-temps opératoires. Plus récemment, des études ont montré que l'on peut obtenir des taux de succès équivalents avec une procédure en un seul temps. La mise en place d'une prothèse modifiée et rebasée, bien qu'exerçant une mise en charge immédiate sur ces implants posés et exposés en un-temps chirurgical, ne semble pas compromettre le processus d'ostéointégration dans le secteur antérieur mandibulaire. Le but de cette étude est de comparer le devenir des prothèses supra-implantaires reliées aux implants posés selon le protocole classique en deux-temps ou selon la procédure en un-temps avec mise en charge immédiate.

Comment ?

Seize patients non fumeurs et totalement édentés à la mandibule, examinés consécutivement au Centre Brånemark de Malmö, ont été inclus dans l'étude à la fin de 1994. Ils portaient une prothèse complète mandibulaire depuis plusieurs années. Les autres critères d'inclusion étaient une bonne santé générale, un volume d'os suffisant pour poser cinq à six implants bicorticaux d'au moins 10 mm et une disponibilité pour le suivi et la maintenance.

Lors de la chirurgie, cinq à six implants MkII Nobel Biocare® sont placés pour être bi corticaux. Les piliers standard sont placés immédiatement et le lambeau est suturé autour. Les sutures sont retirées après dix jours sans port de prothèse. Lors de cette séance, les empreintes sont réalisées. Les dix jours suivants le patient porte sa prothèse modifiée et rebasée. Les prothèses fixes sur implants avec des extensions équivalant à deux prémolaires de chaque côté sont vissées 20 jours après la pose des implants. Les prothèses sont en céramique sur or.

Un groupe de 11 patients avec 30 implants posés selon le protocole classique en deux-temps sert de groupe témoin. Ils sont issus d'une précédente étude d'Ericsson et al. (1994).

Un dispositif de prise de radiographie personnalisé permet de suivre le niveau osseux autour de chaque implant après 18 mois de port des prothèses.

Le mode de sélection du groupe témoin n'est pas précisé. Une véritable attribution au hasard du protocole de traitement eut été préférable et un suivi plus long eut été souhaitable.

Et alors ?

Sur les 16 patients de l'étude, 88 implants ont été posés (30 implants pour les 11 patients témoins). Deux patients sont morts pendant les 18 mois de l'étude.

Les deux groupes présentent des tissus péri-implantaires équivalents et tous leurs implants sont cliniquement stables (valeurs Periotest). Les pertes osseuses moyennes sont de 0,4 mm (SD 0,6 mm) pour le groupe test et de 0,8 mm (SD 0,3 mm) pour le groupe témoin.

La différence de perte osseuse peut s'expliquer par un protocole de prise de radiographie différent dans les deux groupes ou par l'exposition osseuse lors du second temps chirurgical.