La réutilisation des vis de couverture des implants modifie les propriétés de surface, mais pas les résultats cliniques - Cahiers de Prothèse n° 111 du 01/09/2000
 

Les cahiers de prothèse n° 111 du 01/09/2000

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Les auteurs ont étudié l'influence de la réutilisation de vis de couverture sur leur état de surface et sur les résultats cliniques. Neuf patients informés de l'étude ont chacun reçu trois implants à la même arcade avec une vis neuve, une vis utilisée, nettoyée et stérilisée une fois et une vis réutilisée de quatre à six fois. Le nettoyage des vis était réalisé avec H2O2 à 3 %, puis par trempage dans des...


À RETENIR :

Les auteurs ont étudié l'influence de la réutilisation de vis de couverture sur leur état de surface et sur les résultats cliniques. Neuf patients informés de l'étude ont chacun reçu trois implants à la même arcade avec une vis neuve, une vis utilisée, nettoyée et stérilisée une fois et une vis réutilisée de quatre à six fois. Le nettoyage des vis était réalisé avec H2O2 à 3 %, puis par trempage dans des bacs à ultrasons avec eau savonneuse, butanol, puis éthanol à 95 %. La stérilisation se faisait par autoclave à 170 °C.

L'étude ne montre pas de différences cliniques entre les trois groupes. La dégradation de l'état de surface des vis avec le nombre d'utilisation est observée.

Les auteurs concluent que la réutilisation des vis de couverture est un protocole économique et sans incidence clinique chez le même patient. Cependant, des considérations éthiques et pratiques limitent la réutilisation de ces dispositifs chez différents patients.

Pourquoi ?

Habituellement les dispositifs médicaux temporaires, utilisés chez les patients, puis déposés ne sont pas réutilisés. Cependant, la réutilisation de stimulateurs cardiaques est possible, sûre et économique (Grendahl 1994, Pringle et al. 1986). Les études sur la réutilisation de dispositifs médicaux sont peu nombreuses. Sennerby et al. ont, en 1989, retiré des vis de couverture d'implants posés sur des patients et les ont implanté dans des parois abdominales de rats. Ils recommandaient de ne pas réutiliser les vis de couverture, mais les procédures de nettoyage et stérilisation n'étaient peut-être pas suffisantes. Le but de cette étude in vivo est d'évaluer les conséquences cliniques et les modifications de surface liées à la réutilisation des vis de couvertures des implants.

Comment ?

Neuf patients qui devaient recevoir trois implants ont été inclus dans l'étude. Chaque patient recevait une vis de couverture neuve, une vis utilisée, nettoyée et stérilisée une fois et une vis réutilisée de quatre à six fois.

Le protocole de nettoyage des vis utilisées était le suivant : rinçage avec de l'eau oxygénée à 3 %, puis passage dans quatre bacs à ultrasons contenant successivement de l'eau savonneuse pendant 10 minutes, du butanol pendant 10 minutes et de l'éthanol à 95 % pendant deux fois 10 minutes Les vis étaient ensuite autoclavées pendant 40 minutes à 170 °C. Tous les patients ont été informés du protocole et ont accepté de participer. Pour chaque patient, les trois implants ont été posés à la même arcade.

Pour chaque vis, la position sur l'arcade a été notée. La mise en place des implants a été réalisée selon le protocole chirurgical en deux temps opératoires.

Lors du stade 2, les tissus recouvrant les vis de couverture ont été excisés, rincés au sérum physiologique, puis fixés et préparés pour un examen histologique avec de l'hématoxyline et de l'éosine. Les vis de couverture déposées étaient rincées et fixées. Des analyses des surfaces des vis étaient réalisées par microscopie électronique, profilométrie, microscopie de force atomique et spectroscopie électronique. Les résultats sont traités par l'analyse de variance et les différences entre les groupes déterminés par le test t de Student.

Le choix du protocole de nettoyage n'est pas expliqué. La plupart des autoclaves n'atteignent pas 170 °C.

Et alors ?

Aucun patient n'a présenté de retard de cicatrisation ou de signe d'infection.

Trois des 27 vis ont été exposées pendant la phase de cicatrisation sur trois patients différents, une dans chaque groupe. Les radiographies prises au stade 2 ne montraient pas de différences d'ostéointégration entre les implants. Ils ont tous été mis en charge conformément au plan de traitement initial. Toutes les vis de couverture présentaient des rayures et les orifices de vissage étaient arrondis après plusieurs utilisations.

Les tissus au-dessus des vis ne présentaient pas de différences histologiques en fonction du groupe ou de l'arcade considérés. Les états de surfaces des vis se dégradaient avec l'augmentation du nombre d'utilisation à cause des procédures de stérilisation et de l'utilisation des tournevis.

La taille de l'échantillon et les méthodes histologiques n'ont pas permis d'objectiver de différences entre les vis utilisées. D'autres études seraient utiles pour confirmer ou infirmer ces résultats.