Étude prospective à 5 ans de Procera® céramo-titane - Cahiers de Prothèse n° 113 du 01/03/2001
 

Les cahiers de prothèse n° 113 du 01/03/2001

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

La biocompatibilité du titane est bien documentée, mais le devenir des restaurations en titane recouvertes de céramique ne l'est pas autant. Cet article présente les résultats d'une étude prospective sur 5 ans de couronnes et bridges en titane recouverts de céramique basse fusion du système Procera®.

Un total de 260 patients a reçu 333 restaurations « céramo-titane » (242 unitaires et 91...


À RETENIR :

La biocompatibilité du titane est bien documentée, mais le devenir des restaurations en titane recouvertes de céramique ne l'est pas autant. Cet article présente les résultats d'une étude prospective sur 5 ans de couronnes et bridges en titane recouverts de céramique basse fusion du système Procera®.

Un total de 260 patients a reçu 333 restaurations « céramo-titane » (242 unitaires et 91 bridges).

Presque toutes les restaurations Procera® ont été jugées satisfaisantes au départ et après 5 ans.

Une couronne et un bridge ont été refaits à cause de fractures importantes de céramique. Deux bridges se sont fracturés sur une zone de soudure, et un seul a été refait.

D'autres complications sont survenues : fractures mineures de céramique qui ont été repolies (6 % des dents unitaires et 13 % des bridges), descellement de 11 unitaires et 3 bridges, caries, fractures radiculaires. Les taux de succès cumulatifs (flatteurs) sont de 99,6 % pour les unitaires et de 97,8 % pour les bridges. Les taux de succès selon Watson (plus réalistes) sont respectivement de 67 et 62 %.

Le comportement des restaurations Procera® céramotitane sur 5 ans est bon, mais le taux de fracture de céramique est plus élévé pour les bridges, ce qui peut nous faire éviter ce système pour les bridges étendus.

Pourquoi ?

Le développement d'une méthode combinant usinage et électroérosion pour la fabrication de chapes a permis l'utilisation du titane commercialement pur en prothèse. Les études montrent des qualités d'adaptation interne et cervicale acceptables pour les couronnes réalisées avec le système Procera®. Le composite a été abandonné comme matériau de restauration cosmétique sur ces armatures en titane à cause d'une trop grande fragilité. Les céramiques basse fusion ont obtenu des résultats satisfaisants dans les tests in vitro. Il y a peu d'études cliniques qui évaluent le comportement de ces céramiques sur des armatures en titane. Le but de cette étude est de présenter les résultats cliniques des restaurations Procera® après 5 ans, mais aussi d'évaluer le niveau gingival et le taux de reprise de caries sur ces patients.

Comment ?

Les patients ont été recrutés parmi les patients venus en contrôle annuel à la clinique dentaire publique de Kungshamn (Suède) entre février 1992 et mars 1994. Après 5 ans, 198 patients ont été contrôlés sur les 260 patients de départ. Tous les perdus de vue ou sortis d'étude sont répertoriés. Les restaurations ont été réalisées par 4 dentistes prothésistes selon les recommandations classiques du système Procera®. Au total, 333 restaurations en titane ont été réalisées sur les 260 patients. Cela représente 242 prothèses unitaires et 91 bridges. Le ciment verre-ionomère a été utilisé pour le scellement de 197 restaurations et l'oxyphosphate de zinc pour les 136 autres. L'évaluation des restaurations a été réalisée par les mêmes praticiens selon un protocole standardisé comprenant un questionnaire, l'évaluation de l'état gingival et l'utilisation du système d'évaluation de l'Association dentaire californienne (CDA) pour les couronnes.

Les modes de sélection, d'intervention et d'évaluation sont parfaitement décrits.

Et alors ?

Toutes les couronnes unitaires (242) ont été jugées satisfaisantes à l'origine selon l'index CDA pour ce qui concerne l'état de surface, la teinte et l'adaptation marginale. Pour une seule couronne, la forme anatomique a été jugée perfectible. Il y a eu peu de modifications de l'index CDA pour les 176 couronnes évaluées à 5 ans. Il y a eu 15 fractures ou fêlures de céramique (6 %), dont une qui a nécessité la réfection de la couronne.

Pour les 70 bridges observés après 5 ans, les indices CDA restent satisfaisants. Quatre bridges ont été remplacés : 1 à cause de multiples fractures de céramique, 1 à cause d'une intégrité marginale inacceptable après 5 ans et 2 à cause d'une fracture d'armature titane dans une zone de soudure. Il y a eu 12 bridges qui ont présenté des fractures de céramique (13 %). Onze couronnes et 3 bridges se sont descellés.

Il n'y a pas de différence sur l'état gingival autour des éléments Procera® et des dents naturelles servant de témoins. Il y a plus de plaque dentaire autour des dents naturelles qu'autour des éléments Procera®, mais la différence diminue avec le temps.

Si l'on considère uniquement les éléments perdus à cause de fractures de céramiques, les taux de succès cumulatifs sont de 99,6 % pour les unitaires et de 97,8 % pour les bridges. Si l'on considère les critères de succès utilisés par Walton cf. Synthèse n° 110 : 4), on obtient 67 % pour les unitaires et 62 % pour les bridges.

L'utilisation des critères de succès décrits par Walton est une bonne chose pour tenir compte des diverses complications et causes d'échec.

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