Les dures lois de l'apprentissage
 

Les cahiers de prothèse n° 113 du 01/03/2001

 

Éditorial

Jean Schittly  

Rédacteur en chef

Tout universitaire, tout responsable de formation continue est confronté un jour ou l'autre à l'identification des besoins de leurs interlocuteurs en matière d'apprentissage pour élaborer les différents programmes répondant à leurs attentes.

Il est nécessaire pour cela de connaître les quatre phases incontournables de l'apprentissage qui s'appliquent à tout individu et naturellement, dans notre domaine, aussi bien à l'étudiant en odontologie qu'au praticien en exercice...


Tout universitaire, tout responsable de formation continue est confronté un jour ou l'autre à l'identification des besoins de leurs interlocuteurs en matière d'apprentissage pour élaborer les différents programmes répondant à leurs attentes.

Il est nécessaire pour cela de connaître les quatre phases incontournables de l'apprentissage qui s'appliquent à tout individu et naturellement, dans notre domaine, aussi bien à l'étudiant en odontologie qu'au praticien en exercice :

- avec tout d'abord la phase d'« incompétence inconsciente » où ce qui fait obstacle à la réussite de certains traitements n'a pas encore été identifié.

C'est une période d'insouciance, de quiétude professionnelle qui cesse dès la prise de conscience des difficultés, des échecs, et qui aboutit à la deuxième phase ;

- la phase d'« incompétence consciente » qui révèle les lacunes qui existent pour la pratique d'une thérapeutique ou d'une technique donnée. Commence alors une période de doute, de remise en question, de création d'un besoin de formation pour progresser dans le domaine identifié, ce qui conduit à la troisième phase ;

- la phase de « compétence consciente » qui voit le comportement modifié et la réalisation correcte des actes correspondant à l'apprentissage effectué. Durant cette période, des efforts, de la concentration, une perte de temps sont nécessaires pour appliquer les nouvelles connaissances avant de parvenir à la quatrième phase ;

- la phase de « compétence inconsciente » pour laquelle les automatismes sont acquis et la pratique correcte exécutée sans avoir à y penser.

Ces notions diffusées dans de nombreux ouvrages traitant de la transmission du message pédagogique mettent en lumière les bases du comportement de tout individu face à sa propre formation. Elles montrent, à l'évidence, que seules les connaissances correspondant à un besoin sont efficacement assimilées.

En l'absence de sensibilisation et de motivation, ce n'est donc pas étonnant de voir ces dépenses de temps et d'énergie déployées pour diffuser des connaissances devant des amphithéâtres ou des salles de conférence clairsemées.

Face à des notions dites fondamentales, les étudiants, en particulier, ne perçoivent pas l'application qu'ils pourront en faire et affichent des besoins détournés : ceux, par exemple, de réussir aux examens. (Les réformes successives des programmes d'enseignement tiennent-elles compte de ces constatations ?)

La formation du praticien n'échappe pas à cette règle jusqu'au jour de sa retraite… quoique, si l'on réfléchit bien, pour s'adonner au plaisir du jardinage, il va devoir, de toute façon, entrer dans le cycle incontournable des quatre phases de l'apprentissage, quand il aura pris conscience qu'il n'est pas si facile de tailler ses rosiers ou de bouturer ses géraniums !