Influence sur le parodonte de la situation des limites cervicales des restaurations après 26 ans - Cahiers de Prothèse n° 118 du 01/06/2002
 

Les cahiers de prothèse n° 118 du 01/06/2002

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Le but de cette étude est d'examiner la relation à long terme entre les obturations coronaires et la santé parodontale. La population de l'étude est un groupe d'étudiants norvégiens de 17 à 30 ans suivis sur une période de 4 à 26 ans. L'hygiène est modérée à bonne et les visites de contrôles régulières. À chacune des 7 visites passées entre 1969 et 1995, les faces mésiales et vestibulaires des dents concernées ont été...


À RETENIR :

Le but de cette étude est d'examiner la relation à long terme entre les obturations coronaires et la santé parodontale. La population de l'étude est un groupe d'étudiants norvégiens de 17 à 30 ans suivis sur une période de 4 à 26 ans. L'hygiène est modérée à bonne et les visites de contrôles régulières. À chacune des 7 visites passées entre 1969 et 1995, les faces mésiales et vestibulaires des dents concernées ont été étudiées. Un groupe témoin de 160 patients avec 615 surfaces saines a été comparé au groupe test de 69 patients qui présentaient une obturation à moins de 1 mm du rebord gingival (98 sites). Cette étude confirme l'idée que la présence d'obturations sous-gingivales est nocive à long terme pour le parodonte. La puissance des conclusions de cette étude est limitée par le faible nombre de sujets suivis sur 26 ans.

Pourquoi?

Il est généralement admis que des restaurations inadaptées provoquent une gingivite par accumulation de plaque plus que par irritation mécanique. Des études épidémiologiques, histologiques et des expérimentations cliniques ont démontré cette association. Mais, seules des études longitudinales peuvent déterminer si ces lésions gingivales provoquent une perte du niveau d'attache parodontale. À partir des données d'une étude clinique longitudinale existante (Loë et al., 1978), cette étude teste l'hypothèse que des limites sous-gingivales sont associées à une accumulation de plaque, une inflammation gingivale et une perte d'attache plus importantes que si les limites sont supra-gingivales ou que les dents sont saines.

Comment?

Le groupe de l'étude a été constitué en 1969 à Oslo par 565 étudiants de 17 à 30 ans sélectionnés de façon aléatoire par le bureau norvégien des statistiques. Le groupe témoin a été constitué par 159 patients (615 sites) qui ne présentent aucune obturation ou dont les limites sont à plus de 1 mm de la gencive et qui ont été suivis lors des trois premiers examens en 1969, 1971 et 1973. Le groupe test a été constitué par 69 patients (98 sites) qui ont reçu entre 1969 et 1971 au moins une obturation dont la limite se situe à moins de 1 mm du rebord gingival. Les 7 examens réalisés sur la période de 26 ans ont évalué l'état gingival, la quantité de plaque, de tartre, la perte d'attache, les caries et les restaurations. Un même examinateur réalise les relevés sur les faces mésiale et vestibulaire de chaque dent. Les patients perdus de vue au cours de l'étude sont indiqués. En 1995, il reste, lors du dernier examen, 35 sites tests sur 98 et 237 sites témoins sur 615 initiaux. Les tests de Student ont été utilisés pour comparer les sites tests et témoins.

Et alors?

Les indices de plaque des sites tests (1,57 à 1,77) sont plus élevés que ceux des sites témoins (1,43 à 1,64). Les indices gingivaux sont aussi significativement plus élevés pour chaque période d'observation pour les sites tests (1,03-1,38 contre 0,47-0,88 pour les sites témoins). Il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes pour la présence de tartre. Les valeurs de perte d'attache sont plus élevées dans le groupe test, de façon statistiquement significative lors des évaluations à 4, 6 et 19 ans, sans que la différence ne soit significative après 26 ans.

Cette étude confirme l'idée que les restaurations sous-gingivales sont nocives à long terme pour le parodonte. Cependant, dans cette étude, les différences sont faibles et pas toujours statistiquement significatives. Plusieurs causes possibles: les sujets sélectionnés ont un niveau d'hygiène relativement élevé et des fréquences de consultations assez rapprochées. De plus, la qualité des restaurations réalisées était assez élevée, ce qui explique l'influence modérée sur le parodonte. Enfin, le faible échantillon après 26 ans ne permet pas de donner une force importante aux conclusions.

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