Évaluation sur 5 ans de bridge de 3 éléments en In-Ceram® - Cahiers de Prothèse n° 119 du 01/09/2002
 

Les cahiers de prothèse n° 119 du 01/09/2002

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Vingt bridges céramo-céramiques (In-Ceram®) ont été réalisés chez 18 patients qui présentaient des édentements d'une prémolaire ou une molaire. Les préparations et les réalisations prothétiques ont été réalisées conformément aux recommandations du fabricant (Vita®). Le scellement a été réalisé avec un oxyphosphate de zinc. Le suivi a été effectué annuellement sur une période de 5...


À RETENIR :

Vingt bridges céramo-céramiques (In-Ceram®) ont été réalisés chez 18 patients qui présentaient des édentements d'une prémolaire ou une molaire. Les préparations et les réalisations prothétiques ont été réalisées conformément aux recommandations du fabricant (Vita®). Le scellement a été réalisé avec un oxyphosphate de zinc. Le suivi a été effectué annuellement sur une période de 5 ans.

Deux fractures de bridges ont été mises en évidence. Le premier s'est fracturé après 24 mois ; il remplaçait une première molaire maxillaire. Le second s'est fracturé après 35 mois ; il remplaçait une première molaire mandibulaire.

Dans les deux cas, la fracture est survenue à la liaison entre l'intermédiaire et le moyen d'ancrage.

Sur les 20 bridges scellés, 18 étaient encore en fonction après 5 ans, ce qui représente un taux de survie de 90 %.

Ce taux est plus faible que ceux des bridges céramo-métalliques sur la même période (de 95 à 98,5 % selon les auteurs).

L'amélioration de la résistance à la rupture de la liaison entre l'intermédiaire et le moyen d'ancrage est nécessaire.

Pourquoi ?

La céramique est utilisée dans le secteur antérieur pour la restauration unitaire depuis des dizaines d'années. Ces couronnes « jacket » permettent d'obtenir des adaptations et des résultats esthétiques excellents. Cependant, les propriétés mécaniques de ces céramiques limitaient leur usage aux dents unitaires antérieures. L'apparition de nouvelles céramiques qui utilisent une infrastructure d'oxyde d'alumine frittée infiltrée de verre augmente les indications de l'utilisation des reconstitutions entièrement en céramique. Le but de cette étude est d'évaluer sur 5 ans la résistance du matériau In-Ceram® utilisé pour des bridges de 3 éléments remplaçant une prémolaire ou une molaire.

Comment ?

Sur un groupe de 25 patients âgés de 25 à 70 ans qui présentaient une indication de un ou deux bridges de 3 éléments pour remplacer une prémolaire ou une molaire, 18 sont inclus dans l'étude. Quatre dentistes réalisent 20 bridges sur ces 18 patients. Leur expérience clinique varie de 3 à 20 ans. Les préparations sont réalisées de telle façon qu'il existe une épaisseur minimale de 1,7 mm en occlusal et de 1,5 mm en vestibulaire et en lingual. La limite cervicale de préparation est un épaulement à 90°à angle interne arrondi. La profondeur de préparation à cet endroit est de 1,2 mm. Une convergence de 15° des parois est recherchée. Les limites cervicales sont juxtagingivales. Un fil de coton tressé (Ultrapak®) imprégné de sulfate de fer (Astringedent®) est utilisé pour l'éviction gingivale avant empreinte. L'empreinte des préparations est réalisée avec une silicone A (President®) en 1 temps 2 viscosités. L'arcade antagoniste est enregistrée à l'aide d'un hydrocolloïde irréversible (Svedia®). Les rapports occlusaux sont enregistrés avec une cire renforcée avec de l'aluminium (Alminax®). Les procédures de laboratoires sont réalisées par des techniciens selon les indications du fabricant (Vita®). Les infrastructures sont vérifiées par le clinicien. Deux ont été refaites. Un diamètre minimal de l'infrastructure de 3 mm est exigé dans la zone de jonction entre l'intermédiaire de bridge et le moyen d'ancrage. Aucun scellement temporaire n'est réalisé. Les essais et les retouches sont réalisés dans la même séance avant le scellement avec un ciment oxyphosphate de zinc. L'évaluation finale est réalisée 1 à 2 semaines après. Les patients sont revus à 6 et 12 mois et ensuite tous les ans.

Et alors ?

Aucune correction n'a été nécessaire lors du contrôle à 1 ou 2 semaines. Tous les bridges sont en place à 6 et 12 mois. Sur la période de 5 ans, deux fractures de bridges ont été mises en évidence. Le premier, réalisé par un clinicien qui avait 8 ans d'expérience et avait posé 7 des 20 bridges réalisés, s'est fracturé après 24 mois ; il remplaçait une première molaire maxillaire. Le second, réalisé par un clinicien qui avait 3 ans d'expérience et avait posé 11 des 20 bridges réalisés, s'est fracturé après 35 mois ; il remplaçait une première molaire mandibulaire. Dans les deux cas, la fracture est survenue à la liaison entre l'intermédiaire et le moyen d'ancrage. Les deux patients étaient des hommes d'environ 50 ans.

Sur les 20 bridges scellés, 18 étaient encore en fonction après 5 ans, ce qui représente un taux de survie de 90 %.

Le taux de 90 % de cette étude doit être comparé avec les taux de 95 % à 5 ans pour les bridges céramo-métalliques rapportés par Creugers et al. en 1994 et Scurria et al. en 1998 et le taux de 98,5 % de Glantz et al. en 1993. À noter une troisième fracture 6 mois après la fin de l'étude (donc 85 % à 66 mois !).