Équilibrations occlusales et désordres temporo-mandibulaires - Cahiers de Prothèse n° 120 du 01/12/2002
 

Les cahiers de prothèse n° 120 du 01/12/2002

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR:

L'équilibration occlusale a longtemps été un moyen de traitement des désordres temporo-mandibulaires (DTM).

De récentes publications remettent en cause ce concept. Cette étude recherche dans la littérature si l'équilibration occlusale est utile pour réduire le bruxisme ou les symptômes de DTM.

Onze études ont été analysées de façon critique par les auteurs pour rechercher des éléments de preuve pour recommander...


À RETENIR:

L'équilibration occlusale a longtemps été un moyen de traitement des désordres temporo-mandibulaires (DTM).

De récentes publications remettent en cause ce concept. Cette étude recherche dans la littérature si l'équilibration occlusale est utile pour réduire le bruxisme ou les symptômes de DTM.

Onze études ont été analysées de façon critique par les auteurs pour rechercher des éléments de preuve pour recommander des indications de l'équilibration occlusale. La plupart des études utilisent une équilibration factice comme situation alternative. Les preuves expérimentales ne sont pas assez probantes ni assez puissantes pour recommander l'utilisation de l'équilibration occlusale comme moyen de traiter les DTM chroniques, le bruxisme ou les maux de tête. Les ajustements occlusaux irréversibles ne sont pas les choix logiques ou recommandés pour traiter les DTM. Les moyens réversibles sont préférables.

Pourquoi?

L'équilibration occlusale a longtemps été préconisée comme moyen de traitement des désordres temporo-mandibulaires (DTM). En 1996, lors d'un congrès du National Institute of Health sur les DTM, il a été précisé qu'il n'existe aucun essai clinique qui prouve la supériorité de l'équilibration occlusale sur les techniques non invasives. Le but de cette étude est de savoir si l'équilibration occlusale peut réduire le bruxisme ou les symptômes de DTM.

Comment?

Cet article a utilisé 11 essais cliniques en langue anglaise incluant 413 patients avec soit un bruxisme (n = 59), soit une DTM (n = 219), soit des maux de tête et une DTM (n = 91), soit une douleur cervicale chronique (n = 40). Une analyse critique de chaque article a été réalisée.

Le mode de sélection des articles n'est pas précisé. La méthodologie d'analyse est par contre pertinente et adaptée.

Et alors?

Il n'y a pas, dans la littérature, d'articles qui aient évalué l'efficacité de 2 méthodes ou plus d'ajustement occlusal.

Un des problèmes principaux de la littérature disponible est la définition de la DTM. Dans la plupart des cas, il s'agit de désordres temporo-mandibulaires chroniques sans rapport avec les dents. Une telle définition ne permet pas de savoir si l'équilibration occlusale est aussi bonne ou mauvaise pour les arthrites, les dérangements articulaires et les douleurs musculaires.

Forssell et al. ont réalisé en 1999 une revue de synthèse des essais cliniques randomisés sur le sujet. La qualité générale de ces essais est assez faible. Ils suggèrent que les gouttières occlusales peuvent être utiles dans le traitement des DTM, mais que les preuves pour l'utilisation de l'équilibration occlusale manquent.

Les conclusions de cette revue sont identiques à celle de Forssell et al.

Elles sont en accord avec les recommandations publiées par l'Académie américaine de douleurs orofaciales en 1996 et avec les conclusions de la conférence de la NIH selon lesquelles il n'y a pas d'essai clinique qui montre que l'équilibration occlusale est plus efficace que les techniques non mutilantes.

L'équilibration occlusale n'est pas la technique de choix pour traiter le bruxisme nocturne ou les problèmes de DTM chroniques sans lien avec des dents, comme les douleurs musculaires, les arthrites ou les dérangements articulaires internes.

Il faut préférer les moyens réversibles de traitement des DTM chroniques aux moyens irréversibles.

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