Revue de synthèse des complications biologiques et mécaniques en dentisterie implantaire décrites dans des études prospectives de plus de 5 ans - Cahiers de Prothèse n° 122 du 01/06/2003
 

Les cahiers de prothèse n° 122 du 01/06/2003

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Lors du 4e European Workshop on Periodontology en février 2002, les revues de synthèses ont été utilisées pour analyser la pratique parodontale et implantaire. L'article de Berglundh et al. utilise cette méthodologie d'analyse de la littérature pour évaluer la prévalence des complications biologiques ou mécaniques en dentisterie implantaire dans les articles qui ont été publiés jusqu'en décembre 2001 et...


À RETENIR :

Lors du 4e European Workshop on Periodontology en février 2002, les revues de synthèses ont été utilisées pour analyser la pratique parodontale et implantaire. L'article de Berglundh et al. utilise cette méthodologie d'analyse de la littérature pour évaluer la prévalence des complications biologiques ou mécaniques en dentisterie implantaire dans les articles qui ont été publiés jusqu'en décembre 2001 et proposant un recul clinique de plus de 5 ans. Les critères d'inclusion et de sélection des articles sont parfaitement décrits, les biais limités. Sur les 1314 articles sélectionnés, seuls 51 ont été retenus pour cette revue.

Les pertes d'implants sont les complications le plus fréquemment décrites (96 à 100 %). Les complications biologiques et mécaniques sont rapportées respectivement dans 40 à 60 % ou 60 à 80 % des études. La prévalence des complications est probablement sous-estimée et doit être interprétée avec précaution. Les complications sont plus nombreuses avec les prothèses supra-implantaires.

Pourquoi?

En 1999, lors du 3e European Workshop on Periodontology, des recommandations ont été formulées pour l'élaboration d'essais cliniques en implantologie. La période de suivi doit être d'au moins 5 années et les complications et la satisfaction du patient doivent être enregistrées. On distingue les complications biologiques caractérisées par un processus biologique qui affecte les tissus supportant l'implant et les complications mécaniques de l'implant ou des composants qui lui sont liés.

Le but de cette revue de synthèse est de déterminer l'incidence des différentes complications liées à la thérapeutique implantaire dans les études prospectives longitudinales de plus de 5 ans.

Comment?

Les études incluses dans cette revue de synthèse étaient des études prospectives longitudinales avec une période de suivi de plus de 5 ans. Ont été exclues les études dans lesquelles moins de 80 % des sujets initiaux ont été examinés après 5 ans ou si les données de l'observation à 5 ans ne sont pas disponibles. Une recherche MED-LINE a été conduite sur les articles en anglais publiés jusqu'à décembre 2001. Les termes utilisés sont tous listés. Une recherche manuelle a été réalisée dans des sources citées. Les articles sélectionnés sont analysés de façon indépendante par 2 personnes pour les résumés et titre et par 2 autres pour les textes complets. La concordance des avis des lecteurs est vérifiée par test statistique de Kappa.

Et alors?

Sur les 1310 articles retenus par la recherche informatique, seuls 159 ont été retenus pour une analyse approfondie. Les principaux critères d'exclusion sont: étude rétrospective, période de suivi insuffisante, données insuffisantes. La recherche manuelle a donné 4 articles supplémentaires. Après analyse des articles complets, seuls 51 articles ont été retenus et utilisés pour évaluer les complications en fonction du type de traitement réalisé (complet fixe ou amovible, partiel, unitaire…).

Les conclusions suivantes ont été tirées:

- les pertes d'implants sont les complications le plus fréquemment décrites (96 à 100 %). Les complications biologiques et mécaniques sont rapportées respectivement dans 40 à 60 % ou 60 à 80 % des études;

- les pertes d'implants avant mise en charge représentent 2,5 %;

- les pertes d'implants après mise en charge représentent 2 à 3 % des implants supportant une prothèse fixe et 5 % en cas de prothèse supra-implantaire;

- il existe peu de données sur les pertes d'implants dans les cas de mise en charge immédiate, précoce ou associées à des augmentations osseuses;

- seuls 41 % des études sélectionnées reportent des pertes de sensibilité de plus d'un an avec une prévalence de 1 à 3 % ;

- une prévalence plus forte des complications des tissus mous est rapportée pour les prothèses supra-implantaires ;

- il y a peu d'informations sur la prévalence des péri-implantites ou des pertes osseuses de plus de 2,5 mm après 5 ans, notamment à cause du manque de données sur les sondages ou le suivi radiologique;

- les fractures d'implants se produisent dans moins de 1 % des cas;

- la prévalence des complications mécaniques est plus forte dans les cas de prothèses supra-implantaires.