Évaluation clinique des bridges en composite fibré sur 1 à 4 ans - Cahiers de Prothèse n° 124 du 01/12/2003
 

Les cahiers de prothèse n° 124 du 01/12/2003

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Le remplacement d'une dent unitaire absente peut être réalisé de façon fiable et peu mutilante pour les dents adjacentes par une prothèse sur implant.

Les bridges collés sont aussi des solutions moins invasives que les bridges conventionnels avec préparation périphérique des dents supports. L'utilisation des techniques adhésives et des matériaux composites récents renforcés par des armatures en fibres de verre permet...


À RETENIR :

Le remplacement d'une dent unitaire absente peut être réalisé de façon fiable et peu mutilante pour les dents adjacentes par une prothèse sur implant.

Les bridges collés sont aussi des solutions moins invasives que les bridges conventionnels avec préparation périphérique des dents supports. L'utilisation des techniques adhésives et des matériaux composites récents renforcés par des armatures en fibres de verre permet désormais la réalisation de bridges avec ancrage par inlay. Le système Targis/Vectris® (Ivoclar-Vivadent) est commercialisé depuis 1996. Cette étude évalue le comportement de ces restaurations pour le remplacement de molaires sur 30 patients avec 2 types d'armatures fibrées différentes sur une période de 1 à 4 ans. Avec les limites de la méthodologie imparfaite de l'étude, les conclusions suivantes peuvent être tirées:

- les bridges d'inlay en Targis/Vectris® ne présentent pas de décollement ni de fracture d'armature sur la courte période de l'étude;

- lorsqu'elles se produisent, les fractures de composite sont difficilement réparables en bouche, elles nécessitent souvent la réfection du bridge, sauf si le volume est faible;

- la modification de forme de l'armature semble diminuer le risque de fracture;

- la détérioration de la teinte initiale du bridge est présente dans 29 % des cas.

Des études avec des échantillons plus importants sont indispensables pour confirmer ces résultats.

Pourquoi?

Le traitement conventionnel d'un édentement unitaire était la réalisation d'un bridge avec les pertes tissulaires inhérentes aux préparations dentaires nécessaires. Les bridges collés et les implants sont des alternatives plus conservatrices et en partie réversibles. Des composites renforcés par l'adjonction de fibres sont très utilisés en dentisterie. Leur mise en œuvre au laboratoire est assez simple et une liaison forte existe entre les fibres et le composite. Le système Targis/Vectris® a été introduit en 1996. Les fractures avec ce système se produisent toujours à l'interface résine/fibres ou dans le matériau Targis® lui-même. L'armature classique a une forme ovoïde avec des fibres parallèles. Des portes-à-faux existent en vestibulaire et en lingual sur cet élément intermédiaire du bridge d'onlay. Une modification de cette armature fibrée est réalisée pour limiter ces portes-à-faux. Le but de cette étude est d'évaluer le comportement de ces bridges d'inlay postérieurs en composite fibré dans le temps et de comparer les deux types d'armature.

Comment?

Au total, 30 patients ont été sélectionnés pour participer à l'étude. Ils ne souhaitaient pas de traitement implantaire. Ils devaient avoir entre 18 et 60 ans, être en bonne santé et avoir un parodonte sain.

Entre janvier 1998 et janvier 2002, 41 bridges d'inlay en Targis/Vectris® ont été réalisés. L'armature en fibre de l'élément intermédiaire est cylindrique pour 19 bridges (groupe 1); elle est ovoïde et ressemble à une armature métallique pour soutenir le cosmétique sus-jacent pour 22 bridges (groupe 2). Les étapes cliniques et de laboratoire sont décrites et conformes aux recommandations du fabricant. Un évaluateur contrôle toutes les restaurations après le polissage final et à 6, 12, 24 et 48 mois après insertion, selon les critères de l'US Public Health Service (USPHS). Les scores sont: A si idéal, B si acceptable et C si inacceptable. Les décollements partiels ou totaux et les fractures de composite ou d'armature sont considérés comme des échecs.

Il n'existe pas de randomisation de l'attribution du traitement. De plus, la chronologie de réalisation des 2 types d'armature n'est pas précisée.

Et alors?

Aucun décollement des bridges d'inlay ou fracture des armatures ne sont survenus sur la période de l'étude.

Trois fractures adhésives de composite sur les cuspides vestibulaires de l'élément intermédiaire sont survenues dans le groupe 1 respectivement après 3, 4 et 8 mois. Elles ont été réparées en bouche, mais dans 2 cas, les bridges ont été refaits entièrement, car la réparation de composite s'est décollée.

Une fracture cohésive de composite est survenue sur un élément d'ancrage dans le groupe 2 après 46 mois. La réparation en bouche a permis de conserver le bridge.

Quatre patients ont rapporté des sensibilités postopératoires. Elles ont totalement disparu après 6 mois au plus.

Les faibles modifications cliniques des dents supports ne sont pas statistiquement significatives sur la durée de l'étude.

Lors du dernier rappel, 29 % des bridges ne présentent plus une teinte idéale (score B).

Le taux de survie du groupe 1 est plus faible, mais aucune différence statistiquement significative avec le groupe 2 ne peut être mise en évidence, car les échantillons des 2 groupes sont trop faibles (19 et 22).