Parodontie médicale - Cahiers de Prothèse n° 124 du 01/12/2003
 

Les cahiers de prothèse n° 124 du 01/12/2003

 

Bibliographie

Jean-Marc Dersot  

Pendant de nombreuses années, lesouvrages de parodontie en langue françaiseétaient rares et n'étaient que destraductions de quelques « bibles »(Glickman, Rateitschak, Lindhe), toujoursdécalées de quelques années par rapportaux ouvrages originaux.

Depuis peu, les parodontistes françaissont devenus prolixes puisque l'on compteaujourd'hui pas moins de 5 ouvragesrécents (Bercy et Tenenbaum, Genon 1et 2, Detienville, Mattout). D'autres sont enpréparation.

Jacques...


Pendant de nombreuses années, lesouvrages de parodontie en langue françaiseétaient rares et n'étaient que destraductions de quelques « bibles »(Glickman, Rateitschak, Lindhe), toujoursdécalées de quelques années par rapportaux ouvrages originaux.

Depuis peu, les parodontistes françaissont devenus prolixes puisque l'on compteaujourd'hui pas moins de 5 ouvragesrécents (Bercy et Tenenbaum, Genon 1et 2, Detienville, Mattout). D'autres sont enpréparation.

Jacques Charon et Christian Mouton ontrécemment publié aux Éditions CdP unpavé intitulé Parodontie médicale. Tironsimmédiatement un coup de chapeau auxauteurs : la densité de ce livre, l'énormebibliographie très actualisée, les nombreusesillustrations, tout cela sous-entendun travail gigantesque.

Pour ceux qui suivent de loin l'évolutionde la parodontie, ils ont certainemententendu parler d'une opposition, aujourd'hui obsolète, dans le traitement desparodontites, entre les fervents défenseursdu « non-chirurgical » et les partisansdu « chirurgical ».

Jacques Charon s'est toujours érigé avecun grand plaisir en porte-parole du « non-chirurgical ». Les auteurs écriventd'ailleurs : « Nous reconnaissons avoirmaladroitement alimenté cette polémique. » Ils se veulent d'ailleurs d'embléeprovocateurs - comme Jacques Charonsait l'être -, car le premier chapitre intituléÉvaluation de la méthode conventionnelle(bilan parodontal, préparation initiale,réévaluation, chirurgie, prothèse si nécessaire,maintenance) cherche à démontrerque cette philosophie de traitement classiquen'est pas toujours adaptée à certainesformes de parodontite.

Ce manuel de parodontie aborde lessujets communément traités dans bonnombre d'ouvrages sur ce domaine.L'histologie apparaît dans le chapitre surle parodonte sain et permet de comprendreles 4 composantes du parodonte(gencive, os, cément, desmodonte). Leparodonte pathologique et les 4 conditionsà réunir pour déclencher les pertesd'attache sont amplement développés.Ces premiers chapitres constituent unemise au point très actuelle et devraientêtre lus par tous les praticiens, sansexception. L'épidémiologie est examinéeici sous un angle relativement clinique,contrairement à d'autres ouvrages danslesquels ce chapitre s'apparente souventplus à un catalogue de l'OMS.

Bien que la prévention, les antiseptiqueset les antibiotiques soient en partie présentéssous une forme de catalogue, dutype Vidal® ou dictionnaire Pred® (lorsquecelui-ci existait encore), leurs actions etleurs indications sont clairement exposées.Ce n'est qu'au chapitre 10 (ce livreen compte 18) qu'est discuté le diagnosticen parodontie.

Plus de la moitié de cet ouvrage couvredonc tout ce qu'il faut connaître aujourd'hui,pour essayer de comprendre ceque sont les parodontites avant de pouvoirles traiter. Il ne suffit pas en effet dechercher des recettes miracles dans unséminaire de quelques jours si lesconnaissances fondamentales ne sontpas acquises. On agit mieux lorsque l'oncomprend pourquoi !

Le diagnostic parodontal actuel ne seborne pas à une fiche de sondage avec6 mesures par dent (soit presque 200 piqûres à imposer au patient). Outre l'identificationde la maladie en se référant à uneclassification des maladies parodontales,personnelle à l'auteur et ne correspondantpas à la dernière classification de 1999, un diagnostic bactérien et biologique est nécessaire. Le chapitre 11 est logiquement consacré au bilan parodontal et à l'arrêt de la progression des pertes d'attache. Y est expliquée la technique développée par Paul Keyes qui associe l'eau oxygénée et le bicarbonate de soude. Cette technique, qui s'avère très performante, est aujourd'hui utilisée à tort et à travers par des praticiens qui pensent que le traitement se borne à faire une ordonnance avec ces 2 produits, sans diagnostic avant, ni suivi après. Ce chapitre porte essentiellement sur les courriers destinés au patient et au correspondant. Contrairement à l'omnipraticien qui n'a qu'un groupe à gérer - ses patients -, tout exercice exclusif génère une communication vers 2 groupes distincts et complémentaires - les patients et les praticiens référents.

Partant de l'antienne, tant répétée depuis plus de 35 ans, que les parodontites sont des maladies infectieuses, il convient d'identifier et de contrôler la composante infectieuse (par antiseptiques et/ou antibiotiques). Ensuite, il ne reste plus qu'à éliminer le tartre qui constitue le seul obstacle à la ré-attache sur les surfaces radiculaires. En faisant un parallèle avec la technique de la lithotritie (qui vise à pulvériser les calculs rénaux avec des ultrasons), les auteurs s'intéressent, dans le chapitre 12, à la lithotritie parodontale.

À une époque où il est question de pratique fondée sur les preuves, si le monde parodontal adhère totalement à l'idée que l'élimination du tartre doit être un des principaux objectifs, le terme de lithotritie parodontale n'engage encore que ces auteurs. D'ailleurs, le chapitre intitulé Lithotritie parodontale chirurgicale montre que la philosophie du non-chirurgical a aussi des limites que la technique chirurgicale permet de dépasser, ce qui a déjà été confirmé depuis longtemps par de nombreuses publications. Mais, attention, c'est une chirurgie qui se limite au soulèvement de quelques papilles pour accéder aux surfaces radiculaires. Ceux qui cherchent des illustrations de phases chirurgicales « qui saignent » devront se reporter aux ouvrages cités précédemment, car rien n'est présenté sur ce point dans ce livre.

Le dernier chapitre de cet ouvrage conséquent, peut-être le plus intéressant pour les non-initiés au traitement des parodontites, montre des cas cliniques traités selon cette philosophie de traitement. Il prouve ainsi à ceux qui ont encore des doutes que la « paro », ça marche, preuves à l'appui !