Étude prospective sur 20 ans du système implantaire Brånemark dans le traitement de l'édentement complet mandibulaire
 

Les cahiers de prothèse n° 125 du 01/03/2004

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Le traitement de l'édentement complet mandibulaire par une prothèse fixe sur implants est le traitement le mieux documenté dans la littérature. Des études sur plus de 10 ans ont été publiées par diverses équipes utilisant le système Brånemark.

Les résultats à moins de 10 ans obtenus par d'autres systèmes (ITI, Åstra) ont été également publiés. L'intérêt de cette étude est de présenter les résultats sur une...


À RETENIR :

Le traitement de l'édentement complet mandibulaire par une prothèse fixe sur implants est le traitement le mieux documenté dans la littérature. Des études sur plus de 10 ans ont été publiées par diverses équipes utilisant le système Brånemark.

Les résultats à moins de 10 ans obtenus par d'autres systèmes (ITI, Åstra) ont été également publiés. L'intérêt de cette étude est de présenter les résultats sur une période de 20 ans du traitement de 47 patients complètement édentés à la mandibule par des prothèses fixes sur 273 implants standard de 10 mm. Après 20 ans, 30 patients ont été examinés.

Seuls 3 implants ont été perdus et 2 prothèses ont été refaites, ce qui donne des taux de survie cumulatifs respectifs de 98,9 et de 95,6 % après 20 ans.

Les complications prothétiques sont assez rares (dévissage de vis prothétique), toutes les prothèses conservent les dents en résine d'origine. Quelques hyperplasies ou douleurs gingivales sont notées chez 6 patients.

Une prothèse fixe sur 5 ou 6 implants est un moyen fiable sur le très long terme (20 ans) pour traiter des patients totalement édentés à la mandibule.

Pourquoi?

Le but de cette étude est d'évaluer, de façon prospective, le comportement clinique et radiologique de prothèses fixées sur des implants ostéointégrés sur une période de plus de 20 ans. En effet, de nombreuses études montrent l'efficacité du traitement de l'édentement complet mandibulaire par des prothèses fixes sur implants. Cependant, la plupart sont rétrospectives ou sur du moyen terme.

Comment?

Cette étude est le prolongement d'une étude prospective débutée entre 1978 et 1982.

Le groupe initial comprenait 47 patients de 34 à 67 ans (14 hommes et 33 femmes). Un total de 273 implants Brånemark standard de 10 mm a été placé selon le protocole classique en deux temps chirurgicaux. Les patients ont reçu 6 implants (43 cas) ou 5 implants (3 cas). Des piliers cylindriques ont été mis en place après 4 mois d'ostéointégration et une prothèse fixe en or de type III et résine a été réalisée avec des extensions postérieures de 15 mm environ. Les arcades antagonistes étaient majoritairement des prothèses complètes. Pour 13 patients, un bridge fixe sur implants a aussi été réalisé au maxillaire.

La durée moyenne de suivi de cette étude est de 21,4 ans (SD = 1,1). L'examen clinique vérifiait la stabilité clinique de la prothèse, l'état mucogingival et l'occlusion.

Des radiographies rétro-alvéolaires permettaient la mesure des niveaux osseux par rapport au niveau de référence situé 0,8 mm sous la limite entre l'implant et le pilier.

Les taux de survie cumulatifs ont été calculés pour les implants et les prothèses.

Un suivi prospectif sur une aussi longue période est rare dans un domaine où l'on veut de plus en plus nous vendre des « nouveautés » sans aucun recul clinique.

Et alors?

Après 15 ans, seuls 3 patients sur 47 n'avaient pas été examinés. Après 20 ans, 17 patients n'ont pas été examinés (dont 7 décès et 5 malades). Trente patients représentant 179 implants ont été examinés.

Sur la période de 20 ans, seuls 3 implants ont été perdus: 2 avant connexion de la prothèse et un autre après 6 ans. Le taux de survie cumulatif pour les implants est de 98,9 % après 20 ans. Seules 2 prothèses ont été refaites en 20 ans. Les prothèses fonctionnent toujours avec les dents en résine d'origine. Le taux de survie cumulatif pour les prothèses originelles est de 95,6 %. Tous les patients ont conservé une prothèse fixe sur implants (CSR = 100 %).

Les patients ont eu en moyenne 2,9 visites de contrôle (SD = 2,7) sur les 5 dernières années. Vingt-cinq patients (83 %) n'ont eu aucune complication entre les années 15 et 20. Les problèmes muco-gingivaux ont été notés pour 6 patients dont 4 qui présentaient des implants avec des spires exposées.

Lors de l'examen radiographique à 15 ans, la perte osseuse moyenne à partir du point de référence était de 1,4 mm (SD = 0,4). Lors de l'examen à 20 ans, elle est de 1,6 mm (SD = 0,9), soit 0,2 mm entre la 15e et la 20e année. Il existe des variations individuelles, mais 89,9 % des implants ont perdu moins de 2,5 mm après 20 ans.

Les implants situés antérieurement perdent légèrement plus d'os que les implants postérieurs.

Un taux de patients perdus de vue de 25 % après 20 ans (30 examinés sur 40 vivants) est faible. Les taux de survie après 20 ans sont excellents.