Comparaison entre prothèse amovible complète mandibulaire traditionnelle et supra-implantaire - Cahiers de Prothèse n° 126 du 01/06/2004
 

Les cahiers de prothèse n° 126 du 01/06/2004

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

L'efficacité de l'adjonction de 2 implants pour stabiliser une prothèse amovible complète (PAC) traditionnelle est désormais reconnue. Cette étude compare les deux options de traitement (avec ou sans implant) en termes d'efficacité masticatoire et de satisfaction des patients. Elle est réalisée de façon prospective et randomisée pour 121 patients édentés bimaxillaires sur une période de 10 ans. Les 61 patients du groupe prothèse sur...


À RETENIR :

L'efficacité de l'adjonction de 2 implants pour stabiliser une prothèse amovible complète (PAC) traditionnelle est désormais reconnue. Cette étude compare les deux options de traitement (avec ou sans implant) en termes d'efficacité masticatoire et de satisfaction des patients. Elle est réalisée de façon prospective et randomisée pour 121 patients édentés bimaxillaires sur une période de 10 ans. Les 61 patients du groupe prothèse sur implants (PSI) ont reçu 2 implants Nobel Biocare® ou IMZ® et une barre ronde d'Ackerman. Les divers critères d'évaluation ont été enregistrés à 1, 5 et 10 ans après mise en place des prothèses.

Les patients du groupe PSI ont moins de doléances envers leur PAC mandibulaire, peuvent mieux manger des aliments mous ou durs et sont globalement plus satisfaits que ceux du groupe PAC, et ceci aux évaluations à 1 et 5 ans. À 10 ans, les doléances sont toujours plus faibles et la satisfaction supérieure.

Cette étude confirme les recommandations de la conférence de consensus de Montréal de mai 2002 qui préconise la PSI sur 2 implants comme traitement de première intention de l'édentement mandibulaire.

Pourquoi?

Les pertes de stabilité et de rétention et la diminution d'efficacité masticatoire sont des plaintes fréquentes des porteurs de prothèses complètes mandibulaires. Une des options de traitement est d'utiliser des implants et de réaliser une prothèse supra-implantaire (PSI). De nombreuses études ont montré que cette option de traitement est efficace. Cependant, peu d'études évaluent le devenir de PSI de façon prospective sur 10 ans. La satisfaction des patients doit aussi être évaluée et comparée de façon indépendante entre porteurs de PAC et de PSI.

Le but de cette étude clinique randomisée est de comparer les paramètres cliniques, le suivi chirurgical et prothétique, la satisfaction des patients et l'efficacité masticatoire des patients porteurs de PAC ou de PSI sur une période de 10 ans.

Comment?

Les critères d'inclusion, classiques, sont bien décrits. La répartition des patients dans les 2 groupes (PAC ou PSI) a été réalisée de façon aléatoire par ordinateur. Tous les patients ont été traités dans le même service de l'hôpital universitaire de Groningen par deux chirurgiens et deux prothésistes expérimentés. Chacun des 61 patients du groupe PSI a reçu 2 implants. Les systèmes Brånemark® ou IMZ® ont été utilisés indifféremment et de façon aléatoire. Les patients ont reçu après cicatrisation une barre ronde d'Ackerman et une nouvelle prothèse maxillaire. Les 60 patients du groupe PAC ont reçu de nouvelles prothèses complètes maxillaire et mandibulaire.

Les paramètres cliniques classiques ont été enregistrés pour le groupe PSI. L'analyse radiographique a été réalisée sur des radiogrammes panoramiques pris à 1, 5 et 10 ans après mise en fonction de la PSI. Les suivis chirurgical et prothétique ont été réalisés sur la même période.

La satisfaction des patients a été évaluée par un questionnaire avant traitement, à 1 an, puis 5 et 10 ans. Il mesure les doléances pour la prothèse mandibulaire et la prothèse maxillaire, la capacité à mastiquer des aliments mous, des aliments durs et enfin détermine une note de satisfaction globale de 1 à 10.

La possibilité qui est donnée au patient après 1 an de port de PAC de recevoir 2 implants et une PSI pose un problème de traitement des résultats obtenus.

Et alors?

Quatre implants ont été perdus dans la première année (1 Brånemark et 3 IMZ) et quatre autres entre la première et la cinquième année (3 Brånemark et 1 IMZ). Tous ont été remplacés avec succès. Aucun autre implant n'a été perdu ensuite. Il n'y a pas de différence entre les 2 types d'implants pour les indices cliniques enregistrés ou pour les modifications radiologiques.

La satisfaction des patients des 2 groupes était identique avant traitement.

Après 1 an et 5 ans, le groupe PSI est plus satisfait sur l'ensemble des paramètres, sauf les griefs envers la PAC maxillaire qui sont équivalents à ceux du groupe PAC.

Après 10 ans, le groupe PSI a moins de problème avec sa prothèse mandibulaire et présente un indice de satisfaction plus élevé.

Quatorze porteurs de PAC ont souhaité avoir recours aux implants entre 1 et 5 ans et 10 autres entre 5 et 10 ans, ce qui représente 40 % du nombre initial de ce groupe!

Les complications prothétiques des porteurs de PAC auraient nécessité une description individualisée. À noter en cours d'étude les changements de barre ronde d'Ackerman pour des barres ovoïdes de Dolder et de dents postérieures en résine pour des dents porcelaine.