Évolution des conditions parodontales et péri-implantaires : étude prospective sur 10 ans - Cahiers de Prothèse n° 126 du 01/06/2004
 

Les cahiers de prothèse n° 126 du 01/06/2004

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

La genèse de l'implantologie a été associée à des édentements complets qui présentent des caractéristiques bactériologiques particulières. L'utilisation des implants sur des patients partiellement édentés, souvent atteints de maladie parodontale, a obligé à considérer les relations entre les environnements parodontaux et péri-implantaires. Les buts de cette étude sont :

1. de suivre les modifications cliniques et...


À RETENIR :

La genèse de l'implantologie a été associée à des édentements complets qui présentent des caractéristiques bactériologiques particulières. L'utilisation des implants sur des patients partiellement édentés, souvent atteints de maladie parodontale, a obligé à considérer les relations entre les environnements parodontaux et péri-implantaires. Les buts de cette étude sont :

1. de suivre les modifications cliniques et radiologiques autours des dents et des implants ;

2. de chercher une association entre les modifications parodontales et péri-implantaires sur une période de 10 ans ;

3. de chercher d'éventuels facteurs de risque d'aggravation des problèmes rencontrés Un total de 89 patients partiellement édentés ont été suivis sur 10 ans. Les 179 implants ITI® creux ont été placés après traitement parodontal initial.

Après 10 ans, il existait des différences statistiquement significatives entre les implants et les dents témoins pour la plupart des paramètres cliniques et radiologiques. Les pertes d'attache étaient plus marquées autour des implants au maxillaire. Le tabagisme, la santé générale, la localisation de l'implant, les pertes d'attache de l'ensemble des arcades sont des facteurs de risque de perte osseuse augmentée autour des implants après 10 ans.

Pourquoi?

Plus de 2 millions d'implants sont actuellement posés par an dans le monde. Ce nombre devrait croître dans les années à venir. Les mécanismes de défense de l'hôte autour des piliers implantaires doivent être connus. De nombreuses études ont comparé les structures parodontales et péri-implantaires. Cependant, la corrélation entre susceptibilité à la maladie parodontale et susceptibilité au développement d'une péri-implantite n'est pas bien établie.

Le but de cette étude est de comparer les modifications cliniques et radiologiques d'une population présentant des susceptibilités diverses à la maladie parodontale sur une période de 10 ans et de déterminer d'éventuels facteurs de risque d'aggravation des conditions parodontales.

Comment?

Les patients inclus dans cette étude ont été traités à l'École de médecine dentaire de l'Université de Berne pour une maladie parodontale avant la mise en place des implants ITI®. Les constructions prothétiques ont été réalisées 4 à 6 mois après la mise en place des implants. Une thérapeutique de maintenance a été réalisée tous les 3 à 6 mois et les éventuelles péri-implantites ont été traitées selon le protocole de Lang et al. de 2000. Les mêmes examens cliniques et radiographiques ont été réalisés 1 et 10 ans après la mise en place des implants. Les paramètres cliniques traditionnels ont été enregistrés. Les radiographies ont été obtenues avec des angulateurs personnalisés et examinées par un même examinateur. Les analyses statistiques ont comparé les données des implants avec les dents symétriques sur la même arcade et les analyses de régression multiples ont tenté de relever des corrélations avec les facteurs de risque.

Et alors?

Sur les 127 patients initiaux, seuls 89 ont été disponibles pour le suivi (9 décès, 29 déménagements). Ces patients représentaient 179 implants ITI® creux (112 vis, 67 cylindres).

Sur 1770 dents présentes initialement, 87 ont été extraites, soit un taux de survie de 95 % à 10 ans.

Une détérioration des conditions parodontales et une diminution du support osseux a été observée de façon comparable pour les implants et les dents témoins. Les profondeurs mesurées au sondage sont plus importantes autour des implants.

Les implants placés à la mandibule présentent moins de perte d'attache et des profondeurs mesurées au sondage plus faibles que les implants du maxillaire.

Les facteurs suivants sont associés à des pertes osseuses plus marquées autour des implants : tabac, problèmes de santé, localisation des implants, évolution du niveau d'attache de l'arcade considérée.

Aucune information n'est fournie sur d'éventuelles pertes d'implants creux.