Traitement implantaire associé à une augmentation vestibulaire du volume crestal : étude prospective sur 3 ans - Cahiers de Prothèse n° 127 du 01/09/2004
 

Les cahiers de prothèse n° 127 du 01/09/2004

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Certaines situations cliniques avec des crêtes très fines interdisent la mise en place d'implants. Seul le recours à des greffes osseuses permet de résoudre ces problèmes. Les greffons autogènes intrabuccaux donnent de bons résultats, mais la quantité est limitée, la résorption et les suites opératoires parfois importantes.

L'adjonction de matériau non autogène permet de réduire ces inconvénients. Cette étude prospective...


À RETENIR :

Certaines situations cliniques avec des crêtes très fines interdisent la mise en place d'implants. Seul le recours à des greffes osseuses permet de résoudre ces problèmes. Les greffons autogènes intrabuccaux donnent de bons résultats, mais la quantité est limitée, la résorption et les suites opératoires parfois importantes.

L'adjonction de matériau non autogène permet de réduire ces inconvénients. Cette étude prospective sur 3 ans a pour but d'évaluer le devenir clinique et radiologique de 74 implants mis en place sur 27 patients qui ont reçu au préalable une greffe d'apposition vestibulaire avec un mélange d'os autogène et de Bio-Oss®.

Dans un cas, la résorption du greffon a nécessité une seconde greffe. Trois implants ont été perdus chez un patient. Le taux de résorption des greffons n'est pas disponible.

Des greffes d'apposition vestibulaire avec un mélange à 50 % d'os autogène et de Bio-Oss® associé à du Tissel® permet la mise en place d'implants dentaires dans une position optimale. Ceux-ci sont stables et présentent un taux de survie de 95,9 % à 3 ans.

Pourquoi?

La mise en place d'implants est parfois impossible si l'épaisseur de la crête osseuse est insuffisante. Dans ces situations, le recours à des techniques d'augmentation du volume osseux est indispensable. L'utilisation de bloc d'os autogène est la technique la plus éprouvée. Ce type de greffe présente cependant certains inconvénients: résorption du greffon, douleurs sur site donneur et volume limité des sites intra-buccaux. L'utilisation de matériaux non autogènes permet de limiter ces inconvénients. Le but de cette étude prospective est d'évaluer le devenir clinique et radiologique d'implants mis en place dans des crêtes fines après augmentation du volume vestibulaire par un mélange en poids égal d'os autogène et de Bio-Oss® (Geistlich Pharma AG).

Comment?

Une série de patients consécutifs qui désiraient une prothèse fixe implanto-portée mais nécessitaient une greffe osseuse d'apposition préalable a été retenue. Les critères d'inclusion et d'exclusion sont décrits. Trente patients ont été sélectionnés. Trois ont été perdus de vue. Le nombre de greffes réalisées a été de 29 sur les 27 patients qui ont été suivis sur 3 ans. Au total, 82 implants ont été installés, dont 8 sur les 3 patients perdus de vue. L'os a été prélevé à la mandibule, dans les zones symphysaire (11 cas) ou ramique (18 cas). Pour 3 patients, un prélèvement iliaque supplémentaire a été nécessaire. L'os prélevé a été broyé et mélangé en poids égal à du Bio-Oss®. L'agglomérat a été mélangé avec du sang et la partie fibrinogène du Tissel® (Baxter AG). Le mélange a été posé sur la partie vestibulaire de la crête et l'activateur de thrombine du Tissel® a été appliqué à la seringue pour coaguler le gel de fibrine.

Les implants Brånemark MK II de 3,75 mm de diamètre ont été mis en place 6 mois après les greffes selon le protocole classique en 2 temps. Les piliers ont été connectés 6 mois plus tard. Dans tous les cas pluraux (14), des bridges provisoires ont été utilisés pendant 1 an avant mise en place des bridges auro-céramiques. Les cas unitaires (13) ont reçu immédiatement des coiffes Procera® tout céramique.

Des tomographies par Scanora® ont été réalisées après les greffes et de nouveau après la mise en place des implants. Des radiographies rétroalvéolaires ont été prises lors de la mise en place des prothèses et après 1 et 3 ans. La comparaison des tomographies a permis de déterminer le volume d'os greffé et les rapports entre l'implant, l'os initial et le greffon. Les modifications des niveaux osseux autour des implants ont été évaluées sur les radiogrammes intraoraux.

Et alors?

Il n'y a pas eu de complications postopératoire sauf pour les 3 cas de prélèvement iliaques qui ont ressenti une gêne pendant quelques semaines.

Lors de la mise en place des implants, des résorptions des greffons ont été observées mais pas quantifiées. Dans un cas, un seul implant a été placé sur les 3 prévus initialement et une seconde greffe a été nécessaire. Pour un autre cas, la résorption a entraîné l'exposition de quelques spires de l'implant sans conséquence clinique.

La surface implantaire en contact avec la greffe a représenté 23,9 % de la surface totale. Trois implants ont été perdus chez un patient, ce qui correspond à un taux de survie de 95,9 %. Les variations de niveau osseux sont faibles (- 0,33 mm ont été ± 0,16) entre le stade initial et le contrôle à 3 ans et sans incidence clinique.

Il est dommage de ne pas avoir les taux de résorption des greffons. Le nombre de cas est réduit et il serait utile de comparer des cas similaires traités avec os autogène seul.