L'analyse occlusale sur articulateur - Cahiers de Prothèse n° 128 du 01/12/2004
 

Les cahiers de prothèse n° 128 du 01/12/2004

 

Occlusodontie

Anne Giraudeau *   Serge Bezzina **   Jean-Philippe Ré ***   Pierre Santoni ****   Mohamad Kordi *****  


* MCU-PH, Unité
d'occlusodontologie

** AHU, Unité d'occlusodontologie
*** AHU, Unité
d'occlusodontologie

**** MCU-PH, Unité de prothèse
***** Docteur en chirurgie dentaire,
Unité d'occlusodontologie

Faculté de chirurgie dentaire
Université de la Méditerranée
27, boulevard Jean-Moulin
13005 Marseille

Résumé

Pour de nombreux praticiens, l'analyse occlusale sur articulateur est inutile, car l'évaluation des fonctions occlusales est accessible et jugée suffisante par le simple examen clinique de l'occlusion. Pourtant, l'examen clinique de l'occlusion est parfois insuffisant pour réaliser un diagnostic occlusal et valider une décision thérapeutique. Cet article tente au travers d'exemples cliniques de préciser les signes cliniques qui indiquent une analyse occlusale sur articulateur et de justifier ces indications.

Summary

The occlusal analysis on articulator : when and why?

Many pratictioners consider that an occlusal evaluation on articulator is not useful since the occlusal functions can be satisfactorily assessed by a mere clinical examination. However, the occlusion's clinical evaluation is sometimes not sufficient for an occlusal diagnosis and to assess a treatment planning. This article attempts through clinical examples to precise the clinical signs which entices to an occlusal analysis on articulator and to justify these indications.

Key words

articulator, occlusal ajustment, occlusion

Pour de nombreux praticiens, l'analyse occlusale sur articulateur est inutile, car l'évaluation des fonctions occlusales est accessible et jugée suffisante par un simple examen clinique de l'occlusion. Cette conviction d'une perte de temps, parfois associée à la peur d'un investissement supplémentaire en matériel, est liée à une méconnaissance des indications et de la procédure ayant pu entraîner des erreurs. Pourtant, une analyse des fonctions occlusales sur articulateur permet d'évaluer la nécessité d'un traitement, les possibilités de corrections occlusales à apporter, puis d'anticiper ces corrections par simulation et de prévoir le pronostic du traitement [1, 2]. Elle représente en fait un gain de temps pour le praticien : en prévoyant les résultats d'un traitement, on diminue les risques d'échecs.

L'analyse occlusale sur articulateur est indiquée quand les signes cliniques induisent que l'examen clinique de l'occlusion est insuffisant pour établir un diagnostic occlusal et valider une décision thérapeutique (tabl. I). Cet article tente de préciser ces signes cliniques et de justifier les indications de l'utilisation d'un articulateur dans les deux grandes étapes de l'analyse occlusale : le diagnostic occlusal et la validation de la décision thérapeutique.

Diagnostic occlusal

Complément de l'examen clinique de l'occlusion, l'examen sur articulateur permet de valider des hypothèses diagnostiques et d'établir des hypothèses thérapeutiques.

Quand ?

Un diagnostic occlusal sur articulateur peut être indiqué lors de la prise en charge des dysfonctionnements de l'appareil manducateur (DAM) et lors de la réalisation de reconstructions prothétiques.

Lors de la prise en charge des DAM

Une analyse de l'occlusion sur articulateur peut être indiquée quand l'examen clinique suspecte :

• une anomalie de l'occlusion présentant un caractère pathogène [3-6] :

- décentrage (fig. 1a et 1b ) : hypothèse de décalage entre l'occlusion d'inter-cuspidie maximale (OIM) et l'occlusion de relation centrée (ORC) dans le sens transversal, ce décalage étant perceptible cliniquement (supérieur à 0,5 mm) ;

- difficulté réelle de manipulation en RC ;

- instabilité de l'OIM chez un sujet peu édenté. L'analyse clinique du calage en OIM peut être améliorée, pour des raisons de visibilité, par l'observation des moulages en occlusion. Il est possible, par exemple, de préciser les raisons d'une instabilité occlusale en analysant l'engrènement occlusal sur une vue linguale des moulages affrontés manuellement (fig. 2) ;

- anomalie de guidage difficile à évaluer cliniquement (fig. 3a, 3b et 3c) ;

• une modification de l'occlusion d'apparition récente, liée à un traumatisme ou à un processus dégénératif : atteinte dégénérative de l'articulation temporo-mandibulaire (ATM) (fig. 4a, 4b et 4c) ou parodontite (fig. 5), par exemple.

Lors des reconstructions prothétiques

Lors d'une reconstruction prothétique, le praticien doit répondre à 2 questions fondamentales :

- la reconstruction aura-t-elle un impact sur les fonctions occlusales ?

- quelle position de référence thérapeutique choisir et avec quel type de guidage ?

C'est l'étendue de la reconstruction, sa topographie, la qualité des fonctions occlusales initiales et le coût d'une éventuelle équilibration (en ORC ou en antéposition) qui vont orienter la procédure d'analyse occlusale et les choix thérapeutiques.

Quand une reconstruction prothétique étendue est indiquée, l'intérêt diagnostique de l'analyse occlusale est faible, car les fonctions occlusales anormales seront automatiquement corrigées. En revanche, dans ce cas, des simulations permettent de tester la valeur des corrections.

Quand la reconstruction est peu étendue, elle a généralement peu d'impact sur l'OIM initiale et le guidage. Dans ce cas, en l'absence de malocclusion observée cliniquement, l'OIM est choisie comme position de référence et le guidage conservé. Une analyse occlusale sur articulateur n'est pas nécessaire. Quand l'étendue de la reconstruction a un impact sur les fonctions occlusales, il n'est pas non plus nécessaire d'analyser précisément les fonctions occlusales, car ces fonctions vont être modifiées par la reconstruction. Dans ce cas, l'articulateur permet de réaliser des simulations thérapeutiques.

Au contraire, une analyse des fonctions occlusales sur articulateur peut être indiquée dans le cas de reconstructions peu étendues :

- si la reconstruction a peu d'impact sur l'OIM initiale et le guidage, mais que l'examen clinique montre des fonctions occlusales pathogènes, le praticien cherche à évaluer l'ampleur de l'anomalie et à optimiser les fonctions par des moyens simples ;

- si la reconstruction a un impact important sur les fonctions occlusales par sa disposition sur l'arcade (fig. 6), le praticien peut alors être amené à choisir entre une modification radicale de ces fonctions ou une simple optimisation, selon la qualité des fonctions occlusales et le coût de l'équilibration en RC (la RC étant la nouvelle position thérapeutique en cas de reconstruction peu étendue).

Pourquoi ?

L'articulateur permet d'étudier des paramètres occlusaux difficiles voire impossibles à analyser au cours d'un examen endobuccal. Il permet également d'analyser l'occlusion en l'absence du patient. L'évaluation du calage occlusal est clinique, car une éventuelle instabilité peut rendre cette OIM difficile à retrouver par affrontement des moulages (fig. 7a, 7b et 7c). L'évaluation du guidage est également clinique, mais elle est parfois difficile à réaliser. Dans ce cas, l'articulateur permet de compléter cette analyse. En revanche, pour avoir une information précise sur le centrage, celui-ci doit être obligatoirement analysé sur articulateur. En effet, pour déterminer si la mandibule est centrée en OIM, il faut comparer la position mandibulaire en OIM à celle correspondant à l'ORC (fig. 8a, 8b, 8c, 8d, 8e, 8f, 8g, 8h, 8i). Cela sous-entend que la RC soit validée. Or, l'articulateur est le seul instrument le permettant.

Intérêt de l'articulateur dans l'analyse occlusale

• Validation de la RC

• Comparaison OIM-ORC (centrage mandibulaire)

• Orientation du plan d'occlusion

• Simulation approchée des mouvements limites du patient permettant :

la simulation du rapport intermaxillaire en RC

- la modification de la dimension verticale d'occlusion (DVO)

- l'évaluation du guidage

• Validation d'une décision thérapeutique par simulations thérapeutiques : simulation de différentes positions thérapeutiques, de modifications de dimensions verticales et des conséquences de tout autre aménagement occlusal.

Ce diagnostic est important notamment dans le sens transversal. En effet, dans le sens transversal, l'ATM présente vraisemblablement un potentiel d'adaptation plus faible [7]. La décision de conserver ou de modifier l'OIM initiale du patient peut donc dépendre des résultats de cette analyse.

Validation de la RC [8]

Seul l'articulateur permet de valider la RC (interprétation de la double base engrenée et étude de la concordance des points observés cliniquement et sur l'articulateur). La RC doit être validée :

- quand un patient est difficile à manipuler en RC et que la RC doit être utilisée comme position de référence diagnostique (évaluation de l'OIM) ou thérapeutique (réalisation de gouttière occlusale ou de reconstruction prothétique) ;

- quand la topographie et/ou l'étendue de la reconstruction nécessite l'évaluation préalable de l'OIM initiale ou la modification de la position de référence.

Évaluation de l'OIM initiale (tabl. II)

Cette évaluation sur articulateur concerne toute reconstruction peu étendue pour laquelle la question se pose de conserver ou non l'OIM initiale du patient (fig. 6). Ce sont l'impact qu'aura la reconstruction envisagée sur le maintien de l'OIM en cours de traitement et la qualité de l'OIM initiale qui, confrontés au coût de l'équilibration en RC, orientent le choix de la position thérapeutique.

• Impact de la reconstruction sur le maintien de l'OIM initiale

L'OIM peut être considérée stable quand il existe 4 couples de pluricuspidées, répartis, dont un couple de molaires ; les contacts doivent être bien situés et au nombre minimal de 1 point par incisive et canine, 2 par prémolaire et 4 par molaire. Quand l'OIM ne répond pas à ces critères, ou qu'elle ne peut être maintenue au cours du traitement, une autre position thérapeutique est choisie (ORC ou antéposition mandibulaire). Cependant, il existe des situations limites (fig.6) pour lesquelles de nombreux praticiens dérogent à cette règle, car ils sont confrontés au coût de l'équilibration en RC (la RC étant la nouvelle position de référence en cas de reconstruction peu étendue). Quand l'équilibration en RC demande une augmentation du nombre de reconstructions prothétiques ou entraîne une perte du guidage, des compromis peuvent être décidés. Le choix de la position de référence dépend alors du centrage mandibulaire en OIM et de la possibilité de renforcer aisément le calage.

Des reconstructions peu étendues dont la topographie nécessite une évaluation préalable de l'OIM peuvent être caractérisées par les exemples suivants :

- reconstruction du secteur prémolaire-molaire d'une seule hémi-arcade (pas de trépied de stabilisation) (fig.6) ;

- reconstruction des 4 couples de molaires.

• Qualité de l'OIM initiale

Quand la reconstruction envisagée ne modifie pas l'OIM (par exemple, un bridge de 3 éléments n'incluant pas es les 2 molaires) et que l'OIM est stable et centrée, l'examen clinique de l'occlusion permet de choisir de conserver l'OIM.

Quand la reconstruction envisagée ne modifie pas l'OIM mais que celle-ci est pathogène, ou quand la reconstruction envisagée modifie l'OIM initiale du patient, ce sont l'analyse du centrage mandibulaire et le coût de l'équilibration en RC qui orientent les choix thérapeutiques. L'articulateur devient alors indispensable :

L'OIM est stable, mais décentrée :

• si le décentrage est sagittal : elle peut être conservée, on cherche à majorer le guidage antirétrusion (GAR) ;

• si le décentrage est transversal (fig. 8a, 8b, 8c, 8d et 8e) :

- qu'il existe ou non une pathologie dysfonctionnelle, l'OIM est à modifier uniquement si les corrections à réaliser sont minimes, c'est-à-dire que le coût de l'équilibration en ORC est très faible (ne demandant pas d'augmenter le nombre de reconstructions prothétiques et n'entraînant pas d'altération du guidage) ;

- s'il existe une pathologie dysfonctionnelle, et que l'OIM doit être conservée en raison d'un coût trop élevé de l'équilibration en RC, la reconstruction est entreprise seulement après le succès d'une thérapeutique initiale, le GAR sera rétabli et le patient est prévenu des risques encourus (myoarthropatie) (fig. 8f, 8g, 8h et 8i). Dans le cas où la thérapeutique initiale a échoué, il est déconseillé d'entreprendre la reconstruction en conservant l'OIM.

L'OIM est instable

Une OIM initiale instable est non reproductible sur les moulages. Dans l'idéal, cette OIM ne devrait pas être choisie comme position thérapeutique. Des compromis peuvent être faits après analyse du centrage sur articulateur.

• L'OIM est instable, mais centrée

Il est possible de renforcer cette OIM :

- si l'instabilité est légère (contacts multiples mais mal situés) (fig. 2 et 9a, 9b et 9c) ;

- si l'instabilité est majeure, mais que le coût de l'équilibration en RC est trop élevé.

• L'OIM est instable et décentrée :

- si le décentrage est sagittal : l'OIM peut être renforcée (fig. 7a et 7b) si le coût de l'équilibration en RC est trop élevé ; on cherchera à majorer le GAR ;

- si le décentrage est transversal : il est déconseillé de réaliser un traitement restaurateur dans cette OIM doublement pathogène, si le décentrage ne peut être corrigé.

Évaluation du guidage

Quand l'examen clinique met en évidence une légère anomalie de guidage (fig. 10a), qu'une réhabilitation fonctionnelle doit être entreprise, sans traitement prothétique étendu et que la reconstruction n'est pas antérieure, cette anomalie doit être analysée sur articulateur pour en évaluer l'importance réelle (fig. 10b) et les possibilités de correction par des moyens simples avant ou en cours de traitement.

L'évaluation du guidage sur l'articulateur peut être nécessaire pour des raisons de visibilité et de par la difficulté qu'a le patient à exécuter les mouvements. Cependant, la seule évaluation du guidage sur articulateur est insuffisante, elle doit toujours être confrontée à l'examen clinique, car la simulation de la cinématique occlusale est imprécise, la programmation est souvent approximative et cette simulation n'intègre pas la composante neuromusculaire, la souplesse des structures dentaires et ostéo-articulaires.

Évaluation du guidage = évaluation clinique associée à un montage en articulateur

L'analyse, réalisée à partir de l'OIM, permet d'évaluer le concept occlusal existant, son efficacité et les possibilités de le modifier le cas échéant.

Validation de la décision thérapeutique

L'analyse précise des fonctions occlusales a permis d'élaborer des options thérapeutiques pour optimiser les fonctions occlusales. Ces options comportent des objectifs de traitement, les critères de reconstruction correspondants et les moyens thérapeutiques devant être mis en œuvre. Une simulation sur articulateur des aménagements occlusaux évalue alors ces options thérapeutiques, en testant leur faisabilité avant de les réaliser cliniquement [1, 2]. Ainsi, le praticien fait un choix thérapeutique et valide son plan de traitement.

Quand ?

Des simulations thérapeutiques peuvent être indiquées dans différentes situations cliniques :

- équilibrations occlusales visant à créer une nouvelle OIM en RC sans traitement prothétique étendu ;

- optimisation du guide antérieur sans traitement prothétique étendu ;

- modification prothétique de la position de référence thérapeutique ;

- modification prothétique de la dimension verticale d'occlusion (DVO) ;

- modification prothétique du guide antérieur ;

- traitement orthodontique ou orthognathique.

En revanche, le renforcement (ou l'amélioration de la stabilité) d'une OIM préexistante (fig. 11a et 11b) ne nécessite pas d'être simulé sur articulateur pour deux raisons :

- une OIM nettement instable cliniquement le restera sur les moulages (fig. 7a et 7b) ;

- une OIM légèrement instable est facile à équilibrer directement cliniquement, car elle concerne peu de dents (fig. 11a et 11b).

Il est toutefois intéressant de disposer des moulages pour analyser les grandes caractéristiques des arcades, les anomalies du plan d'occlusion, la morphologie occlusale, l'importance de l'instabilité de l'OIM, l'ampleur de l'équilibration et le type d'équilibration à réaliser (par addition ou par soustraction)… L'articulateur n'est pas indispensable, mais il peut permettre d'orienter correctement le plan d'occlusion et d'éviter de créer des interférences.

Remarque : pour pouvoir être équilibrée, cette OIM doit être relativement stable, car elle doit pouvoir être retrouvée de manière répétitive par le patient. Plus l'OIM est instable, plus l'équilibration sera étendue donc difficile à entreprendre.

Pourquoi ?

Simuler des actes thérapeutiques permet d'en prévoir les résultats et ainsi de réaliser des choix thérapeutiques plus appropriés et de les valider [1, 2, 9, 10].

Traitement prothétique peu étendu

• Simulation d'équilibrations occlusales pour créer une nouvelle OIM en RC

Quand l'OIM initiale ne peut être maintenue, une autre position thérapeutique doit être choisie. Dans le cas d'un traitement prothétique peu étendu, la RC sera la nouvelle position thérapeutique. L'équilibration du calage en RC étant difficile à réaliser, l'utilisation d'un articulateur est indispensable pour simuler l'équilibration. Cette simulation permet de déterminer la faisabilité du traitement et la méthodologie à suivre, à savoir le type d'équilibration nécessaire (par addition ou par soustraction), le nombre, la situation et l'importance des corrections ainsi que la séquence d'équilibration, c'est-à-dire l'ordre dans lequel il faut meuler ou restaurer les dents (fig. 12a, 12b, 12c, 12d, 12e, 12f, 12g et 12h).

• Simulation de l'optimisation du guide antérieur

Que le traitement soit réalisé en OIM ou en RC, il est toujours souhaitable d'optimiser le guide antérieur. La création d'une nouvelle OIM en RC ne doit en aucun cas diminuer le guide antérieur. Parfois, de simples coronoplasties (par addition ou soustraction) permettent d'optimiser le guidage, mais elles doivent être préalablement testées sur articulateur. Les coronoplasties (par addition ou soustraction) permettant d'optimiser un guide antérieur sans traitement prothétique étendu doivent être peu invasives et simples à réaliser (fig. 13a, 13b et 13c). Elles doivent donc être évaluées, puis simulées sur articulateur(fig. 14a et 14b) avant d'être entreprises sur le patient.

Traitement prothétique étendu ou traitement orthodontique

• Simulation d'une modification prothétique de la position de référence thérapeutique : étude de l'effet d'une modification du centrage sur le calage et le guidage

Quand l'OIM ne peut être conservée, une autre position thérapeutique doit être choisie. Une analyse sur articulateur est nécessaire au choix de la nouvelle position thérapeutique ainsi qu'au choix de la ou des méthodes d'équilibration (coronoplasties, réhabilitation prothétique ou orthodontique) mais aussi à la simulation de ces équilibrations (fig. 15a, 15b,15c et 15d).

Il s'agit uniquement d'analyser l'influence des différentes positions thérapeutiques envisagées, l'OIM, l'ORC ou la position mandibulaire corrigée [9, 11, 12], sur le calage et le guidage pour réévaluer les objectifs de traitement, les critères de reconstruction correspondants et leur implication sur les choix prothétiques.

Ces simulations permettent de vérifier le respect des principes suivants :

- l'économie tissulaire ;

- la conservation ou la création d'un calage postérieur de 1 dent sur 2 dents ;

- la conservation ou la création d'un calage antérieur et d'un guide antérieur ;

- la prise en compte des répercussions de la position de référence sur la DVO.

Quand l'OIM est proche de l'ORC et que l'ORC est choisie comme nouvelle position thérapeutique, les simulations sont relativement simples à réaliser (fig. 16a, 16b, 16c, 16d, 16e, 16f, 16g, 16h et 16i). Quand l'OIM est très différente de la RC, qu'une autre position thérapeutique que la RC doit être choisie, qu'une augmentation de DVO doit être réalisée, ou que le guide antérieur doit subir une importante modification, les simulations sont plus complexes (fig. 15a, 15b, 15c et 15d ).

• Simulation d'une modification prothétique de la DVO

La modification de la DVO impose une modification de la position de référence. Cette modification de la DVO demande donc d'être simulée sur l'articulateur afin d'en évaluer la faisabilité et le bénéfice (fig. 17a, 17b, 17c, 17det 17e).

Des variations modérées de DVO de 2-3 mm (en plus ou en moins), mesurées au niveau interincisif, sont souvent acceptables sur le plan musculo-squelettique [13, 14], mais une modification de DVO a des répercussions dans les plans vertical et sagittal. Ces répercussions concernent :

- l'esthétique ;

- la hauteur prothétique (modification du bras de levier mécanique, par exemple) ;

- le calage (modification de la situation des contacts postérieurs : 1 dent sur 2 dents ou 1 dent sur 1 dent ; modification de la situation des contacts antérieurs) ;

- le guidage (modification du surplomb et du recouvrement).

Avant de prendre la décision de modifier une DVO, les répercussions de cette modification dans les plans vertical et sagittal doivent donc être évaluées. L'intérêt de l'articulateur est de permettre une quantification de la modification de DVO à réaliser et en fonction de cela, de quantifier et qualifier les corrections à réaliser.

• Simulation d'une modification prothétique du guide antérieur

Le réaménagement du guide antérieur peut être réalisé en modifiant la taille, la forme, la position et l'inclinaison des dents. Ces modifications peuvent avoir des conséquences sur le calage antérieur et l'efficacité du guidage (surplomb, recouvrement, aire fonctionnelle de Slaviceck). Elles doivent donc être simulées préalablement sur articulateur (fig. 17a, 17b, 17c et 17d).

•Simulation d'un traitement orthodontique ou orthognathique

Une analyse occlusale sur articulateur peut être nécessaire pour évaluer la nécessité d'un traitement orthodontique et/ou orthognathique. Si la décision est prise de traiter, le montage en articulateur permet également de réaliser des « set up » ou « chirurgie des moulages ».

Conclusion

L'examen clinique de l'appareil manducateur est primordial [15, 16], il fournit des informations sur la fonction occlusale par l'entretien (mastication unilatérale ? efficacité masticatoire ? etc.) et l'examen clinique de l'occlusion [16, 17]. Mais celui-ci est difficile à réaliser. L'articulateur permet de le compléter, d'aider à la décision thérapeutique et de réaliser des simulations de traitement souvent indispensables à la validation d'une hypothèse thérapeutique. Plus la reconstruction prothétique est étendue, moins l'intérêt diagnostique de l'analyse occlusale est important, mais plus les simulations thérapeutiques sont nécessaires.

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