Antibioprophylaxie et implants : complications et taux de survie identiques avec 1 jour ou 7 jours de traitement GRaDE A (15) - Cahiers de Prothèse n° 130 du 01/06/2005
 

Les cahiers de prothèse n° 130 du 01/06/2005

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

« Les antibiotiques, ce n'est pas automatique ». Et pourtant, ils sont encore largement utilisés, sans forcément de preuve scientifique de leur intérêt dans certaines indications et notamment en prophylaxie lors d'actes chirurgicaux. Pour la chirurgie implantaire, doit-on utiliser des antibiotiques pour prévenir la survenue d'une éventuelle infection et si oui quel protocole doit-on utiliser ? Cette étude évalue de façon rétrospective...


À RETENIR :

« Les antibiotiques, ce n'est pas automatique ». Et pourtant, ils sont encore largement utilisés, sans forcément de preuve scientifique de leur intérêt dans certaines indications et notamment en prophylaxie lors d'actes chirurgicaux. Pour la chirurgie implantaire, doit-on utiliser des antibiotiques pour prévenir la survenue d'une éventuelle infection et si oui quel protocole doit-on utiliser ? Cette étude évalue de façon rétrospective deux protocoles: prise unique de 2 g de phénoxyméthyl-pénicilline ou prise de la même dose 2 fois par jour pendant 7 jours. Les complications et les taux de succès sont évalués. Il n'y a pas de différence entre les deux groupes quel que soit le système implantaire (Brånemark et ITI®). En conclusion, une dose unique d'antibiotique le jour de l'intervention est aussi efficace que 7 jours de traitement et sera donc préférée.

Pourquoi ?

L'utilisation des antibiotiques en chirurgie implantaire est largement répandue. Par contre, la corrélation entre cette utilisation et les taux de succès ou d'échec est peu documentée dans la littérature. De plus en plus, l'utilisation abusive et inadaptée des antibiotiques est combattue. Cette étude se propose de comparer la fréquence des complications et les taux de succès de 2 groupes de patients qui ont subi une chirurgie implantaire classique avec soit une dose d'antibiotique en pré-opératoire soit une antibioprophylaxie d'une semaine pré-et postopératoire.

Comment ?

Une étude rétrospective a été menée sur un groupe de 868 patients traités dans le service de chirurgie orale et maxillo-faciale de Trollhättan en Suède entre janvier 1990 et décembre 2000. Les patients sont répartis en deux groupes. De janvier 1990 à mai 1997, les patients recevaient une antibioprophylaxie de 2 grammes de phénoxyméthyl pénicilline 2 fois par jour pendant 7 jours. La première prise s'effectuait 1 heure avant l'intervention. Dans le second groupe, les patients traités entre août 1997 et décembre 2000 recevaient une dose de 2 grammes de phénoxyméthyl pénicilline une heure avant l'intervention et une autre dose en postopératoire le même jour.

Deux systèmes implantaires ont été utilisés, Brånemark et ITI®, selon les protocoles des fabricants respectifs. Au total, 3021 implants ont été posés, 2236 dans le groupe I et 785 dans le groupe II.

Les complications infectieuses ont été enregistrées pendant la période de cicatrisation jusqu'au moment de la réhabilitation prothétique et les critères de succès utilisés pour les implants ont été ceux définis par Albrektsson et al. en 1988.

Et alors ?

Peu de complications et aucune infection n'ont été observées. Sur les 3021 implants posés, 67 ont été perdus. Dans le groupe I, sur les 2236 implants posés, 59 ont été perdus, ce qui représente un taux de survie de 97,4 % Dans le groupe II, sur les 785 implants posés, 8 ont été perdus, ce qui représente un taux de survie de 99 %. Il n'y a pas de différence statistique entre les deux groupes, ni entre les deux systèmes implantaires.

Il n'y a donc aucun avantage en chirurgie implantaire à prescrire des antibiotiques pendant une semaine au lieu d'une journée à des fins prophylactiques.

Il serait intéressant de comparer la prescription une journée et l'absence totale de prescription.

Les deux groupes ne sont pas parfaitement comparables en taille ou en durée de suivi. Le nombre d'implants de chaque système est aussi différent. Ces biais ont cependant probablement peu d'influence sur les résultats.