Antibioprophylaxie et implants : une dose unique aussi efficace que 7 jours de traitement GRaDE A (15) - Cahiers de Prothèse n° 130 du 01/06/2005
 

Les cahiers de prothèse n° 130 du 01/06/2005

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

L'utilisation d'antibiotiques à visée préventive en chirurgie implantaire est controversée. Pour Gynther et al. (1998), elle est superflue. Pour d'autres (Dent et al. en 1994, Larsen en 1993), elle améliore les résultats. Cette étude n'a pas pour objectif de déterminer l'intérêt d'une antibioprophylaxie, mais de comparer deux protocoles de prescription d'antibiotiques lors de chirurgie implantaire. Deux groupes de patients ont...


À RETENIR :

L'utilisation d'antibiotiques à visée préventive en chirurgie implantaire est controversée. Pour Gynther et al. (1998), elle est superflue. Pour d'autres (Dent et al. en 1994, Larsen en 1993), elle améliore les résultats. Cette étude n'a pas pour objectif de déterminer l'intérêt d'une antibioprophylaxie, mais de comparer deux protocoles de prescription d'antibiotiques lors de chirurgie implantaire. Deux groupes de patients ont été traités de façon similaire dans deux centres. La seule différence réside dans le protocole de prescription. Une dose unique préopératoire de pénicilline G (ou clindamycine) pour un groupe et 7 jours de traitement pour l'autre. L'évaluation de la douleur, de l'inflammation et de l'infection est réalisée à 1 et 2 semaines et avant le second stade chirurgical. Pour cette population étudiée, il n'y a aucun avantage à prescrire une semaine d'antibiotiques en chirurgie implantaire. Une dose unique préopératoire est équivalente.

Pourquoi ?

La pose d'implants dentaires est devenue depuis 40 ans une thérapeutique fiable avec des taux de succès élevés et des taux de complications infectieuses faibles. L'utilisation d'antibiotiques pour prévenir la survenue d'infections est malgré cela largement répandue. Le protocole idéal de prescription n'a cependant jamais été formellement défini. Pour certains, une dose flash en préopératoire est suffisante; pour d'autres, un traitement d'une semaine est indispensable. Cette étude prospective se propose de comparer les deux options de prescription dans deux centres au Canada.

Comment ?

Un groupe (125 patients et 445 implants) ont reçu une dose unique préopératoire (pénicilline G ou clindamycine). Le second groupe (90 patients, 302 implants) ont reçu 300 mg de pénicilline V quatre fois par jour ou 150 mg de clindamycine trois fois par jour. Les implants sont placés selon un protocole en deux temps chirurgicaux. Le rinçage à la chlorhexidine est utilisé deux fois par jour pendant une semaine. Le suivi postopératoire est identique dans les deux groupes. Les évaluations se font à une et deux semaines et juste avant le second temps chirurgical.

L'attribution du protocole n'est pas randomisée puisqu'elle dépend du centre du patient. Les groupes ne sont donc peut-être pas parfaitement comparables. Le type d'implant n'est pas précisé. Les critères d'inclusion et d'exclusion sont précisés.

Et alors ?

Dans le premier groupe, sur les 445 implants placés, 3 déhiscences ont été observées chez 3 patients pour 5 sites. Aucune infection ou inflammation n'était visible. Aucune prescription complémentaire d'antibiotiques n'a été nécessaire.

Dans le second groupe, sur les 302 implants posés, 3 déhiscences ont été observées chez 3 patients. Aucune infection ou inflammation n'était visible. Deux patients ont présenté une zone inflammatoire sans recours à une prescription antibiotique complémentaire. Une patiente a présenté une infection qui a nécessité une antibiothérapie complémentaire. Un implant a dû être retiré peu de temps après le stade II.

La prescription d'antibiotique pendant une semaine après la chirurgie implantaire ne diminue pas le taux de complications infectieuses.

Il n'y a aucun avantage à prescrire une semaine d'antibiotiques en chirurgie implantaire par rapport à une dose unique préopératoire. Ce protocole de prise unique devrait être comparé avec l'absence de prescription d'antibiotique pour évaluer l'effet réel de cette prophylaxie infectieuse.