L'amitriptyline diminue le stress, mais pas la douleur des patients bruxomanes GRaDE A (18) - Cahiers de Prothèse n° 130 du 01/06/2005
 

Les cahiers de prothèse n° 130 du 01/06/2005

 

Revue de presse

Caroline Floris  

Objectifs

Cette étude clinique évalue l'effet d'un anti-dépresseur tricyclique amitriptyline sur le niveau de douleur et de stress des patients bruxomanes.

Il existe deux types de bruxisme : le bruxisme diurne est lié à l'état émotionnel du patient ; le bruxisme nocturne est défini comme un mouvement stéréotypé de grincement et d'entrechoquement des dents durant le sommeil. Son diagnostic repose sur l'interrogatoire du patient qui décrit des grincements...


Objectifs

Cette étude clinique évalue l'effet d'un anti-dépresseur tricyclique amitriptyline sur le niveau de douleur et de stress des patients bruxomanes.

Il existe deux types de bruxisme : le bruxisme diurne est lié à l'état émotionnel du patient ; le bruxisme nocturne est défini comme un mouvement stéréotypé de grincement et d'entrechoquement des dents durant le sommeil. Son diagnostic repose sur l'interrogatoire du patient qui décrit des grincements nocturnes associés à au moins un des symptômes suivants : douleur ou inconfort au niveau des muscles masticateurs, claquement ou craquement des ATM, hypertrophie massétérine. La majorité des études montrent que 70 à 90 % des personnes consultant sont des femmes.

Bien que la cause exacte du bruxisme soit inconnue, plusieurs théories sont proposées : problèmes occlusaux (prématurités, interférences), anxiété ou troubles du sommeil.

Le traitement du bruxisme fait intervenir plusieurs méthodes : traitement occlusal, thérapie du stress émotionnel et traitement pharmacologique.

Méthodologie

L'étude comprend 10 sujets soumis à un test effectué en double-aveugle. L'attribution du traitement est randomisée. Chaque patient reçoit successivement :

- le traitement expérimental : 25 mg per os d'amitriptyline chaque soir pendant 4 semaines;

- le traitement de contrôle : 25 mg de placebo chaque soir pendant 4 semaines.

Le patient doit être âgé d'au moins 18 ans et doit être en demande de traitement de désordres temporo-mandibulaires (douleurs d'ATM ou des muscles masticateurs, grincement des dents).

Résultats

• Niveau de douleur : aucune différence significative n'est observée entre les groupes ayant reçu le placebo comme premier ou comme deuxième traitement. De plus, bien que le groupe recevant la médication active ressent moins de douleur, la différence avec le placebo n'est pas significative.

• Perception du niveau de stress : de même, le fait d'administrer le placebo en premier ou en second n'a pas d'influence sur les résultats. Cependant, le niveau de stress est significativement réduit pour le groupe recevant la médication active.

• La corrélation entre l'intensité de la douleur et le niveau de stress n'est pas significative.

Discussion

Le fait que le bruxisme puisse être associé à des troubles du sommeil suggère qu'une faible dose d'amitriptyline puisse être efficace dans le traitement du bruxisme nocturne. L'amitriptyline est aussi prescrite en cas de migraine et de douleurs d'origine neuropathique sans entraîner de dépendance. Les résultats de cette étude montrent que la prescription d'amitriptyline à faible dose pendant 4 semaines permet de gérer le niveau de stress des patients présentant un bruxisme nocturne, mais pas réellement leurs douleurs.