Étude rétrospective de la gestion prothétique des patients atteints d'amélogenèse imparfaite - Cahiers de Prothèse n° 132 du 01/12/2005
 

Les cahiers de prothèse n° 132 du 01/12/2005

 

Revue de presse

Brice Savard  

Objectifs

Cet article est une étude réalisée sur des patients atteints d'amélogenèse imparfaite. L'objectif principal est d'étudier de manière rétrospective le résultat du traitement par prothèse fixée de ces patients et d'obtenir des informations sur l'état général de leur santé buccodentaire. Le second objectif est d'évaluer leur état d'esprit face à leur situation initiale et après le traitement prothétique entrepris.

Méthodologie...


Objectifs

Cet article est une étude réalisée sur des patients atteints d'amélogenèse imparfaite. L'objectif principal est d'étudier de manière rétrospective le résultat du traitement par prothèse fixée de ces patients et d'obtenir des informations sur l'état général de leur santé buccodentaire. Le second objectif est d'évaluer leur état d'esprit face à leur situation initiale et après le traitement prothétique entrepris.

Méthodologie

Cette étude comprend 15 patients (7 hommes et 8 femmes) qui ont été traités à l'institut dentaire Eastman de la ville de Stockholm. L'âge moyen des patients est de 23 ans (de 14 à 37 ans). Tous les patients ont été traités par prothèses fixées et ont donné leur accord pour cette étude. Les patients ont été divisés en 2 groupes : 10 patients dans le groupe hypoplasique (dentition mixte atteinte et non atteinte) et 5 patients dans le groupe hypominéralisé, selon la classification de Sundell et Koch. Au total, 403 dents ont été examinées, dont 213 avec des restaurations prothétiques et 190 sans. Les auteurs ont réalisé les examens clinique et radiographique habituels et ont analysé différents critères : type de restaurations, qualité des restaurations, complications éventuelles (fractures, reprise de carie…), état parodontal. D'autre part, un questionnaire a été remis aux patients afin qu'ils donnent leur opinion sur leur handicap et sur le traitement reçu.

Résultats

Sur les 213 restaurations, il y avait 10 couronnes en or, 121 CCM, 28 CC (Procera AllCeram, Nobel Biocare), 18 onlays céramique et 36 facettes. L'âge moyen des restaurations était de 60 mois (de 12 à 240 mois). Les patients du groupe 1 avaient en moyenne 12 restaurations (de 4 à 20) tandis que ceux du groupe 2 en avaient en moyenne 19 (de 5 à 28).

Sur les 213 restaurations, 212 étaient satisfaisantes ou excellentes, une seule n'était pas acceptable.

Parmi les complications, 4 descellements et 5 fractures ont été notées. Des reprises de caries étaient présentes chez deux patients seulement. Cinq dents avaient reçu un traitement endodontique.

Sur le plan parodontal, l'indice de plaque était de 28 % et l'indice de saignement de 21 %. Une profondeur de poche de plus de 3 mm existait chez 47 % des individus. Les paramètres parodontaux étaient en général supérieurs dans le groupe 2.

L'étude du questionnaire a montré que la majorité des patients étaient perturbées par leurs dents et que le traitement entrepris avait eu un effet positif. À la question concernant l'âge auquel les patients auraient préféré le traitement, 7 ont répondu entre 10 et 15 ans, 8 ont répondu plus tard, mais aucun n'a choisi au-delà de 25 ans.

Discussion

Les complications rencontrées sont comparables en termes de fréquence à celles rencontrées chez des patients sains. Cependant, les patients du groupe 2 ont une atteinte plus sévère (les valeurs de l'indice de plaque, de saignement, la fréquence des poches supérieures à 3 mm et le nombre de restaurations moyennes sont supérieurs aux patients du groupe 1) ; leur suivi doit être particulièrement rigoureux.

Cette étude montre qu'il est possible d'entreprendre des plans de traitement plus ou moins complexes de réhabilitation fonctionnelle et esthétique à l'aide de prothèses fixées chez des patients atteints d'amélogenèse imparfaite.

Enfin, et surtout, cette étude montre que les patients sont très satisfaits sur le plan esthétique et que cela a des conséquences positives dans leur vie socioprofessionnelle. La majorité des patients auraient préféré que le traitement soit envisagé plus précocement. Les auteurs estiment qu'à partir de 12 ans, en concertation avec le patient, les parents et d'autres professionnels (orthodontiste, chirurgien maxillo-facial), un traitement à l'aide de prothèses fixées peut être envisagé. La pérennité de ces restaurations sur le très long terme doit cependant être un facteur à intégrer dans la décision de traitement.