Le délai avant la mise en place d'un implant suite à l'extraction d'une dent n'a pas d'influence à long terme sur le niveau de la papille. Essai clinique randomisé
 

Les cahiers de prothèse n° 132 du 01/12/2005

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

L'obtention de l'ostéointégration avec les implants dentaires disponibles actuellement et ayant fait l'objet d'études cliniques ne semble plus le principal problème. De plus en plus, les patients et les praticiens ne se contentent plus d'une prothèse fonctionnelle, mais recherchent aussi une intégration esthétique parfaite.

Dans ce contexte, la restauration unitaire sur implant pose le problème de la régénération des papilles...


À RETENIR :

L'obtention de l'ostéointégration avec les implants dentaires disponibles actuellement et ayant fait l'objet d'études cliniques ne semble plus le principal problème. De plus en plus, les patients et les praticiens ne se contentent plus d'une prothèse fonctionnelle, mais recherchent aussi une intégration esthétique parfaite.

Dans ce contexte, la restauration unitaire sur implant pose le problème de la régénération des papilles inter-proximales. Cette étude évalue, de façon prospective et randomisée, 2 protocoles de pose d'implants après extraction et leur incidence sur la hauteur des papilles et des restaurations prothétiques finales. Les implants sont posés soit rapidement (3 jours) après l'extraction, soit de façon retardée (3 mois).

Les papilles sont initialement plus hautes dans le groupe « précoce ».

Après 18 mois, il n'y a toutefois plus de différence significative entre les deux groupes, car les espaces se sont comblés. La hauteur de la papille après 2 ans est inversement corrélée à l'âge du patient. Les hauteurs de couronnes cliniques sont significativement plus acceptables dans le groupe « précoce » que dans le groupe « retardé ». Cette étude ne donne pas d'information sur la mise en place simultanée de l'implant et de la couronne provisoire après extraction.

Pourquoi ?

Généralement, les critères pour définir le succès de nos traitements implantaires sont l'obtention de l'ostéintégration, la stabilité du niveau osseux marginal et les taux de survie. Dans le traitement des édentements antérieurs, l'aspect esthétique de la restauration revêt une importance capitale. Les patients attendent des restaurations naturelles notamment pour les dents unitaires. Un des facteurs d'une esthétique satisfaisante est la présence de tissus gingivaux harmonieux autour des implants. Une approche thérapeutique consiste à poser l'implant immédiatement après extraction et éventuellement à placer une restauration provisoire. L'objectif de cette étude est d'évaluer de façon randomisée et prospective les dimensions des papilles interproximales et les hauteurs de couronnes cliniques obtenues après mise en place d'implants unitaires soit 10 jours soit 3 mois après l'extraction de la dent.

Comment ?

Un groupe de 45 patients consécutifs ont été traités avec des implants Osseotite (3i Implant Innovations). Deux protocoles différents ont été utilisés : mise en place rapide de l'implant après extraction (3 à 15 jours) ou retardée (3 mois). Le traitement a été attribué de façon aléatoire au patient lors du premier rendez-vous. Aucune membrane n'a été utilisée. Avant la pose de l'implant, un lambeau a été récliné et les caractéristiques de l'alvéole ou du défaut osseux ont été notées. Les implants ont été enfouis au niveau crestal dans les 2 groupes pendant 3 mois. Un pilier de cicatrisation a ensuite été mis en place pendant 4 à 6 semaines avant la pose de la couronne céramo-métallique. Les niveaux gingivaux proximaux ont été évalués sur photographies par des examinateurs indépendants. Les résultats obtenus ont été traités par des tests statistiques. Au total, 39 patients ont été évalués après 16 à 18 mois.

Le protocole de l'étude est bien détaillé. Les protocoles de traitement sont standard. Il serait intéressant de faire une comparaison avec une mise en place rapide ou immédiate de l'implant et la pose d'une provisoire simultanée.

Et alors ?

Le risque de présenter une papille inversée ou aucune papille est 7 fois supérieur dans le groupe « retardé ». Cependant, les tissus gingivaux remplissent cet espace avec le temps et il n'y a plus de différence significative après 18 mois. La hauteur de la papille après 2 ans est inversement corrélée à l'âge du patient. Les hauteurs de couronnes cliniques sont significativement plus acceptables dans le groupe « précoce » que dans le groupe « retardé ».