Implantologie
MCU-PH
Université René-Descartes, Paris 5.
Faculté de chirurgie dentaire
1, rue Maurice-Arnoux
92120 Montrouge
Cet article décrit une technique d'empreinte destinée à la prothèse sur implants, utilisable dans les cas d'édentements partiels ou complets. Cette empreinte en deux temps combine l'utilisation de silicone et de plâtre. Les performances dimensionnelles sont liées aux propriétés du plâtre à empreinte. La mise en œuvre est simple et le résultat prévisible.
This article describes an impression technique aimed at implant-supported prosthesis, which can be used in the case of either partial or total edentulism. This impression in two stages combines the use of silicone and plaster. The dimensional performances derives from the impression cast's properties. This technique is simple and the results can be foreseen.
La conception et la réalisation des prothèses jouent un rôle déterminant dans le succès à moyen et long termes du traitement implantaire [1, 2]. La corrélation entre l'inadaptation de l'armature et la perte osseuse autour des implants n'est pas scientifiquement établie. Cependant la mise en pré-contrainte de l'interface os/implant, induite par le vissage d'une armature inadaptée, combinée aux contraintes fonctionnelles expose le système à un risque accru de complications.
L'adaptation « passive » des armatures demeure une condition nécessaire pour réduire les risques de complications prothétiques (fracture de prothèse, fracture ou blocage de vis, fracture d'implants). En 1999, Wee et al. ont énuméré les différents moyens d'améliorer l'adaptation des armatures [3]. Parmi eux, la qualité dimensionnelle de l'empreinte et donc du modèle de travail tient une place prépondérante.
Enfin, les nouvelles techniques d'élaboration d'armature par CFAO, en supprimant l'étape de fonderie, apportent une grande précision dimensionnelle. Cependant, en cas d'inadaptation, le recours aux soudures est impossible. Tout repose sur la qualité dimensionnelle du modèle de travail, et donc de l'empreinte.
La technique d'empreinte présentée dans cet article s'appliquant aux situations d'édentement partiel (fig. 1) ou complet (fig. 2) comporte deux temps :
- le premier consiste en une empreinte aux élastomères de l'ensemble de l'arcade avec, sur les implants, les piliers de cicatrisation (fig. 1) ou les piliers prothétiques (fig. 2) ;
- le second, après aménagement de cette première empreinte, exploite la technique des transferts « emportés » avec l'utilisation d'un plâtre à empreinte.
Une empreinte globale aux élastomères de silicone de type A de haute viscosité est prise avec un porte-empreinte du commerce en matière plastique ou en métal (fig. 3).
Après contrôle de l'empreinte, un large bloc de silicone est supprimé en regard des implants pour ménager la place des transferts d'empreinte. Certains excès de silicone peuvent être supprimés pour faciliter le repositionnement précis de l'empreinte. Pour les situations d'édentements partiels, les languettes interdentaires sont préservées (fig. 4). Enfin, le porte-empreinte est largement ajouré sur sa face supérieure pour un accès direct aux vis (fig. 5).
À cette étape, les transferts d'empreinte sont mis en place et l'empreinte est replacée en bouche pour vérifier l'espacement autour des transferts et l'accès aux vis guides (fig. 6 et 7).
L'empreinte est maintenue en place ; un plâtre à empreinte de type 1 (Snow-White plaster n° 2, Kerr) est préparé. Le dosage doit être précis afin de contrôler la fluidité du matériau (25 g de poudre pour 20 cc d'eau). La consistance obtenue doit être fluide pour permettre l'aspiration à la seringue (fig. 8). Le temps de travail autorise facilement le remplissage de 2, 3, voire 4 seringues selon les besoins.
Le plâtre est injecté avec la seringue en matière plastique de la base des transferts jusqu'au sommet des vis guides (fig. 9). Les têtes de vis sont dégagées après quelques instants (fig. 10 et 11). Le temps de prise du plâtre est respecté, on attend l'exothermie de prise du matériau.
Le dévissage des vis guides permet la libération des transferts. L'empreinte est alors désinsérée, entraînant la clef en plâtre et les transferts (fig. 12 et 13). Après vérification de l'immobilité des transferts dans la clef et de l'absence de fêlures au sein du plâtre, les défauts éventuels sont comblés à la cire (fig. 13).
La fixation des répliques de laboratoire précède le traitement de l'empreinte ; le modèle de travail est obtenu après coulée (fig. 14 et 15).
Parmi les élastomères, qui sont classiquement utilisés comme matériau d'indexation des transferts, les matériaux réticulants par addition (polyéthers et silicone A) offrent les meilleurs résultats [4]. Wee estime que les qualités d'un matériau d'indexation sont non seulement liées à ses propriétés dimensionnelles, mais aussi à sa rigidité finale [4].L'utilisation
du plâtre comme matériau d'indexation de la position des transferts d'empreinte a déjà fait l'objet de publications. Les tests in vitro semblent montrer la supériorité dimensionnelle de ce matériau par rapport aux autres matériaux d'indexation comme les résines ou les élastomères [5]. Mariani et Michelon décrivent une technique pour le traitement des édentements complets [6]. Nissan et al. présentent une technique pour le traitement des édentements partiels [7]. Cependant, ces techniques nécessitent systématiquement une empreinte primaire, puis la confection d'un porte-empreinte individuel spécifique.
Si les plâtres à empreinte présentent une expansion de prise linéaire pouvant atteindre + 0,10 % (Δl/l), on peut noter que cette variation dimensionnelle se produit à 80 % avant l'exothermie de prise du matériau [8]. On peut donc estimer que l'indexation au plâtre des transferts est stable dans le temps après la désinsertion de l'empreinte. D'autre part, à la différence des matériaux élastomères, les risques de déformation plastique du plâtre, liés à la désinsertion et au repositionnement des répliques, sont nuls. Enfin, les variations dimensionnelles du plâtre du modèle de travail n'ont pas d'incidences sur la précision dimensionnelle finale.
La technique présentée est simple et prévisible. Les deux étapes qui la caractérisent permettent un bon contrôle et une utilisation aisée pour le praticien non expert. Seul le respect des conditions de manipulation des matériaux d'empreinte est important [9].