Critères de choix du patient pour accepter ou refuser de stabiliser une prothèse complète mandibulaire par des implants. Étude clinique sur 101 patients volontaires
 

Les cahiers de prothèse n° 133 du 01/03/2006

 

Synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La stabilisation d'une prothèse complète mandibulaire (PAC) par des implants est la thérapeutique de choix pour compenser un édentement complet. Cependant, le surcoût occasionné par les implants semble être un frein à une diffusion plus large de cette thérapeutique. Mais peu de choses sont connues sur les critères d'acceptation ou de refus de ce traitement. L'objectif de cette étude est d'étudier ces critères en cas d'offre de traitement gratuit et...


Pourquoi ?

La stabilisation d'une prothèse complète mandibulaire (PAC) par des implants est la thérapeutique de choix pour compenser un édentement complet. Cependant, le surcoût occasionné par les implants semble être un frein à une diffusion plus large de cette thérapeutique. Mais peu de choses sont connues sur les critères d'acceptation ou de refus de ce traitement. L'objectif de cette étude est d'étudier ces critères en cas d'offre de traitement gratuit et d'identifier les patients les plus enclins à choisir un traitement par implants.

Comment ?

Cette étude a été réalisée dans l'université de Colombie britannique (Canada). Les patients ont été invités à participer à l'étude par courrier pour les patients de la faculté ou par publicité auprès des dentistes, denturologues, associations de personnes âgées, bibliothèques de la région de Vancouver. Les personnes intéressées ont été examinées et ont répondu à un questionnaire de santé et de satisfaction sur leur PAC. Elles ont été informées de la possibilité pour elles de participer à une étude dans laquelle il leur serait attribué, de façon randomisée, 1 ou 2 implants pour stabiliser leur PAC et ceci sans aucun frais pour elles. Celles qui répondaient aux critères d'inclusion de l'étude (plus de 6 mois de port de PAC, esthétique acceptée par le patient, réalisation validée par le praticien prothésiste) ont été retenues pour le suivi. Elles ont dû répondre à 4 questionnaires :

• un d'information générale : état marital, revenus, passé dentaire, consommation de tabac, santé générale ;

• un sur les effets négatifs de certains problèmes buccaux par l'intermédiaire de 45 questions issues du Oral Health Impact Profile (OHIP) ;

• un sur la satisfaction de leur PAC avec 8 questions (douleur, confort, apparence, fonction, stabilité, diction, hygiène et satisfaction générale) dont les réponses sont données par l'intermédiaire d'échelle visuelle analogique (EVA) ;

• un sur leur intérêt pour accepter ou refuser des implants pour stabiliser leur PAC sans frais et les raisons de leur choix. Les réponses ont été analysées de façon statistique.

Et alors ?

Au total, 101 sujets potentiels ont été examinés pour vérifier les critères d'inclusion et remplir les questionnaires. Initialement, 79 % des sujets acceptaient les implants et 21 % les refusaient. Parmi ceux qui avaient accepté, 17 ont ensuite refusé et inversement, 2 ont ensuite accepté alors qu'ils avaient initialement refusé. Le pourcentage d'acceptation est donc de 64 % et celui de refus de 36 %.

La raison la plus fréquente (73 %) pour accepter les implants est l'envie d'améliorer la stabilité et la sensation de sécurité avec sa PAC.

La raison la plus fréquente (43 %) pour refuser les implants concerne les risques chirurgicaux.

Les sujets qui ont décrit une insatisfaction à un ou plus des items du questionnaire de satisfaction de leur PAC (douleur, confort...) sont plus enclins à choisir des implants. Même chose pour ceux qui ont moins de 71 ans et qui portent leur PAC la nuit.

Même quand le traitement implantaire est gratuit, plus d'un tiers des sujets le refusent. La raison principale est liée au sentiment de risque chirurgical (43 %). Les patients qui se plaignent de la fonction et de l'esthétique de leur PAC sont plus susceptibles de choisir les implants. La discussion avec nos patients est toujours essentielle pour déterminer leurs besoins et leurs angoisses.

À retenir :

Nous sommes convaincus, et de nombreuses études le confirment, que la meilleure option pour le patient porteur de prothèse amovible complète (PAC) mandibulaire est de stabiliser cette prothèse par des implants. Le surcoût de cette option peut cependant être un frein à sa diffusion. Cette étude tente d'évaluer les raisons qui poussent nos patients à choisir ou refuser une option implantaire, en faisant abstraction totale de l'aspect financier. Un groupe de 101 volontaires a répondu à 4 questionnaires détaillés, notamment sur les influences négatives de leur état buccodentaire, sur leur satisfaction avec leur PAC et leur choix pour ou contre un traitement par implant et leurs motifs.

Au total, seuls 64 % acceptent un traitement gratuit par implants et 36 % le refusent. Le motif principal de refus est la peur du risque chirurgical (43 %). Le motif principal d'acceptation est l'envie d'améliorer l'efficacité masticatoire et la sécurité avec la PAC (73 %). Les patients qui rapportent le plus d'insatisfaction avec leur PAC, qui ont moins de 71 ans et portent leur prothèse la nuit sont plus à même d'accepter l'offre de traitement gratuit. L'entretien avec nos patients doit permettre de mettre en évidence leurs besoins, mais aussi leurs craintes, parfois dissimulées derrière un argument financier.