Effets du fil de rétraction gingival sur les indices parodontaux et le taux de cytokines proinflammatoires - Cahiers de Prothèse n° 134 du 01/06/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 134 du 01/06/2006

 

revue de presse

Résumé par Caroline Floris   

Objectifs

La rétraction gingivale conditionnant l'accès aux limites cervicales de nos préparations est un élément déterminant du succès à long terme de nos restaurations prothétiques. L'utilisation de cordonnets rétracteurs est une technique couramment utilisée. Elle provoque un évasement sulculaire, mais peut aussi provoquer une rupture de l'attache épithélio-conjonctive, entraînant parfois des récessions gingivales. Les traumatismes tissulaires dus à la mise en...


Objectifs

La rétraction gingivale conditionnant l'accès aux limites cervicales de nos préparations est un élément déterminant du succès à long terme de nos restaurations prothétiques. L'utilisation de cordonnets rétracteurs est une technique couramment utilisée. Elle provoque un évasement sulculaire, mais peut aussi provoquer une rupture de l'attache épithélio-conjonctive, entraînant parfois des récessions gingivales. Les traumatismes tissulaires dus à la mise en place et au retrait du fil de rétraction disparaissent généralement au bout de 2 semaines.

Cette étude cherche à mettre en évidence les conséquences du fil de rétraction sur les indices parodontaux que sont : l'indice de plaque (PI), l'indice gingival qui témoigne de l'inflammation gingivale (GI), la profondeur du sulcus (PD), le saignement au sondage (BOP), le niveau d'attache (AL) ainsi que le niveau de TNFa (marqueur de l'inflammation gingivale) au sein du fluide sulculaire.

Méthodologie

Au total, 6 patients, âgés de 31 à 65 ans, sans problème de santé générale, non-fumeurs, ont été sélectionnés. Leur hygiène buccale a été jugée satisfaisante. Au total, 10 dents ont été sélectionnées chez chaque patient : 6 prémolaires et 4 incisives. Chaque dent présente une anatomie, une architecture gingivale normales aucun saignement au sondage, des indices de plaque et gingival nuls et un sulcus profond de 3 mm au maximum. Un détartrage est réalisé 7 jours avant le début de l'étude. Le fil, un Ultrapack #0, est inséré dans le sulcus de chaque dent étudiée, puis retiré sous spray d'eau. Les mesures sont effectuées avant la pause du fil puis à J + 1, 3, 7, 14 et 28.

Résultats

Le taux de TNFa est significativement plus élevé que celui du témoin lors des 5 mesures suivant le retrait du fil. On observe un pic de concentration à J + 1 (0,90 ± 0,62) qui décline à J + 3 (0,53 ± 0,16), J + 7 (0,43 ± 0,08), J + 14 (0,47 ± 0,10) pour être encore de 54 % plus élevé que le taux témoin (0,28 ± 0,51) à J + 28 (0,43 ± 0,08).

De même, l'inflammation gingivale est significativement augmentée à J + 1, 3 et 7. Cependant, elle retrouve des valeurs normales dès J14.

Les autres paramètres parodontaux ne sont pas significativement altérés par les procédures de rétraction gingivale.

Conclusion

Cette étude pilote va dans le sens des précédentes : la rétraction gingivale entraîne une inflammation gingivale et une élévation importante du taux de cytokines proinflammatoires (TNFa) qui met cliniquement 2 semaines à se résorber.

Cette étude permet de se rappeler que chaque étape de la réalisation prothétique (préparation, rétraction gingivale, empreinte...) peut léser l'attache épithélio-conjonctive et que la protection de celle-ci est indispensable à l'intégration autant esthétique que fonctionnelle de nos prothèses.