Moins de douleurs lors de pose d'implants par une technique sans lambeau - Cahiers de Prothèse n° 134 du 01/06/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 134 du 01/06/2006

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

L'apparition de systèmes d'aide à la chirurgie grâce à l'informatique que ce soit avec des guides chirurgicaux ou des robots modifie notre approche dans le domaine dentaire. Des critères tels que le temps d'intervention, la douleur, les modifications des procédures chirurgicales et prothétiques, le rapport coût/bénéfice de ces nouvelles approches doivent être évalués. Cette étude compare la douleur ressentie par les patients lors de la pose d'implants sans...


Pourquoi ?

L'apparition de systèmes d'aide à la chirurgie grâce à l'informatique que ce soit avec des guides chirurgicaux ou des robots modifie notre approche dans le domaine dentaire. Des critères tels que le temps d'intervention, la douleur, les modifications des procédures chirurgicales et prothétiques, le rapport coût/bénéfice de ces nouvelles approches doivent être évalués. Cette étude compare la douleur ressentie par les patients lors de la pose d'implants sans lambeau avec une technique assistée par ordinateur ou par technique conventionnelle avec lambeau.

Comment ?

Cette étude compare deux groupes de 30 patients consécutifs partiellement ou totalement édentés qui se sont présentés au service de chirurgie orale des Hospices civils de Lyon. Les patients ont été traités de façon randomisée par 1 des 7 chirurgiens de l'étude, tous expérimentés et formés à l'utilisation du système informatique CADImplant System (CADImplant, Medfield, MA).

Le groupe 1 comporte 30 patients (20 femmes, 10 hommes de 19 à 82 ans). Le système CADImpant a été utilisé pour poser 80 implants.

Le groupe 2 comporte 30 patients (18 femmes, 12 hommes de 20 à 79 ans). Des lambeaux ont été réalisés pour poser 72 implants.

Les prescriptions postopératoires sont les suivantes dans les deux groupes : amoxicilline 1 g matin et soir pendant 6 jours et 500 mg de paracétamol ou 400 mg d'ibuprofène si le patient en ressent le besoin. Dans le groupe 2, les patients ont aussi un corticoïde (prednisolone) pendant 4 jours.

L'analyse préopératoire est réalisée à l'aide d'un guide d'imagerie spécifique à la technique avec 2 tubes en titane perpendiculaires, fixés sur la partie externe du guide. Les images issues du scanner sont utilisées dans les logiciels pour déterminer la position idéale des implants. Un guide de forage est alors réalisé pour la chirurgie. Il sert au passage des forets de 2 mm. Le guide est ensuite retiré et des accès minimaux (2 petites incisions ou emporte-pièce) permettent la fin de la mise en place des implants.

Le recueil des données a été réalisé par questionnaire quotidien que les patients devaient remplir en indiquant les médications prises et les scores mesurant l'intensité de la douleur sur une échelle visuelle analogique (EVA). Une analyse statistique est utilisée.

Et alors ?

Lors de la procédure sans lambeau, les patients ressentent moins de douleurs et sur une période plus courte. Les patients qui ne ressentent aucune douleur (EVA = 0) sont plus nombreux dans le groupe sans lambeau (43 % à J0). La différence est particulièrement marquée les 3 premiers jours. Dans le groupe sans lambeau, les patients prennent moins d'antalgiques et sur une période plus courte. Les autres effets tels qu'oedème, hématome et paresthésie sont plus fréquents dans le groupe avec lambeau.

L'attribution de corticoïdes pendant 4 jours pour le groupe 2 modifie le type de prise en charge des 2 groupes.

Cette approche moins invasive diminue les douleurs ressenties par le patient après la procédure chirurgicale. Les corticoïdes du groupe 2 diminuent peut-être la différence qui serait observée entre les 2 groupes.

À retenir :

Les logiciels qui permettent de planifier les actes chirurgicaux ou la réalisation prothétique sont de plus en plus nombreux et performants. Leur utilisation en dentisterie, et plus particulièrement en implantologie, se développe. Un des attraits de cette approche est de sécuriser l'acte chirurgical, de diminuer le temps d'intervention et l'inconfort du patient pendant et après celle-ci.

Dans quelle mesure ces espoirs sont-ils réels ? Cette étude a pour but d'évaluer les douleurs ressenties par des patients qui ont subi une pose d'implants dentaires soit par une technique assistée par ordinateur (CADImplant system) avec chirurgie sans lambeau, soit par une technique conventionnelle avec lambeau. Deux groupes de 30 patients randomisés ont été traités. La pose d'implants sans lambeau dans cette étude occasionne moins de douleurs que par la technique conventionnelle. La douleur, lorsqu'elle existe, est moins importante et nécessite la prise d'antalgique sur une période plus courte.

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