La couleur en odontologie - Cahiers de Prothèse n° 135 du 01/09/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 135 du 01/09/2006

 

Prothèse fixée

Jean-François Lasserre *   Ioana Sofia Pop **   Emmanuel d'Incau -***  


*MCU-PH
**Assistante associée universitaire
***AHU

Résumé

Dans notre profession, le choix de la couleur des dents naturelles est une étape délicate. Si la luminosité, la saturation et la tonalité chromatique sont les bases reconnues de la colorimétrie, les trois autres dimensions optiques que sont l'opacité/translucidité, l'opalescence et la fluorescence sont rarement évoquées dans les problèmes du choix de la couleur des dents naturelles. Elles sont pourtant déterminantes dans le succès des restaurations antérieures et reflètent la structure stratifiée hétérogène des dents humaines. Le choix visuel à l'aide de teintiers est la méthode la plus répandue. Les meilleurs résultats sont obtenus avec le teintier 3D Master de Vita. Un choix visuel assisté par caméra intra-orale (SOPRO 717®, Sopro/Acteon) est aujourd'hui possible. Il a le double avantage d'agrandir l'image sur un moniteur et d'être indépendant de l'ambiance lumineuse du cabinet grâce aux LED intégrées dans la tête de la caméra. Cependant, même si l'oeil est un organe extrêmement performant, il présente, dans presque 10 % des cas, des dyschromatopsies et peut subir des altérations dans la vision des couleurs lors du vieillissement. La perception colorée dépend de l'expérience et de l'éducation individuelle. Le choix visuel de la couleur reste fondamentalement subjectif. Les spectrophotomètres et colorimètres sont des instruments qui rendent le choix de couleur plus objectif. Les appareils les plus sophistiqués sont associés à des logiciels très performants d'analyse de l'image et de communication avec le laboratoire de prothèse.

Summary

Colour in odontology: visual and instrumental determination

In our profession, the determination of natural teeth' color is considered to be a delicate stage. If value, hue and chroma are the recognized bases of colorimetry, the other three optical dimensions of color, which are opacity/translucency, opalescence and fluorescence are rarely evoked when the shade selection of natural teeth is required. And yet, they play an essential part in a successful restoration of anterior teeth and they reflect the heterogenic stratified structure of human teeth. Determination of tooth's color by visual means is the most widespread method. The best results were obtained with the Vitapan3D Master shade-guide. But a visual selection assisted by the Sopro 717® intra-oral camera (Sopro/Acteon) is possible nowadays. It has the double advantage of magnifying the image onto a screen and of being independent of surrounding brightness due to the LED integrated into the camera's head. Yet, although the human eye is a very efficient organ, it presents color blindness in almost 10 % of cases and may suffer different color vision alterations with aging. The color-perception also depends on the observer's experience and personal education. The visual selection of colors is thus a highly subjective one. Spectrophotometers and colorimeters are instruments that make determination of teeth color more objective. The most sophisticated machines are associated with extremely-efficient software, analyzing image and communicating data to the dental technical laboratory.

Key words

aesthetics, color, colorimetry, communication.

Dans son exercice quotidien, l'odontologiste est fréquemment confronté au problème de la détermination de la couleur des dents naturelles (improprement appelée « choix de teinte » en langage courant). Ce sujet a toujours été considéré comme délicat par la plupart des praticiens et prothésistes de laboratoire. La subjectivité du choix visuel, pratiqué fréquemment dans une ambiance lumineuse inappropriée, et les difficultés de la reproduction de la couleur au laboratoire conduisent la profession à s'intéresser aux appareils de mesures colorimétriques, spectrophotométriques ou à d'autres systèmes innovants de plus en plus nombreux sur le marché. L'objectif de cet article est tout d'abord de définir l'importance de la vision des couleurs et les difficultés de la représentation et de la reproduction des couleurs des dents naturelles. Il analyse ensuite les avantages et les inconvénients du choix visuel à l'aide des teintiers, du choix assisté par caméra intra-buccale et des choix par spectrophotomètres et colorimètres. Il est le préambule à un deuxième article expérimental qui évalue les performances de la caméra Sopro717® de la firme Sopro/Acteon dans son option Sopro Shade en comparaison avec l'Easyshade® (Vita), le Shade Vision® (X-Rite), et le choix classique à l'aide des teintiers Vitapan Classical® et Vitapan 3D Master® (Vita).

Vision et couleur

Les processus sensoriels sont complexes et même s'ils sont familiers, ils présentent encore des domaines inexplorés ou inexpliqués. En regardant un fruit par exemple, il est impossible d'imaginer la globalité du monde imperceptible qui concourt à lui donner sa forme, sa saveur, sa consistance ou sa couleur. Les sens constituent des interfaces entre l'individu et son environnement. La réalité de l'existence est intimement liée et limitée aux perceptions sensorielles que nous pouvons avoir du monde extérieur [1]. La vie, les plaisirs et les émotions sont indissociables de nombreuses perceptions colorées (fig. 1a et 1b).

Classiquement, la vision des couleurs se décrit à trois niveaux successifs :

- physique dans l'interaction de la lumière avec la matière ;

- sensoriel lors de la réception de la lumière par l'oeil au niveau des cellules photoréceptrices rétiniennes où naissent des impulsions sensorielles (codage spectral rétinien) qui sont transmises au centre visuel du cortex occipital ;

- psychosensoriel et neurophysiologique lorsque les impulsions nerveuses reçues par le cerveau sont transformées en une perception consciente de la lumière et de la couleur [2,3].

La couleur est une entité essentielle de la vie quotidienne, elle intervient dans toutes les activités, qu'elles soient ludiques ou émotionnelles mais aussi dans l'organisation sociale (fig. 2).

Une vision correcte des couleurs est indispensable dans de nombreuses professions. Le dépistage des sujets porteurs de dyschromatopsies est par exemple pratiqué lors du recrutement des aviateurs, des électriciens et des infirmières chez qui des déficiences de la vision des couleurs peuvent entraîner des erreurs professionnelles graves. Pour les odontologistes, il n'existe pas de dépistage, bien que la détermination de la couleur soit journalière en prothèse et en soins restaurateurs esthétiques. Les codes couleurs sont utilisés couramment dans l'instrumentation clinique (instruments diamantés, instruments d'endodontie, forets d'implantologie) (fig. 3a et 3b).

Comprendre les problèmes de la couleur ne peut se faire que dans une approche multidisciplinaire qui intéresse la physique corpusculaire et ondulatoire, les mathématiques, la psychophysiologie, la neurologie, la génétique et naturellement l'art. L'oeil humain ne perçoit qu'une très faible partie du spectre électromagnétique qui constitue la lumière au sens large. Cette bande spectrale est comprise entre les infrarouges et les ultraviolets (fig. 4).

La perception des couleurs est intimement liée à l'expérience et à l'éducation du sens visuel. Elle dépend de l'âge (fig. 5a à 5c, de facteurs environnementaux, de l'intégrité des récepteurs oculaires et du fonctionnement cérébral. Elle est donc subjective et varie d'un individu à l'autre.

Considérations sur l'analyse et la reproduction de la couleur

Trivariance de la couleur

L'analyse de la couleur passe par la connaissance de son caractère trivariant. Classiquement, une couleur se définit par trois dimensions : la luminosité, la saturation et la teinte [2, 3 et 4].

Luminosité

Il existe de nombreux synonymes comme la brillance, la luminance, la clarté ou la valeur (« brightness » ou « value » en anglais). Tous ces termes signifient la quantité de blanc contenu dans une couleur ou de manière plus générale la quantité de lumière réfléchie. L'axe blanc/noir constitue l'axe de luminosité dans les différents systèmes de représentation des couleurs. L'oeil a une sensibilité très fine dans l'évaluation de la luminosité qui est incontestablement le facteur primordial de réussite d'une prothèse esthétique. Son appréciation s'effectue mieux dans une ambiance lumineuse de faible intensité et en clignant des yeux pour privilégier la mise en fonction des bâtonnets rétiniens spécialisés dans la perception de la luminosité au détriment des cônes rétiniens spécialisés dans la perception des couleurs. Pour être juste, l'évaluation de la luminosité doit être rapide.

Saturation

La saturation est encore appelée densité de couleur ou intensité de la couleur (« chroma » en anglais, ce qui prête facilement à confusion avec la tonalité chromatique). On peut la définir comme la quantité de teinte contenue dans une couleur. Elle définit la pureté d'une teinte. Une couleur peut être désaturée ou éclaircie par adjonction de blanc, ce qui donnera un ton pastel ou elle peut être désaturée par adjonction de noir, ce qui la rendra terne, la couleur est alors dite rabattue. Par ordre d'importance, la saturation est le deuxième facteur de succès dans la réalisation des prothèses à vocation esthétique.

Teinte

La teinte est aussi appelée tonalité chromatique, ton ou chromaticité (« hue » en anglais). Le terme « couleur » est communément utilisé à la place du mot « teinte », mais il devrait être réservé pour désigner la sensation issue de la combinaison de la luminosité, de la saturation et de la teinte. La teinte caractérise la longueur d'onde dominante de la lumière réfléchie par l'objet. Elle correspond aux différentes sensations colorées (rouge, vert, bleu, jaune...). Elle est le facteur le moins important dans la réussite de la couleur des dents.

Ces trois dimensions de la couleur sont communément utilisées dans les différents systèmes de représentation des couleurs [4, 5 et 6]. Munsell fut le premier à décrire, en 1905, le caractère tridimensionnel de la couleur, représenté dans un espace chromatique cylindrique dont l'axe central, « le noyau des gris », symbolise la luminosité. Les teintes pures sont situées à la périphérie du cylindre et le rayon du cylindre donne la saturation. En 1931, la Commission internationale de l'éclairage (CIE) proposa le système de représentation des couleurs Y.x.y., où Y symbolise la luminance, alors que les lettres minuscules x et y correspondent aux coordonnées dans le plan des couleurs fondamentales rouge, verte, bleue (RVB), définissant ainsi la chromaticité de la couleur. En 1976, pour simplifier et compléter les systèmes déjà existants, la CIE introduisit le système de coordonnées L*a*b*. Il définit un espace chromatique comparable à celui de Munsell où L* représente l'axe vertical de luminosité et a* et b* définissent des coordonnées rectangulaires chromatiques dans lesquelles l'axe [-a*, +a*] représente les variations du vert au rouge et l'axe [-b*, +b*] les variations du bleu au jaune [5,6].

Couleur des dents naturelles

L'aspect coloré des dents dépasse largement une définition de coordonnées trichromatiques (L*a*b*). Le rendu visuel d'une dent naturelle est avant tout lié à la stratification de ses tissus. Il en résulte un comportement optique qui est une combinaison complexe entre les éléments suivants :

- coordonnées trichromatiques ;

- phénomène d'opacité/translucidité ;

- phénomène d'opalescence ;

- phénomène de fluorescence ;

- état de surface ;

- caractérisations.

Espace chromatique des dents naturelles

Dans la sphère chromatique représentée selon le principe du système L*a*b* (fig. 6), les dents naturelles occupent un volume en forme de rhomboïde [6]. Cette zone est globalement située haut dans l'espace chromatique, ce qui signifie que les dents naturelles sont très lumineuses, claires ou encore très désaturées en couleur. Cet espace s'étire en longueur le long de l'axe noir/blanc traduisant les variations importantes de luminosité des dents naturelles : vers le haut se trouvent les dents claires et vers le bas les dents foncées. Cet espace se situe dans un cadran compris entre l'axe des jaunes (+b*) et l'axe des rouges (+a*), tout en étant plus proche de l'axe des jaunes, c'est-à-dire que la tonalité chromatique des dents naturelles est dans l'ensemble jaune orangé. L'étroitesse du rhomboïde traduit les faibles variations de saturation. Cette zone a une orientation oblique, sa partie inférieure étant plus externe que sa partie supérieure qui est proche de l'axe de luminosité ; ce dernier point traduit le fait que les dents sombres sont aussi plus saturées en teinte. En résumé, la couleur des dents naturelles se caractérise par une luminosité élevée et une tonalité chromatique jaune orangé très désaturée. Le choix de la teinte des dents naturelles est un faux problème, toutes les dents étant jaune orangé avec des nuances plus jaunes, ou plus rouges suivant les cas. La luminosité reste toujours le facteur le plus important de la réussite esthétique.

Opacité et translucidité

La translucidité n'apparaît pas dans l'analyse de la couleur de Munsell, mais elle est un facteur très important dans le résultat final d'une restauration esthétique [3]. La couleur d'une dent doit se concevoir en trois dimensions et non pas comme un phénomène de surface. Elle résulte de l'influence des couches successives de la stratification de la dent sur la réflexion lumineuse.

Une dent doit se concevoir comme un noyau dentinaire opaque et coloré entouré d'une coque d'émail semi-translucide et d'épaisseur croissante du collet au bord libre de la dent. L'architecture de la stratification peut s'analyser de la manière suivante : à la dentine se rattachent la saturation, la tonalité chromatique et la fluorescence de la dent alors que l'émail est responsable de la luminosité, des effets de dégradés, de transparence et d'opalescence des bords incisifs (fig. 7a et 7b).

La translucidité ou la transparence d'un matériau traduit le fait qu'une partie ou que toute la lumière incidente peut traverser ce matériau. La translucidité de la dentine est de 40 % alors que celle de l'émail est de 70 %. Yamamoto propose une classification des dents par rapport à la translucidité. Il décrit trois groupes de dents :

- le groupe A où la translucidité est répartie sur l'ensemble de la face vestibulaire ;

- le groupe B où la translucidité est incisale ;

- le groupe C où la translucidité est incisale et proximale [7].

Avec l'âge, la coque d'émail s'affine et le bord incisif s'use jusqu'à la lame dentinaire, la dent perd ses effets de transparence et sa saturation augmente, car le noyau dentinaire a plus d'influence sur la couleur. Translucidité et luminosité sont étroitement liées. À teintes et saturations égales, une dent opaque est plus réfléchissante, donc plus lumineuse, qu'une dent translucide, où la forte pénétration de la lumière abaisse la luminosité. En peinture, le pouvoir couvrant traduit l'opacité de la couche de pigments vis-à-vis du support sur lequel elle est appliquée.

Opalescence

L'opalescence désigne les effets bleutés et orangés qui sont souvent visibles sur les bords d'émail naturel. On parle d'« effet opale ». On observe qu'en réflexion lumineuse, l'émail réfléchit préférentiellement des longueurs d'ondes courtes, ce qui lui donne un aspect bleuté. En revanche, en transmission lumineuse, l'émail qui filtre les longueurs d'ondes courtes ne laisse passer que des longueurs d'ondes longues, ce qui le fait apparaître orangé-rouge [8]. Cet effet est décrit par analogie à la pierre opale (fig. 8a à 8c. Ce comportement optique est lié à la taille cristalline très fine (0,15 à 0,05 µm) des molécules d'hydroxyapatite de l'émail, comparable à celle des cristaux de dioxyde de silicium qui constituent la pierre opale. Plusieurs céramiques feldspathiques comportent des poudres à effet d'opalescence (poudres Opal® de Shofu, IPS d Sign® de Ivoclar-Vivadent).

Fluorescence

La notion physique de fluorescence est la capacité d'un corps soumis à un rayonnement ultraviolet non visible de réémettre immédiatement cette lumière dans une bande spectrale visible de longueur d'onde courte et de couleur blanc bleuté [8,9] (fig. 9a et 9b). La dentine est responsable de la fluorescence des dents naturelles (fig. 10, fig.11c et 11d). Plus la dentine vieillit, plus elle perd son caractère fluorescent du fait de son hyperminéralisation [9]. Les fabricants de céramique ont introduit depuis longtemps dans les poudres de céramiques des terres rares qui donnent une fluorescence bleutée (Veenering Materials Effect Liner® deVita) [8]. Elle est comparable à celle des dents naturelles humaines lorsqu'elles sont soumises à des rayonnements ultraviolets. Sous une lumière naturelle intense riche en ultraviolets, les dents naturelles subissent un éclaircissement ou une illumination de leur corps uniquement liés au phénomène de fluorescence.

Si la luminosité, la saturation et la tonalité chromatique sont les bases reconnues de la colorimétrie, les trois autres dimensions optiques que sont l'opacité/translucidité, l'opalescence et la fluorescence sont rarement évoquées dans les problèmes du choix de la couleur des dents naturelles. Elles sont pourtant déterminantes dans le succès des restaurations antérieures et reflètent la structure stratifiée hétérogène de la dent naturelle. Ces aspects sont illustrés sur une coupe sagittale d'incisive centrale soumise à différents éclairages. Les comportements de la dentine et de l'émail aux lumières incidentes sont bien distincts (fig. 11).

État de surface

L'état de surface des dents naturelles peut être très variable et il influence significativement la perception colorée. Les dents jeunes ont en général une microgéographie de surface tourmentée, riche en fossettes et en stries horizontales de croissance ou périchématies, avec un état de surface généralement brillant (fig. 12a). Avec l'âge, l'usure abrasive et érosive de l'émail efface peu à peu ces irrégularités. La dent âgée prend un aspect lisse avec un état de surface caractéristique « émoussé luisant » (fig. 12b). Un état de surface brillant favorise la réflexion spéculaire et la transmission lumineuse à l'intérieur de la dent, ce qui baisse la luminosité. Un état de surface mat favorise, en revanche, une réflexion en « halo » qui fait apparaître la dent plus claire. L'état de surface des dents doit être systématiquement marqué sur la fiche de communication avec le laboratoire de prothèse [10,11].

Caractérisations

Les caractérisations sont indissociables de la description de la couleur d'une dent naturelle. Il s'agit d'aspects colorés particuliers et localisés comme des taches blanches opaques de déminéralisation, des effets nuageux et laiteux en surface, des fissures de l'émail claires ou infiltrées, des colorations dorées de la lame dentinaire visibles en transparence ou des infiltrations caramel, chocolat ou jaune d'or des sillons des tables occlusales des molaires et prémolaires (fig. 13a et 13b). Des teintiers spécifiques peuvent être utilisés pour ces microrelevés, mais une photographie est bien souvent le meilleur moyen de communication avec le prothésiste [11].

De nombreux auteurs comme Preston [12], Sproull [13] et Miller [14,15] ont mis en évidence les problèmes posés par la détermination de la couleur et l'insuffisance des méthodes conventionnelles comparatives. Des facteurs liés au praticien (déficiences de la perception des couleurs, vieillissement de l'oeil ou fatigue visuelle) et des facteurs liés à l'environnement (intensité lumineuse, température de la couleur d'éclairage, couleurs des murs du cabinet, couleurs des vêtements du patient et du praticien) peuvent perturber le choix de la couleur des dents naturelles [3,16]. L'appréciation des couleurs peut être faussée par de nombreux autres facteurs comme le phénomène de métamérisme, les illusions de contraste, l'état de surface de la dent, l'angle d'observation ou la distance à l'objet [17,18]. Ces dernières années les progrès techniques dans le domaine de la colorimétrie et de la spectrophotométrie remettent en cause les techniques conventionnelles du choix visuel comparatif à l'aide de teintiers.

Reproduction de la couleur

Le choix de la couleur est indissociable du problème de sa reproduction. Le prothésiste doit reproduire de manière exacte la cartographie de couleur établie par le praticien, ce qui est un véritable défi quand on connaît le grand nombre de variables intervenant sur le résultat coloré final lors de la mise en oeuvre des matériaux esthétiques. Le sens artistique et l'expérience du prothésiste, la marque et la qualité de la céramique utilisée, l'épaisseur disponible pour la stratification, la technique de montage et de condensation et le nombre de cuissons de la céramique, sont quelques-uns des nombreux facteurs qui influencent la couleur finale de la restauration céramique [15,19] (fig. 14a et 14b). Les restaurations tout céramique qui utilisent des infrastructures cristallines claires et semi-opaques offrent des qualités optiques supérieures à celles des techniques classiques céramo-métalliques où les chapes constituent un écran total à la pénétration de la lumière dans la dent [21,22]. Il existe aussi des différences importantes entre la couleur des échantillons des teintiers (production industrielle) et la couleur après cuisson des poudres de céramiques correspondantes (production artisanale de laboratoire) [23,24]. Des inégalités de couleur suivant les lots de production d'une même céramique peuvent s'observer [25]. Pour le laboratoire, les spectrophotomètres et les caméras intrabuccales, associés à des logiciels d'analyse de la couleur, améliorent la qualité de la communication et permettent d'effectuer des contrôles au cours même de l'élaboration prothétique.

Méthodes de détermination de la couleur

Les méthodes du choix et de la communication de la couleur peuvent se classer en trois familles :

- choix visuel à l'aide des teintiers ;

- choix visuel assisté par caméra intra-orale ;

- choix instrumental par spectrophotomètres et colorimètres.

Choix visuel à l'aide des teintiers

C'est la méthode la plus ancienne dont le principe est de comparer visuellement les barettes échantillon du teintier avec la dent naturelle à imiter jusqu'à trouver l'échantillon le plus proche de la dent. Chaque teintier a sa méthodologie indiquée par le fabricant. Le choix s'effectue dans un environnement coloré neutre, de préférence en lumière naturelle, avec une exposition solaire indirecte, en fin de matinée et idéalement par ciel nuageux. À défaut, on utilisera des conditions d'éclairage artificiel de type lumière du jour défini par un spectre blanc continu avec un éclairement de 2 000 lux et une température de couleur proche de 6 500° Kelvin. L'utilisation des teintiers s'accompagne de la réalisation d'un schéma détaillé dans les trois zones cervicale, moyenne et incisale. Des prises de vue macrophotographiques argentiques ou numériques donnent des informations irremplaçables sur les caractérisations, la nature des dégradés et l'état de surface de la dent. Ce choix est subjectif puisqu'il dépend de la physiologie oculaire de l'observateur, du vieillissement de l'oeil ou d'éventuelles dyschromatopsies, de son éducation visuelle, ainsi que de la qualité de la lumière environnante. Parmi les teintiers, on peut séparer ceux qui sont construits par familles de teintes et ceux construits par groupes de luminosité.

Teintiers construits par familles de teintes

Il s'agit tout d'abord du teintier Vitapan Classical®, créé en 1956 sous le nom de Vita Lumin Vacuum® par la firme Vita. Il est le plus largement répandu dans les cabinets dentaires de par le monde (fig. 15). Il a été adopté comme référentiel de teintes par plusieurs fabricants de composites d'obturation et de poudres de céramiques. Les échantillons, au nombre de 16, se classent en 4 familles de tonalité chromatique (brun rougeâtre/A - jaune rougeâtre/B - gris/C - gris rougeâtre/D) déclinées ensuite dans un code chiffre (1-2-3-3,5-4) d'évaluation de la saturation. Même si le fabricant propose un rangement par ordre de luminosité (B1-A1-B2-D2-A2-C1-C2-D4-A3-D3-B3-A3,5-B4-C3-A4-C4), ce teintier n'est pas conçu pour une évaluation précise de la luminosité des dents. De plus, il présente une insuffisance d'échantillons saturés pour les dents des patients âgés [26].

Le deuxième teintier le plus connu est le Chromascop® de Ivoclar-Vivadent, créé en 1990. Il comporte 20 échantillons qui se regroupent en 5 familles chromatiques (clair/100 - jaune orangé/200 - brun/300 - gris/400 - brun foncé/500) (fig. 16). Chaque famille se décline dans un code chiffre (10-20-30-40) qui traduit la saturation. C'est un teintier construit en deux dimensions qui laisse au prothésiste le calage de la luminosité par la stratification des couches d'émail, la dentine étant responsable de la teinte et de la saturation de la dent. Ce teintier a pour avantage de présenter un bon nombre d'échantillons de saturation élevée qui se prête à la détermination de la couleur des dents âgées.

Teintiers construits par groupes de luminosité

Il s'agit du teintier Vitapan 3D Master® de la firme Vita, commercialisé à partir de 1998 (fig. 17). Ce teintier comporte 26 échantillons répartis en 5 familles de luminosité croissante (groupes 1-2-3-4-5). La saturation s'évalue en descendant dans le sous-groupe central M par un code chiffre de 1 à 3 (1-1,5-2-2,5-3). Enfin, le choix de la tonalité chromatique est réduit entre le sous-groupe à droite R (right) de tendance chromatique rouge, et le sous-groupe à gauche L (left) de tendance chromatique jaune. Ce teintier donne la priorité au choix du facteur le plus important dans la réussite de la couleur qu'est la luminosité, viennent ensuite la saturation et la tonalité chromatique. Il présente de plus une gamme étendue d'échantillons à la fois dans les couleurs saturées et dans les couleurs claires [10]. Il permet un choix de la couleur plus scientifique, plus précis et plus rapide que les teintiers précédents et constitue une avancée réelle pour le choix visuel par teintier [10,27].

Choix visuel assisté par caméra intra-orale

Principes techniques

Cette méthode est intermédiaire entre le choix visuel par teintier et le choix purement instrumental. La société Sopro du groupe Acteon France a mis au point une fonction « Sopro shade, choix de teinte, brevet Sopro » sur la caméra intra-orale Sopro 717® (ce matériel a obtenu le prix de l'innovation équipement de l'Association dentaire française, ADF 2005) (fig. 18). Le choix de la couleur de la dent reste visuel et comparatif aux échantillons des teintiers habituels, mais il est reporté sur un moniteur qui permet d'avoir une image fortement agrandie. La comparaison de la dent avec les échantillons du teintier s'en trouve ainsi facilitée. Ce procédé original constitue une aide au choix visuel qui, par ailleurs, a l'avantage de ne plus dépendre de la lumière environnante du cabinet mais uniquement de l'éclairage (LED) intégré dans la tête de la caméra intra-orale. La caméra ne nécessite pas un étalonnage sur le blanc comme les spectrophotomètres et colorimètres. Le choix restant comparatif, il n'est pas influencé par le vieillissement des LED. Le logiciel « Sopro imagin » permet de réaliser une fiche de communication avec le laboratoire où sont associées au choix de la couleur, des images numérisées de très bonne qualité de la dent de référence. L'investissement financier reste faible en comparaison des spectrophotomètres et colorimètres. Il permet un accès à une méthodologie nouvelle de détermination de la couleur auquel s'ajoute l'usage habituel pédagogique d'une caméra intra-orale.

Protocole clinique du choix de la couleur par la caméra SOPRO 717®

Au préalable, la caméra intrabuccale est chargée d'un embout spécifique pour le choix de la couleur d'une dent déterminée. Celui-ci isole l'éclairage des LED de la tête de la caméra des interférences avec l'éclairage ambiant.

• 1re étape (fig. 19)

La caméra est mise en position Sopro Shade 1.

Son embout est positionné contre la face vestibulaire de la dent, en position tangentielle, pour bien centrer le tiers moyen de la dent dans l'image. La rainure à la base de la fenêtre peut aider par l'appui qu'il crée à positionner correctement le bord incisif.

• 2e étape (fig. 20)

Lorsque l'image visible sur le moniteur est satisfaisante, elle est figée en effleurant la Sopro Touch ou à l'aide d'une pédale. La moitié gauche de l'image est alors mémorisée dans le boîtier de contrôle de la caméra ; elle peut être effacée par le même procédé.

• 3e étape (fig. 21)

La caméra est mise en position Sopro Shade 2 et on effectue la recherche de l'échantillon de teintier le plus proche de la dent de référence en regardant le moniteur. L'identité de couleur est recherchée entre le tiers moyen de la dent et celui de l'échantillon. Par ailleurs, tous les teintiers peuvent être utilisés et on respecte son protocole propre.

• 4e étape (fig. 22)

Lorsque l'échantillon le plus proche de la dent de référence est trouvé, on effleure à nouveau la Sopro Touch ou la pédale pour figer l'image qui peut être enregistrée pour le laboratoire.

Choix instrumental par spectrophotomètres et colorimètres

Les méthodes comparatives où l'évaluation de la couleur est visuelle sont dépendantes de la subjectivité du praticien. Depuis quelques années la recherche a mis au point des instruments de mesure de la couleur qui rendent son choix plus scientifique et objectif [9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19et 20]. Ces appareils peuvent être classés en deux familles : les spectrophotomètres et les colorimètres(tabl. I) .

Les spectrophotomètres analysent les longueurs d'onde réfléchies d'une lumière incidente polychromatique visible. Le spectre réfléchi est mesuré en de très nombreux points, à intervalles faibles, et il est comparé à une base de données pour en déduire la couleur de la dent. Pour une mesure optique, plusieurs millions de points de référence sont analysés sur une dent. Ces appareils sont actuellement les plus précis et ne posent pas de problèmes de vieillissement de la source lumineuse [29,30]. Les colorimètres, quant à eux, analysent la couleur par des mesures de réflexion de la lumière source au travers de trois filtres : rouge, vert et bleu, ce qui définit une couleur par ses coordonnées trichromatiques. Les mesures sont moins précises qu'avec les spectrophotomètres et elles sont sensibles au vieillissement de la lumière, source des filtres colorés [29,30]. Les méthodes instrumentales se prêtent à l'analyse, à la communication et à la vérification de la couleur au laboratoire. Elles permettent une détermination de la couleur en quelques secondes, ce qui évite la déshydratation de la dent qui est à l'origine d'erreurs par l'éclaircissement qu'elle produit [30].

En 1998, le premier colorimètre, issu d'une collaboration entre Yamamoto et les industriels Shofu et Minolta, a été commercialisé. Il s'agit du Shade Eye Chroma Meter® de Shofu qui marque le début des systèmes instrumentaux de détermination de la couleur en odontologie. Son utilisation est assez restrictive puisque la prise de teinte est limitée à l'analyse spectrale de la réflexion lumineuse en un seul point et les résultats ne sont facilement applicables qu'à la céramique Shofu [3]. En 2000, le Shade Scan® de Cynovad est l'un des premiers colorimètres, très performant et polyvalent [31]. Il utilise le principe d'analyse comparative de prise de vue des dents par appareil numérique avec une banque d'images d'échantillons des teintiers les plus connus. La dent peut être analysée globalement par des cartographies 3D (teinte-saturation-luminosité). Une cartographie de la translucidité est aussi réalisable. L'ensemble des informations est regroupé sur une fiche de communication détaillée, destinée au laboratoire de prothèse. Elle peut être envoyée par les moyens modernes de communication (fig. 23a et 23b).

En 2001, le Spectro Shade® de MHT International est un spectrophotomètre qui analyse les longueurs d'ondes réfléchies en un très grand nombre de points et recompose des cartographies de la dent comparables à celles du Shade Scan®. Il permet de faire des évaluations de la prothèse en cours de réalisation au laboratoire. En 2002, le Shade Vision® de X Rite est un colorimètre très performant qui enregistre des images numériques globales de la dent. Sur ordinateur, un logiciel permet d'analyser cette image et d'obtenir des cartographies détaillées par zones de références de couleurs ainsi que des cartographies qui déclinent les trois dimensions de la couleur : saturation, teinte et luminosité (fig. 24a et 24b). Des reconstitutions panoramiques de l'arcade sont possibles. Au laboratoire, une boîte noire et un cadre gingival artificiel permettent de faire des essais virtuels sur les prothèses en cours d'élaboration.

La firme Vita a commercialisé, en 2002, son propre spectrophotomètre, le Vita Easy Shade®. Il fonctionne sans ordinateur et utilise comme référentiel les deux teintiers de Vita : le Vitapan Classical® et le Vitapan 3D Master®. Il est rapide et facile d'utilisation. La mesure se fait à l'aide d'une fibre optique par un spot central de 8 mm placé dans la zone moyenne de la couronne de référence (fig. 25a et 25b). On peut faire une analyse en trois points (zone cervicale - zone médiane - zone incisale) pour une cartographie simplifiée de la couleur de la dent. Des informations d'analyse 3D sont aussi disponibles. C'est un appareil plus simple que les trois précédents : il ne présente pas de logiciel de communication avec le laboratoire de prothèse et il est moins onéreux.

Avec ces appareils, la détermination de la teinte semble plus objective, car elle ne dépend ni de l'oeil ni de la lumière environnante. La source d'éclairage interne est étalonnée sur le blanc en début de test. Les machines les plus évoluées sont indéniablement d'excellents outils d'analyse et de communication avec le laboratoire [32,33]. Cependant, une certaine habitude est nécessaire pour maîtriser la manipulation correcte de l'instrument lors des relevés de couleur. En effet, des modifications minimes de positionnement des embouts par rapport à la dent (inclinaison ou éloignement) vont fausser de manière importante la mesure. Bien manipulés, ces appareils ont une bonne répétabilité des résultats [34]. Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques des principaux appareils de mesure de la couleur commercialisés pour l'odontologie.

Avantages et inconvénients des différentes méthodes de détermination de la couleur

Les trois grandes familles de méthodes de détermination de la couleur ont toutes des avantages et des inconvénients. Ils sont présentés dans un tableau (tabl. II) [27, 35,36,37,38]. Bien souvent, c'est le poids des habitudes de travail et les difficultés à faire évoluer les relations avec les laboratoires de prothèse qui sont un frein à l'adoption de nouvelles technologies, pourtant scientifiquement plus performantes.

Conclusion

L'analyse et la communication de la couleur des dents naturelles a énormément progressé avec la mise au point de teintiers intégrant l'analyse 3D de la couleur et l'apparition de spectrophotomètres et de colorimètres performants. Nous sommes aujourd'hui parfaitement capables, grâce aux logiciels de communication qui intègrent, au-delà du choix de la teinte de base, des macrophotographies numériques, de transmettre tous les détails qui contribuent au rendu de la couleur de la dent à reproduire.

Encore faut-il comprendre ce qu'est la couleur d'une dent naturelle. Elle dépasse largement la définition d'une teinte de base prise dans le tiers moyen de la dent de référence. Elle dépasse aussi largement l'analyse tridimensionnelle de la couleur classiquement décomposée en luminosité, saturation, et tonalité chromatique. Elle se développe en profondeur, intimement dans la stratification des tissus de la dent naturelle. Ce sont les six autres dimensions de la couleur que sont l'opacité et la translucidité, l'opalescence, la fluorescence, l'effet nacré, la texture de surface et les caractérisations qui doivent êtres prises en compte, pour arriver à une description parfaite du naturel.

Cependant, les principaux problèmes restent l'interprétation et la reproduction de la couleur au laboratoire, totalement liées à l'expérience et au sens artistique du prothésiste. Doit-on parler d'un point faible ou d'un point fort de notre profession ?

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