Rentrée calculette

C'est la rentrée ! Les vacances vous ont permis des moments de détente appréciables, après un début d'année consacré à l'odontologie et à la gestion du cabinet dentaire.

Cette remise en forme va se révéler profitable car la reprise va être rude, dans un environnement de pratique libérale en plein bouleversement. Avant le départ en vacances vous aviez, comme il se doit, mis à jour votre banque de données pour intégrer les augmentations de cotation des actes courants (en reconnaissant qu'elles sont bien modestes) et vous aviez provisionné votre compte bancaire en prévision des prélèvements URSSAF qui n'ont pas manqué de vous alerter. Vous aviez légèrement tenté de comprendre les modalités d'application de la nouvelle convention :

- augmentation de la valeur de certains actes : facile à mettre en oeuvre ;

- abandon par les caisses d'une partie de vos cotisations maladie : plutôt curieux, cela efface l'effet de l'augmentation annoncée par les médias au grand public. Qui a parlé d'une profession acceptant de financer sa propre augmentation des honoraires ?

- calcul des cotisations : là, il devient opportun de mettre à profit les facultés de stratégie développées par les épreuves de Sudoku remportées durant les vacances ! Comme c'est votre activité de thérapeute qui sert de référence, il vous faut faire la différence entre actes remboursables, soins CMU, CMU-C, actes HN, DP, entente directe, etc. Vite, aux calculettes, pour tenter d'avoir la solution des équations aboutissant au taux URSSAF, au taux de participation des caisses, aux dépassements plafonnés du périmètre CMU-C... Le résultat saute aux yeux : plus vous transmettez aux caisses des honoraires dépassant ceux de la NGAP, plus vos cotisations augmentent.

Vous constatez également, non sans indignation, que la base de calcul commence avec l'année 2004, suivie pour l'an prochain de l'année 2005, années pour lesquelles ni les relevés SNIR, ni votre logiciel de gestion du cabinet n'ont été programmés à cet effet. Les règles du jeu ont été changées en cours de partie ! En cette rentrée 2006, vous voici confronté à un bouleversement de vos habitudes qui impose :

- d'informer votre comptable pour qu'il comprenne la situation ;

- de demander d'urgence à votre concepteur de logiciel de cabinet les aménagements nécessaires pour faciliter les modes de calcul, fournir les informations aux patients, créer les modèles de factures correspondant aux nouveaux découpages de l'exercice ;

- d'attendre le comportement des Caisses complémentaires face à ces modifications ;

- de consacrer encore plus de temps à la communication avec les patients pour conserver l'image d'un praticien honnête, respectueux des règles administratives et prodiguant des soins conformes aux données acquises de la science.

Dans ce numéro 135 des Cahiers de prothèse, nous avons voulu mettre en évidence certains aspects d'une approche thérapeutique du patient tendant vers cet objectif : gestion de l'esthétique, traitements pluridisciplinaires, prise en charge des patients très âgés, connaissance de l'anatomie dentaire... À l'évidence, cela ne correspond pas à un mode d'exercice se limitant au cadre de la NGAP, mais nous savons, à la Rédaction, que nos lecteurs prennent encore du plaisir à progresser dans cette profession. Alors, ne baissons pas les bras , résistons à tout ce qui peut nous faire tendre vers la routine et la médiocrité.