L'outil oublié - Cahiers de Prothèse n° 136 du 01/12/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 136 du 01/12/2006

 

Éditorial

jean schittly  

rédacteur en chef

Des milliers d'articles abordant de près ou de loin les fonctions de l'appareil manducateur paraissent chaque année dans la presse professionnelle pour informer les lecteurs des dernières évolutions des techniques de restauration esthétique et fonctionnelle des arcades.

Ils touchent des domaines aussi variés que l'odontologie restauratrice, la prothèse sous toutes ses formes et mettent en évidence le rôle majeur des disciplines associées à ces traitements comme...


Des milliers d'articles abordant de près ou de loin les fonctions de l'appareil manducateur paraissent chaque année dans la presse professionnelle pour informer les lecteurs des dernières évolutions des techniques de restauration esthétique et fonctionnelle des arcades.

Ils touchent des domaines aussi variés que l'odontologie restauratrice, la prothèse sous toutes ses formes et mettent en évidence le rôle majeur des disciplines associées à ces traitements comme l'occlusodontie, l'endodontie, la parodontie, l'orthodontie...

Or, attiré par l'apprentissage de telle ou telle technique, le lecteur perd souvent de vue le principal objectif du traitement présenté, à savoir renforcer, rétablir et protéger les fonctions de l'appareil manducateur. C'est évidemment l'organe dentaire qui, par sa situation sur l'arcade et par sa morphologie, en constitue l'élément de base. La face occlusale de la couronne en constitue l'outil, prolongé par ses faces axiales et sa (ou ses) racine(s) pour servir de support et d'axe de travail.

Pour utiliser efficacement un outil, il est indispensable d'en connaître le maniement, l'angle d'attaque, mais il est important aussi que sa forme soit la mieux adaptée possible à sa fonction.

Concernant l'« outil dent », il m'a semblé qu'on avait un peu oublié cette dernière exigence, notamment dans les programmes de formation initiale et continue.

Certes, il existe des documents pédagogiques de qualité qui, depuis des décennies, servent de support à l'apprentissage de la morphologie dentaire, mais on ne dispose pas, dans ce domaine, de « précis d'anatomie » comparables à ceux consacrés à l'anatomie générale.

C'est pourquoi j'ai proposé en mars 2003, à la rédaction des Cahiers de prothèse, la publication d'une série d'articles correspondant à ce cahier des charges.

La tâche n'a pas été facile, car si ce sujet est apparu comme fondamental, il n'en a pas moins suscité certaines réticences : le thème ne constitue pas une nouveauté, la lecture demande un effort d'attention soutenu, son bénéfice n'apparaissant qu'après un entraînement au dessin et la comparaison des variantes anatomiques à des situations concrètes. Pour l'édition, ce thème ne génère pas... de publicité.

Nous nous sommes toutefois lancés dans l'aventure et, à l'issue du 14e article figurant dans ce numéro, le défi a été relevé : les 28 dents permanentes ont été décrites avec la minutie d'un anatomiste, avec une terminologie précise, propre à favoriser un langage commun entre les différents acteurs concernés par l'anatomie dentaire : étudiants, enseignants, praticiens, prothésistes dentaires...

La boucle sera bouclée avec l'article du numéro de mars consacré aux dents de sagesse et le bilan de ces 4 ans d'« intrusion » de l'anatomie dentaire dans le sommaire de la revue pourra être dressé.

Personnellement, j'en ai tiré un grand bénéfice dans mon exercice au fauteuil grâce à l'apprentissage des formes lors de la reprise sur ordinateur de l'iconographie et surtout dans les rapports humains avec l'auteur, Georges Papathanassiou, qui m'a donné l'occasion au fil des années de partager sa passion pour cet organe dentaire, « outil » qu'il est déraisonnable d'oublier.