L'utilisation de PAC avec une base en métal diminue significativement la croissance des colonies de Candida chez les patients immuno-déprimés GRaDE A (16)
 

Les cahiers de prothèse n° 136 du 01/12/2006

 

revue de presse

Résumé par Caroline Floris  

Objectifs

Cette étude prospective in vivo cherche à mettre en évidence des différences significatives entre l'utilisation de PAC « classique », utilisant entièrement de la résine acrylique, et celle utilisant un recouvrement palatin en métal (nickel-chrome, béryllium) chez les patients porteurs du VIH sur la colonisation par les Candida. Les auteurs différencient 2 types de patients immuno-déprimés : ceux ayant plus de 300 CD4+/mm3 et ceux en...


Objectifs

Cette étude prospective in vivo cherche à mettre en évidence des différences significatives entre l'utilisation de PAC « classique », utilisant entièrement de la résine acrylique, et celle utilisant un recouvrement palatin en métal (nickel-chrome, béryllium) chez les patients porteurs du VIH sur la colonisation par les Candida. Les auteurs différencient 2 types de patients immuno-déprimés : ceux ayant plus de 300 CD4+/mm3 et ceux en ayant moins (phase de sida déclaré).

Les Candida font partie de la flore commensale intra-orale. Ils représentent entre 20 et 50 % de cette flore chez les patients dentés en bonne santé et plus de 75 % chez les porteurs de prothèse. Cependant, lorsque la réponse immunitaire d'un patient est défaillante, cette flore commensale se transforme en flore parasite pathogène.

Les études épidémiologiques montrent que les candidoses intra-orales se développent chez un tiers, voire la moitié des patients porteurs du VIH. La plupart de ces manifestations sont liées à la formation d'un biofilm de Candida sur les surfaces prothétiques.

Il y a de fortes chances que la colonisation des surfaces d'appui prothétiques soit un réservoir bactérien favorisant la dissémination d'infections. Les irrégularités de surface des prothèses peuvent augmenter l'affinité des micro-organismes résiduels pour la PAC même après brossage et contribuent à la réinfection des muqueuses palatines. De plus, la résistance au traitement antifongique devient un réel problème au sein de la population croissante des patients immuno-déprimés.

Certains auteurs ont mis en évidence une action inhibitrice sur la croissance bactérienne lors de l'utilisation de base palatine en métal. Les auteurs cherchent à vérifier ces résultats sur une population immuno-déprimée.

Méthodologie

Au total, 19 patients VIH totalement édentés au maxillaire ont été sélectionnés pour l'étude.

Les PAC avaient le palais constitué d'une moitié en résine et l'autre en métal.

Les patients étaient divisés en 2 groupes :

- ceux à faible taux de CD4+ (moins de 300/mm3) ou phase déclarée de sida ;

- ceux à haut taux de CD4+ (plus de 300/mm3).

La muqueuse palatine a été évaluée avant l'insertion des prothèses, puis à 1, 3 et 5 mois après mise en place.

Les échantillons ont été prélevés grâce à une « empreinte modifiée ». Des éponges de cellulose imprégnées ont été placées grâce à un porte-empreinte sur la muqueuse palatine pendant 60 s. Chaque éponge a ensuite été évaluée indépendamment.

Cette méthode permet de différencier certaines familles de Candida telles les albicans, tropicalis, krusei ou dubliniensis.

Résultats

• Selon le type de matériau utilisé : durant le premier mois de port de la prothèse, on ne met en évidence aucune différence significative entre le nombre de colonies de Candida entre les 2 surfaces prothétiques. Cependant, à partir du troisième mois, la différence devient significative, en faveur du recouvrement métallique du palais.

• Selon le taux de CD4+ des patients : l'échantillon de patients à faible taux de CD4+ présente significativement plus de colonies de Candida à partir du 3e mois après insertion.

Au sein du groupe à faible taux de CD4+, le taux de Candida est significativement plus élevé à partir du deuxième mois, contrairement au groupe à taux élevé qui ne présente jamais de différence significative.

• Selon le type de Candida présent : durant le premier mois, on ne constate aucune différence significative entre les différentes familles de Candida.

Le seul Candida à être significativement plus présent à partir du 3e mois est C. dubliniensis.

• Selon l'état de la muqueuse palatine : le taux d'inflammation de la muqueuse palatine a été évalué de chaque côté de la prothèse. Aucune différence significative n'a été mise en évidence.

Discussion

Dans cette étude à court terme, on constate que l'utilisation de PAC avec une base en métal diminue significativement la croissance des colonies de Candida.

Les surfaces actuelles des PAC en résine présentent encore de nombreuses irrégularités, responsables d'infections opportunistes. Il est donc nécessaire de trouver d'autres matériaux ou d'améliorer l'état de surface des résines acryliques.

Cette étude démontre que les PAC avec une base en métal peuvent être d'un important secours au sein des services médicaux pour les porteurs du VIH. Ces patients perdent généralement leurs dents assez précocement et sont très sensibles aux infections fongiques. Il faut donc absolument éviter que la restauration prothétique soit une source d'infection : Primum non nocere !

Ce type de prothèses est une alternative intéressante pour tous nos patients immuno-déprimés, ou ayant un terrain favorable au développement d'infections fongiques.