Suivi sur 15 ans de 76 patients consécutifs traités par prothèses complètes fixées sur implants au maxillaire - Cahiers de Prothèse n° 136 du 01/12/2006
 

Les cahiers de prothèse n° 136 du 01/12/2006

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Le but de cette étude est de rapporter des résultats de données collectées sur des patients traités en 1986 et 1987 avec des prothèses complètes maxillaires fixées sur implants et suivis sur une période de 15 ans. Les complications survenues et le niveau de perte osseuse ont été répertoriés. Les taux de survie et de succès ont été calculés.

Comment ?

Cette étude répertorie tous les patients consécutifs traités à la clinique Brånemark...


Pourquoi ?

Le but de cette étude est de rapporter des résultats de données collectées sur des patients traités en 1986 et 1987 avec des prothèses complètes maxillaires fixées sur implants et suivis sur une période de 15 ans. Les complications survenues et le niveau de perte osseuse ont été répertoriés. Les taux de survie et de succès ont été calculés.

Comment ?

Cette étude répertorie tous les patients consécutifs traités à la clinique Brånemark de Göteborg entre le 1er janvier 1986 et le 31 décembre 1987 et qui ont reçu un bridge complet fixé sur implants au maxillaire. Au total, 76 patients (âgés en moyenne de 60,1 ans au moment de la chirurgie) dont 48 hommes ont été inclus dans cette étude. La durée moyenne d'édentement avant traitement était de 13,3 ans. Un total de 450 implants usinés Brånemark ont été mis en place selon un protocole en 2 temps. La connexion des piliers a été réalisée 6 à 8 mois après la chirurgie et les prothèses fixées ont été réalisées avec des armatures en or, puis des dents en résine ont été vissées 2 à 6 semaines plus tard. Des extensions de 7 à 12 mm ont été réalisées. Des contrôles annuels ont été instaurés. Des radiographies de contrôle ont été réalisées à 1, 5, 10 et 15 ans. Les pertes osseuses ont été mesurées à partir de la jonction implant/pilier. Les critères de succès utilisés sont ceux décrits par Albrektsson (1986). Des tables de survie et des taux de succès cumulatifs ont été calculés.

Et alors ?

Sur la période de 15 ans, 21 patients ont décédé et 22 autres ont été perdus de vue (28,9 %). Seuls 33 patients ont donc été suivis complètement sur 15 ans. Sur les 450 implants posés, 37 ont été perdus ou retirés sur 22 patients : 15 implants (chez 14 patients) ont été retirés avant la pose de la prothèse et 22 après (sur 13 patients). La valeur moyenne d'échec implantaire est de 0,49 (± 0,95) implant par patient sur les 15 ans. Aucun échec implantaire n'a été relevé sur 54 patients. En revanche, 14 patients ont présenté 1 échec, 3 patients 2, 3 patients 3 et 2 patients 4.

Sur les 33 patients suivis sur 15 ans, 6 ont présenté des échecs implantaires (18,2 %).

La plupart des implants ont été perdus avant leur mise en fonction ou lors de la première année (24/37). Au total, 18 implants de 7 et 10 mm (sur respectivement 111 et 199) ont été perdus ainsi que 1 implant de 13 mm. Le taux de survie implantaire cumulatif est de 90,9 % après 15 ans. Le taux de survie prothétique cumulatif est de 90,6 % après 15 ans. Le nombre moyen de rendez-vous de maintenance est de 1,2 à 2 par an. Les fractures de résine sont les complications les plus fréquentes ; les fractures de composants implantaires ou les dévissages sont rares.

La perte osseuse moyenne après 1 an est de 0,4 mm (SD 0,31) et de 0,5 mm (SD 0,47) après 5 ans. De très faibles modifications ont été observées après 10 et 15 ans. Seulement 2 % des implants présentent une perte osseuse de plus de 2 mm après 5 ans, 4,7 % après 10 ans et 2 % après 15 ans. Le pourcentage de patients correspondant est respectivement de 4,9 %, 24,4 % et 8 %. En intégrant les pertes osseuses maximales préconisées par Albrektsson, le taux de succès cumulatif est de 86,8 % après 15 ans.

Sur une période de 2 ans, les 76 patients consécutifs qui ont reçu le même traitement ont été inclus dans l'étude.

Les informations nécessaires à l'analyse de ce type d'étude sont réunies. Un taux de survie de 90 % au maxillaire après 15 ans est une donnée fiable avec le protocole utilisé.

À retenir :

Le traitement implantaire des arcades totalement édentées est une option désormais classique et bien documentée, même sur une période de plus de 10 ans. Cependant, la littérature est plus abondante pour l'arcade mandibulaire et les résultats sont souvent présentés sous forme de valeur moyenne plutôt que du point de vue du patient. Le but de cette étude est de décrire l'efficacité du traitement par prothèse fixée sur implant à l'arcade maxillaire sur une période de 15 ans en se focalisant sur les résultats pour chaque patient et les complications éventuelles survenant sur cette période. Au total, 76 patients traités en 1986 et 1987 à la clinique Brånemark ont été inclus dans l'étude. Le protocole classique en 2 temps chirurgicaux avec des implants usinés (450) a été utilisé. Au total, 21 patients sont décédés et 22 ont été perdus de vue (28,9 %) sur la période de 15 ans. Cette étude montre des taux de survie de 90,9 % pour les implants et 90,6 % pour les prothèses maxillaires fixées après 15 ans. Aucun échec implantaire n'a été relevé pour 54 patients. Elle montre aussi une perte osseuse moyenne de 0,5 mm (SD 0,59) avec une perte plus importante la première année et une relative stabilité ensuite. Cette étude confirme les bons résultats sur le long terme de ce type de protocole.