Étudiant stagiaire - Cahiers de Prothèse n° 137 du 01/03/2007
 

Les cahiers de prothèse n° 137 du 01/03/2007

 

ÉDITORIAL

jean schittly  

rédacteur en chef

La suppression du stage d'initiation à la vie professionnelle, obligatoire en 5e année depuis 10 ans, remplacé par un stage dit « actif » en 6e année concerne à la fois les hospitalo-universitaires, les instances dirigeantes de la profession, les praticiens, maîtres de stages potentiels et, bien entendu, les étudiants.

La mise en place et l'évaluation de ces stages, dès leur lancement, par l'université de Clermont-Ferrand (webodonto.u-clermont1.fr)...


La suppression du stage d'initiation à la vie professionnelle, obligatoire en 5e année depuis 10 ans, remplacé par un stage dit « actif » en 6e année concerne à la fois les hospitalo-universitaires, les instances dirigeantes de la profession, les praticiens, maîtres de stages potentiels et, bien entendu, les étudiants.

La mise en place et l'évaluation de ces stages, dès leur lancement, par l'université de Clermont-Ferrand (webodonto.u-clermont1.fr) sont un modèle du genre pour permettre de coller à la réalité pratique de toute nouvelle organisation.

Or, la comparaison de cette approche rationnelle avec les hésitations, voire les approximations qui précèdent la sortie des textes d'application inspire quelques réflexions :

• Sous l'angle de l'étudiant :

En 5e année, le stage d'initiation à la vie professionnelle s'est révélé très bénéfique dans de nombreux domaines :

- pour se préparer à l'épreuve de « synthèse clinique et thérapeutique » (CSCT), aboutissement des formations de second cycle et véritable permis d'exercer pour les étudiants ;

- pour acquérir la démarche aboutissant aux plans de traitement ;

- pour apprendre à communiquer avec le patient, avec l'équipe soignante ;

- pour se familiariser avec le fonctionnement du cabinet, la chaîne de stérilisation, la gestion informatique, les rapports avec les laboratoires...

Qu'est-ce qui a motivé la suppression de ce stage ? N'y a-t-il pas une perte d'intérêt, d'efficacité, une erreur d'objectif en le transférant en 6e année ?

En effet, les étudiants de 6e année jugés aptes à effectuer les actes courants par l'obtention du CSCT, ne vont-ils pas souffrir d'une carence liée à l'absence d'initiation à la vie du cabinet dentaire avant de se lancer dans ce stage « actif » ?

Est-il raisonnable de penser que ces jeunes praticiens accepteront facilement un stage non rémunéré pour effectuer dans un cadre libéral des actes pour lesquels ils ont déjà été formés et qu'ils ont validé dans la structure hospitalo-universitaire ?

• Sous l'angle du praticien :

Le chirurgien-dentiste, « maître de stage », en retire une certaine gratification en lui permettant de mettre en évidence les aspects multiples de sa pratique professionnelle. Il n'hésitera pas à consacrer du temps au stagiaire, voire à se replonger dans la révision de certaines notions théoriques ou techniques pour lui donner la meilleure image possible.

Toutefois, sera-t-il prêt à laisser son stagiaire effectuer des actes pour lesquels le patient est venu le consulter personnellement ?

• Sous l'angle du patient :

Est-il déraisonnable de penser que le patient qui vient consulter pour confier son traitement au titulaire du cabinet acceptera facilement la prise en charge par un étudiant ? Aura-t-il le même comportement que le patient d'un centre de soins face à un stagiaire inexpérimenté ?

Quelle attitude devra adopter le praticien s'il y a des incidents, des douleurs postopératoires mêmes jugées « normales » ?

Pour nous, il serait plus logique de confier à l'étudiant de 6e année un rôle de collaborateur lui permettant de gérer ses propres patients et de monter en puissance à l'issue de son cursus hospitalier pour obtenir, après un nombre d'heures conséquent de pratique, une reconnaissance, une capacité à gérer de façon autonome un cabinet dentaire.

Cela permettrait d'exploiter à nouveau les compétences et l'environnement professionnel des maîtres de stage pour cette indispensable initiation en 5e année et d'y ajouter, à l'évidence, pour les étudiants entrant en 2e année, un stage de quelques jours pour les sensibiliser à leur futur exercice.

Espérons que ces réflexions, suscitées par différentes informations et publications récentes, puissent permettre d'engager un vrai débat et éviter la parution d'un arrêté mal perçu ou difficilement applicable.