L'utilisation d'une couche de silicone de 2 mm dans l'intrados d'une prothèse complète mandibulaire améliore significativement l'efficacité masticatoire - Cahiers de Prothèse n° 137 du 01/03/2007
 

Les cahiers de prothèse n° 137 du 01/03/2007

 

SYNTHÈSES

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La conférence de consensus de Mc Gill de 2002 préconise l'utilisation de 2 implants mandibulaires pour stabiliser une prothèse adjointe complète (PAC). Malheureusement, de nombreux patients n'ont pas accès à cette option thérapeutique pour des raisons médicales ou financières. Pour certains patients avec des crêtes très résorbées, le port de PAC est douloureux lors de la mastication. Le but de cette étude est d'évaluer si l'utilisation d'une base souple en...


Pourquoi ?

La conférence de consensus de Mc Gill de 2002 préconise l'utilisation de 2 implants mandibulaires pour stabiliser une prothèse adjointe complète (PAC). Malheureusement, de nombreux patients n'ont pas accès à cette option thérapeutique pour des raisons médicales ou financières. Pour certains patients avec des crêtes très résorbées, le port de PAC est douloureux lors de la mastication. Le but de cette étude est d'évaluer si l'utilisation d'une base souple en silicone dans une PAC (SR) améliore l'efficacité masticatoire des patients par rapport à une PAC traditionnelle uniquement en résine (AR).

Comment ?

Les patients totalement édentés depuis plus de 2 ans et qui souhaitaient refaire leurs prothèses ont été inclus dans cette étude. L'étude est un essai clinique randomisé, réalisé entre février 2000 et août 2002. Chaque patient a été inclus de façon aléatoire dans un groupe et a reçu 2 jeux de prothèses maxillaire et mandibulaire. Dans un groupe, l'ordre était SR, puis AR et inversement dans le second groupe. Une attention particulière a été portée à la réalisation d'intrados de prothèses identiques pour SR ou AR. Pour les prothèses SR, une couche de 2 mm de silicone (Sofreliner MS, Tokuyama) remplace la même épaisseur de résine. La taille minimale de l'échantillon a été estimée à 23 patients. En prévision des perdus de vue, 28 patients ont été inclus dans l'étude. Les patients ont été revus tous les mois pendant 3 mois pour évaluer leurs performances masticatrices. L'efficacité masticatoire, les mouvements mandibulaires, l'activité électro-myographique et la force occlusale maximale ont été enregistrés.

Et alors ?

Sur les 28 patients inclus dans l'étude, 8 sont sortis avant la fin ; 3 autres n'ont reçu aucune prothèse et n'ont pas été comptabilisés dans les résultats. La performance masticatrice (20 cycles avec 3 g de cacahuètes) est meilleure avec AR et SR à 1, 2 et 3 mois qu'avec les anciennes prothèses. Elle est meilleure avec SR qu'avec AR de façon significative à 2 et 3 mois. Elle est constante avec AR sur les 3 mois alors qu'elle augmente avec SR sur la même période. L'activité myographique et la force occlusale maximale sont similaires dans les 2 groupes. Lors des mouvements mandibulaires, le début de la phase de fermeture est plus long pour SR que pour AR.

Le protocole est parfaitement détaillé et adapté.

L'évaluation de la satisfaction générale avec une échelle visuelle analogique, enregistrée en début d'étude, aurait dû être notée aussi en fin d'étude avec les deux types de prothèses AR et SR.

À retenir :

Bien que les implants prennent de plus en plus d'importance dans les plans de traitement des patients totalement édentés à la mandibule, nombre de nos patients sont encore porteurs de prothèses amovibles complètes à la mandibule. L'inconfort et l'inefficacité masticatoire de ce type de prothèse sont souvent les griefs énoncés par les patients. Des bases souples à l'intrados des PAC sont utilisées depuis des années et ont fait l'objet d'études sur leurs propriétés mécaniques ou biologiques, mais peu d'études se sont intéressées à leur efficacité clinique. Cette étude clinique randomisée et contrôlée sur 28 patients pendant 3 mois montre qu'une épaisseur de silicone de 2 mm dans l'intrados d'une PAC mandibulaire améliore l'efficacité masticatoire des patients.