Complications et taux de survie à plus de 3 ans des CCM et CCC unitaires - Cahiers de Prothèse n° 140 du 01/12/2007
 

Les cahiers de prothèse n° 140 du 01/12/2007

 

SYNTHÈSES

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Le développement depuis quelques années des procédures de restauration « tout céramique » (CCC) nous oblige à nous interroger sur le devenir à court ou moyen termes de ce type d'option thérapeutique. Le peu de recul clinique de certains systèmes nécessite de comparer les résultats obtenus avec ceux de ce que l'on considère comme le « gold standard » des restaurations unitaires : la couronne céramo-métallique (CCM). L'objectif de cette revue de...


Pourquoi ?

Le développement depuis quelques années des procédures de restauration « tout céramique » (CCC) nous oblige à nous interroger sur le devenir à court ou moyen termes de ce type d'option thérapeutique. Le peu de recul clinique de certains systèmes nécessite de comparer les résultats obtenus avec ceux de ce que l'on considère comme le « gold standard » des restaurations unitaires : la couronne céramo-métallique (CCM). L'objectif de cette revue de synthèse est d'évaluer le taux de survie à 5 ans des restaurations céramo-céramiques et de le comparer à celui des CCM. Une recherche bibliographique et une analyse pertinente de la littérature doivent permettre de mettre en évidence les principales complications biologiques et techniques.

Comment ?

Une recherche bibliographique a été menée sur Medline sur la période de 1966 à novembre 2006 avec des mots-clés adaptés et limités aux études humaines. Une autre recherche a été réalisée avec les mêmes mots-clés sur Dental Global Publication Research System (Dental GPRS) de 1990 à décembre 2005 pour les articles en allemand et français. Une recherche manuelle des références des articles issus de la recherche électronique a été réalisée ainsi que l'analyse des sommaires de revues pertinentes. Cette recherche n'a pas permis de trouver d'études cliniques randomisées (ECR) comparant les deux procédures. En l'absence d'ECR, les critères d'inclusion suivants ont été retenus :

- moyenne de suivi de l'étude : plus de 3 ans ;

- les patients doivent avoir été examinés lors des visites de contrôle ;

- l'étude doit comporter des détails sur le type de reconstruction ;

- au moins 90 % des restaurations doivent être sur des dents.

Sur les 3 476 articles issus de la première recherche, 86 ont été analysés complètement et seulement 34 ont été retenus pour l'étude. Les résultats de ces 34 études publiées entre 1991 et 2007 ont été extraits à des fins statistiques.

Et alors ?

Au total, 28 articles portent sur les restaurations céramo-céramiques (CCC) depuis 15 ans : 18 sont prospectives et 10 rétrospectives. Six autres études traitent des couronnes céramo-métalliques (CCM) (3 prospectives). Onze études s'intéressent à l'alumine infiltrée (In-Ceram), 8 les céramiques vitreuses (Dicor®, Cerestore®), 8 les céramiques vitreuses renforcées (Empress®) et 5 le Procera® alumine. Les taux de survie à 5 ans sont de 93,3 % (91,1-95,5 %) pour les CCC dans leur ensemble et de 95,6 % (92,4-97,5 %) pour les CCM. Les coiffes Procera® (0,74), Empress® (0,94) et In-Ceram® (1,13) présentent des taux d'échecs annuels inférieurs à ceux des céramiques vitreuses (2,67). Il n'y a pas de différence significative en termes de taux d'échecs entre les CCC et les CCM sauf pour les céramiques vitreuses qui présentent des taux d'échecs significativement supérieurs. Pour les 4 types de CCC, il existe des taux d'échecs plus élevés en postérieur (PM et M). Cette différence est significative avec les céramiques vitreuses. Les complications biologiques principales sont la perte de vitalité pulpaire (2,1 % après 5 ans pour les CCC et les CCM). Viennent ensuite les reprises de carie que l'on observe pour 1,8 % des CCC et 3,2 % des CCM après 5 ans. La complication technique principale est, pour les CCC, la fracture d'infrastructure (taux annuel 1,17) qui représente 85 % des échecs de CCC. Viennent ensuite la fracture de cosmétique (1,2 % à 5 ans pour les CCC et 0,4 % pour les CCM). La perte de rétention est observée dans 2,8 % des cas à 5 ans pour les CCC et 0,7 % pour les CCM. La perte de céramique en proximal (chipping) est plus fréquente avec les CCM (5,7 % contre 3,7 % à 5 ans pour les CCC).

La méthodologie est parfaitement décrite. Une réserve toutefois : le système Dental GPRS est peu accessible.

En zone antérieure, les CCC présentent des taux de survie équivalents, à 5 ans, aux CCM. En zone prémolaire et molaire, les taux de survie du groupe In-Ceram® alumine et Dicor®, Cerestore® sont significativement inférieurs à ceux du groupe CCM. Les groupes Procera® et Empress® ont des résultats similaires à ceux des CCM, en postérieur.

À retenir :

L'utilisation de plus en plus fréquente des procédés de restauration « tout céramique » et l'apparition en continue de nouvelles céramiques, coulées ou usinées doivent nous inciter à rechercher des preuves de l'efficacité dans le temps des produits proposés. Cette revue de synthèse s'intéresse aux restaurations unitaires suivies sur une période minimale de 3 ans. Sur les 3 473 citations issues de la recherche informatique menée sur Medline et Dental GPRS, seuls 34 articles ont été retenus pour analyse. Aucun essai clinique randomisé n'est disponible. Vingt et une étude sont prospectives et 14 rétrospectives. Le taux de survie moyen des CCC est de 93,3 % (CI : 91,1-95,5 %) à 5 ans contre 95,6 % (CI : 92,4-97,5 %) pour les CCM. Les CCC réalisées par la technique Procera® présentent un taux de survie à 5 ans de 96,4 %, suivies par Empress® (95,4 %) et In-Ceram® (94,5 %). Les céramiques vitreuses ont le taux le plus bas avec 87,5 %. En postérieur, les taux de survie sont plus bas pour les CCC que pour les CCM. La différence est statistiquement significative pour les céramiques vitreuses : 84,4 % (Dicor® et Cerestore®) et pour l'In-Ceram alumine (90,4 %).

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