Mouvements occlusaux observés après la perte d'une dent postérieure chez l'adulte: les différents types d'égression - Cahiers de Prothèse n° 140 du 01/12/2007
 

Les cahiers de prothèse n° 140 du 01/12/2007

 

REVUE DE PRESSE

Résumé par Caroline Floris   

L'une des difficultés majeure rencontrée lors de restaurations complexes est la gestion des égressions. Le mécanisme biologique de ce mouvement n'est pas encore bien connu.

Selon une précédente étude réalisée en 2004 par Craddock et al., 83 % des dents postérieures sans antagoniste montrent des signes d'égression : 32 % des dents concernées présentent une égression de 2 mm, 6,7 % de 3 mm et 1 % de plus de 5 mm.

Peu d'études cependant ont étudié les...


L'une des difficultés majeure rencontrée lors de restaurations complexes est la gestion des égressions. Le mécanisme biologique de ce mouvement n'est pas encore bien connu.

Selon une précédente étude réalisée en 2004 par Craddock et al., 83 % des dents postérieures sans antagoniste montrent des signes d'égression : 32 % des dents concernées présentent une égression de 2 mm, 6,7 % de 3 mm et 1 % de plus de 5 mm.

Peu d'études cependant ont étudié les différents processus d'éruption passive pouvant intervenir.

Objectifs

Les auteurs cherchent, dans cet article, à connaître les différents types de mouvements dentaires intervenant plus de 5 ans après l'extraction d'une dent antagoniste.

Méthodologie

Cette étude est réalisée à partir de modèles d'étude en plâtre de 100 patients présentant au moins une dent postérieure sans antagoniste comparés à 100 modèles de patients témoins (même répartition des deux populations en termes d'âge et de sexe). L'âge moyen des populations étudiées est de 50 ans.

Sont considérées comme « postérieures » toutes dents à partir de la première prémolaire et comme « sans antagoniste » toutes dents dont moins de 20 % de la face occlusale est en contact avec une dent antagoniste en ICM.

Les patients inclus dans l'étude ont tous plus de 18 ans et un édentement antérieur à 5 ans minimum.

Pour chaque modèle, sont évalués : le surplomb, l'éventuelle béance, l'encombrement et la classe d'angle.

L'égression éventuelle est notée par un « dépassement » de la couronne dentaire de la courbe occlusale déterminée sur le modèle. Les auteurs déterminent cette courbe en passant par les pointes cuspidiennes des dents fonctionnelles et évaluent aussi la position du parodonte de la dent étudiée.

Résultats

Au total, 92 % des dents du groupe test présentent une égression :

- de plus de 1 mm sur 68 % des modèles ;

- de plus de 2 mm sur 27 % des modèles.

Pour le groupe témoin, 33 % présentent des égressions de degré variable : 8 % présentent une égression de 1 mm. Aucune dent de ce groupe ne présente une égression supérieure à 2 mm.

L'égression moyenne du groupe test est de 1,68 mm (SD : 0,79, range 0-3,99) et de 0,24 pour le groupe témoin (SD : 0,39, range 0-1,46). On note une différence significative entre ces deux groupes. De plus, les auteurs montrent que ce phénomène d'égression est plus important lorsque la dent sans antagoniste est maxillaire. En revanche, l'égression des prémolaires et molaires est comparable.

Les auteurs distinguent 3 types de mécanisme d'égression :

• l'éruption active (la dent égresse sans son support parodontal, on constate cliniquement une perte d'attache), phénomène le plus fréquemment rencontré (62 % des cas) ;

• L'égression parodontale : le procès alvéolaire ainsi que la muqueuse évoluent avec la dent (44 % des cas). Ce type de mouvements est retrouvé chez les patients jeunes, plus fréquemment au maxillaire (certainement grâce à un os plus trabéculaire et donc mieux vascularisé), au niveau des prémolaires et chez les femmes.

• « Relative wear » ou usure relative des dents fonctionnelles : la légère égression de la couronne dentaire de la dent étudiée est due à l'usure des dents en fonction (27 % des cas). Ce mouvement est retrouvé chez les patients âgés et au niveau des dents mandibulaires face à un édentement non compensé.

Le développement de chaque type d'égression dépend de l'âge du patient, de l'arcade concernée et de l'état du support parodontal.

On note que 33 % du groupe témoin présente des égressions de degré variable. Ces égressions peuvent être dues à une compensation tardive d'un ancien édentement. Une des limites de cette étude est qu'aucune relation de cause à effet n'est recherchée. De plus, une étude prospective sur 5 à 10 ans permettrait de savoir quand ces égressions se produisent et dans quels cas il est nécessaire de compenser l'édentement.

Il serait aussi intéressant de connaître l'âge des patients lors de l'extraction.

Conclusion

Les auteurs ont mis en évidence trois types d'égression qui se manifestent différemment en fonction de l'âge du patient, de son sexe et de l'arcade concernée. On distingue :

- l'éruption active ;

- l'égression parodontale ;

- l'usure relative des dents fonctionnelles. 

Il est important de constater que 92 % des dents sans antagoniste sont susceptibles de modifier la courbe occlusale. Il paraît donc nécessaire de prévenir ces égressions par un remplacement, même provisoire, afin d'éviter un plan de traitement plus complexe à long terme.

En effet, le degré d'égression influence la faisabilité d'un traitement de restauration fonctionnelle. Lorsque l'égression est supérieure à 4 mm, sa compensation par simple restauration paraît insuffisante et d'autres moyens plus coûteux (en termes de temps, d'argent et biologiquement) doivent être mis en oeuvre : traction orhodontique, aménagement parodontal...