Peut-on restaurer des molaires traitées endodontiquement sans teno radiculaire ? - Cahiers de Prothèse n° 140 du 01/12/2007
 

Les cahiers de prothèse n° 140 du 01/12/2007

 

REVUE DE PRESSE

Résumé par Olivier Étienne et Jean-Claude Schoeffler   

Objectifs

L'auteur tente de déterminer l'influence du tenon radiculaire sur la résistance à la fracture des molaires mandibulaires présentant une perte de substance et traitées endodontiquement.

Méthodologie

L'étude est menée sur 96 molaires mandibulaires humaines, non délabrées, stockées immédiatement après leur avulsion dans une solution de thymol à 10 %. Un traitement radiculaire avec préparation jusqu'au diamètre ISO 60 est réalisé sur...


Objectifs

L'auteur tente de déterminer l'influence du tenon radiculaire sur la résistance à la fracture des molaires mandibulaires présentant une perte de substance et traitées endodontiquement.

Méthodologie

L'étude est menée sur 96 molaires mandibulaires humaines, non délabrées, stockées immédiatement après leur avulsion dans une solution de thymol à 10 %. Un traitement radiculaire avec préparation jusqu'au diamètre ISO 60 est réalisé sur l'ensemble des dents. Puis, une perte de substance occluso-distale standardisée est réalisée sur toutes les dents. Les dents sont réparties en 6 groupes de 16 dents, de façon aléatoire. Dans le groupe 1, les dents sont restaurées à l'aide d'un tenon en dioxyde de zirconium (ZrO2) et d'une obturation en composite. Dans le groupe 2 sont associés des tenons en dioxyde de zirconium, une restauration partielle en composite et un inlay en céramique. Dans le groupe 3, un tenon en titane, une restauration en composite et une couronne métallique partielle sont combinées. Les groupes 4 à 6 sont respectivement identiques aux groupes 1 à 3, mais sans les tenons correspondants. Après vieillissement in vitro, de 1,2 millions de cycles masticatoires d'une charge de 49 N à 1,4 HZ de fréquence associé à une variation thermique concomitante de 5 à 55 °C, l'ensemble des dents est soumis à une charge statique croissante afin de déterminer leur résistance à la fracture.

Résultats

Durant la simulation des cycles masticatoires, aucune fracture n'est observée. Lors des tests de charge statique pour les groupes 3 et 6 (couronne métallique partielle avec ou sans tenon), l'expérience est arrêtée à 8900 N, limite de la machine, sans obtenir de fracture. Pour les autres groupes, la fracture intervient entre 2096 et 2315 N. L'expérience montre une différence statistiquement significative entre les restaurations partielles métalliques et les restaurations en composite ou en céramique. En revanche, pour la variable tenon, il n'existe pas de différence statistique significative entre les groupes respectifs.

Discussion

Les échantillons de la présente étude sont soumis à 1 200 000 cycles de 49 N correspondant à un vieillissement artificiel de 5 ans. Néanmoins, une restauration prothétique doit également répondre aux forces maximales masticatoires qui, selon un certain nombre d'études cliniques, peuvent atteindre 1080 N. Dans la présente étude, l'ensemble des échantillons présente des fractures à des valeurs supérieures à cette dernière et devrait de ce fait résister aux charges occlusales de la cavité buccale. Le collage des tenons accroît non seulement la résistance aux forces de traction, mais limite également le risque de fracture et devrait être privilégié par rapport à un scellement conventionnel. La résistance à la fracture est essentiellement dépendante de la quantité de substance résiduelle et la règle de base est de préserver autant de structure que possible. Pour les molaires traitées endodontiquement, avec une perte de substance intéressant 2 faces, la présente étude montre que l'emploi d'un tenon ne s'impose pas systématiquement et qu'une restauration adhésive sans tenon protège suffisamment du risque de fracture. Cependant, la validation par une étude clinique est nécessaire pour confirmer ces résultats obtenus au laboratoire.

Conclusion

Les molaires traitées endodontiquement, avec une perte de substance intéressant 2 faces ne nécessitent pas la mise en place systématique d'un tenon radiculaire pour limiter le risque de fracture. Les propriétés de renforcement de la dent que l'on décrit pour les restaurations directes ou indirectes collées à nouveau in vitro dans cette étude.